Argumentaire sur la réforme du lycée

A la fin de l’année dernière, Darcos a annoncé un projet de réforme du lycée. Les objectifs affichés par le gouvernement étaient de donner plus d’autonomie aux élèves et aux établissements pour leur permettre de faire leurs propres choix d’études, leur permettre de mieux s’adapter ensuite à l’enseignement supérieur. Mais loin des objectifs affichés cette réforme est un moyen supplémentaire pour réduire les budgets de l’éducation, faire rentrer des fonds privés et elle s’inscrit dans la logique d’individualisation des parcours de formation et de déqualification des diplômes déjà engagés dans l’enseignement supérieur.

Vers une individualisation des parcours de formation

Le cœur de la réforme est la volonté de supprimer la division en filières (L, ES, S, STT,…). Cette division en filière serait remplacée par un système de modules : un module d’enseignements généraux (un socle commun avec les maths, le français, l’histoire-géo…), un module d’exploration/spécialisation et un module d’approfondissement. Dans les modules d’exploration et d’approfondissement, les élèves choisiraient les matières qu’ils souhaitent étudier et présenter au bac.
De fait, de plus en plus les élèves passeront un bac à la carte. Le contenu du bac ne sera pas le même en fonction des matières choisies. Même si Darcos crie sur tous les toits que sa réforme ne touche pas au bac national, d’un lycéen à l’autre le bac n’aura plus le même contenu et donc plus la même valeur !
Le risque, bien évidemment, c’est qu’en arrivant dans l’enseignement supérieur ou sur le marché du travail, ton bac ne soit pas reconnu au même niveau en fonction des modules que tu auras choisi ou même en fonction du lycée dont tu viendras. Le choix des modules sera forcément différent d’un lycée à l’autre. Dans les lycées pour les riches, il y aura du théâtre, arts plastiques, latin et grec. Mais dans les lycées de banlieues, c’est sûr que le choix sera plus restreint.
Cette individualisation des parcours de formation s’inscrit dans la logique des réformes des universités passées ces dernières années. La réforme LMD donnait à chaque fac la possibilité d’élaborer son propre diplôme. D’une université à l’autre les diplômes n’ont plus le même contenu et plus la même valeur. Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, les étudiants n’ont plus de réelles garanties collectives et se retrouvent à négocier individuellement leur salaire et leurs conditions de travail. Cette individualisation des formations ne profite qu’aux patrons, ils peuvent ainsi mettre en concurrence les salariés entre eux, les obliger à accepter des conditions de travail toujours plus dégradées.

Toujours moins d’argent pour l’éducation

L’objectif de cette réforme, pour le gouvernement, est aussi des faire des économies. Initialement la réforme prévoyait une diminution des heures de cours hebdomadaires. Bien évidemment, Darcos se rend compte que le lycée ne peux pas fonctionner comme avant avec 80 000 postes de profs en moins. Qu’à cela ne tienne. On fera moins de cours répond le gouvernement. Les conséquences sur les élèves seront des études de moins bonnes qualités. Avec moins d’heures de cours, on apprend moins de choses.
Et bien sûr, cette mesure entraînera encore une augmentation des inégalités entre les lycéens qui auront les moyens de se payer des cours privés pour rattraper ce qui n’est pas enseigné au lycée et ceux qui n’en auront pas les moyens. Cette conséquence est tellement visible par tous que, Darcos lui-même, est obligé d’annoncer 3 heures hebdomadaires de soutien. Il supprime des cours, mais rajoute du soutien, quelle logique ! Bien sûr il ne dit pas par qui sera assuré ce soutien. Peut-être comme dans à l’école primaire, par les profs en heures supplémentaires ? Devant le tolé que risque de prendre cette mesure,Darcos fait mine de reculé, puisque dans ces dernières déclarations il annonçait 30 heures de cours hebdomadaires.

Vers un financement privé

La réforme du lycée prévoit aussi une modification du mode de financement des lycées. Le financement public sera fixé en fonction « des résultats et des potentialités de chaque lycée et en fonction de l’origine sociale de son public ». On s’engage clairement vers un financement au mérite et donc une augmentation des inégalités entre les établissements. Tous n’auront pas les mêmes moyens, tous n’auront pas la même possibilité d’ouvrir des options …
Mais en plus en plus, la réforme indique clairement qu’une partie de l’argent des établissements sera fournie par les ressources liées aux projets des établissements. C’est un encouragement à des partenariats publics/privés pour financer les lycées. Les conséquences, on les connaît : un contrôle des entreprises privées sur le contenu même des enseignements, un choix d’options non en fonction des besoins des élèves mais en fonction de ce qui rentable.

4-Le calendrier de la réforme :

2009-2010 : nouvelle seconde, c’est-à-dire à la rentrée prochaine
2010-2011 : nouvelle première
2011-2012 : nouvelle terminale
juin 2012 : nouveaux baccalauréat

C’est cette année que nous devons nous mobiliser si nous voulons stopper cette réforme !

5- Nos revendications

Évidemment, il existerait beaucoup à demander. Par ailleurs, il existe des revendications locales, notamment en termes de démocratie et de libertés.
Mais il s’agit de trouver une plate-forme compréhensible, que l’on peut proposer dans tous les lycées. Une plate-forme pour un mouvement qui ne s’arrêterait pas tant qu’elles n’auraient pas été satisfaites.
Bien sûr, si Darcos fait passer une loi très prochainement, la revendication principale sera le retrait, puis (si nécessaire) l’abrogation.

Quatre revendications :

  • Des moyens pour l’Éducation, aucune suppression de poste !
  • Pas d’autonomie financière, pas de concurrence, non à la réforme Darcos !
  • Maintien d’un bac national, des diplômes égaux et reconnus !
  • Arrêt des bacs pro en 3 ans, maintien de tous les BEP !

Les annonces de Darcos sur la réforme du lycée à consulter sur : education.gouv.fr

P.-S.

-> Le 4 pages à distribuer