La réforme du lycée arrive… Tous dans la rue !

Si le gouvernement est bon pour quelque chose, c’est pour faire traîner les affaires. Voilà presque un an que Darcos a reporté sa réforme et bientôt deux mois que Sarkozy a annoncé le nouveau projet. Et c’est seulement jeudi 10 décembre que le texte est présenté au Conseil supérieur de l’Éducation.

Un an pour prendre le temps de discuter avec tout le monde et faire la meilleure réforme possible ? C’est ce que raconte le gouvernement. Mais partout, une revendication revient systématiquement : pas de réforme tant qu’on supprimera des postes et qu’on baissera les moyens !

Sarkozy s’en moque… Tout comme des revendications de l’année dernière, le maintien du bac national et des diplômes de qualité, le rétablissement des BEP et des bac pro 4 ans… Les rapports qui sont sortis à la fin de l’année dernière, après les pseudo consultations, allaient dans le même sens : des diplômes au rabais garantissant moins de débouchés et de droits dans le monde du travail.

Cette tactique sert à désamorcer les luttes. Le gouvernement reporte, fait mine de reculer sur un point pour avancer sur un autre, fait semblant d’écouter les syndicats pour leur faire signer des accords et faire croire que tout va bien. La plupart sont tombés dans ce panneau. Aujourd’hui, les syndicats continuent de demander plus de moyens et l’arrêt des suppressions de postes, mais ils ne disent rien des attaques contre le bac national et l’égalité sur le territoire, sur la mise en concurrence des élèves et des bahuts…

Le Conseil supérieur de l’Éducation votera sûrement contre le projet de loi, comme il l’avait fait sur les attaques des dernières années. Chatel s’en fiche, le CSE n’est que consultatif. Il passera en force en acceptant éventuellement quelques modifications superficielles. Mais il espère que les discussions dureront jusqu’aux vacances de décembre, afin d’essouffler la mobilisation des lycées. Il continuera peut-être même de négocier en janvier, de façon à ce que les syndicats n’appellent pas à manifester. Puis il fera voter la loi en disant qu’il est trop tard pour se mobiliser. Certains syndicats, ne voulant pas perdre la face, diront que ce n’est pas très grave, que grâce à eux le pire a été évité… Nous pouvons éviter ce scénario ! Il faut continuer à se bouger jusqu’aux vacances. Dès la sortie du projet de loi, il fait se réunir pour l’analyser. Il faut continuer à porter nos revendications et affirmer qu’en 2010 nous resterons mobilisés pour dire :

Non aux livrets de compétences et aux épreuves « en cours de formation » : les mêmes épreuves et le même bac pour tous !

Des diplômes nationaux et de qualité, non à la baisse des contenus, rétablissement des BEP et bac pro 4 ans !

Arrêt des suppressions de postes ! Embauche des personnels nécessaires, des moyens à la hauteur des besoins !

Droit de grève, banalisation des cours les jours de manif !

Non aux flics sur les lycées ! Non aux brigades d’intervention, à la vidéosurveillance et aux détecteurs de métaux !

Echos des mobilisations du 3 décembre

Loudéac (22) : 300 en manif. Blocage filtrant à Fulgence-Bienvenüe.

Le Mans (72) : 500 en manif. 1 lycée bloqué. AG à 70 après la manif.

Nantes (44) : 400 en manif ; appel à manifester mardi 8 et jeudi 10. Des AG ont lieu tous les jours.

Nîmes (30) : 300 en manif ; mouvement s’étend à Uzès.

Ile-de-France : 200 en rassemblement devant le ministère ; appel à une AG le 11 pour analyser la réforme. Nouvelle date de mobilisation le 15 décembre.

Rennes (35) : 2 lycées bloqués ; plus d’une dizaine de lycées mobilisés. 1000 en manif. L’AG inter lycées appelle à une manif le 10 décembre, jour de la présentation du projet de réforme par Chatel au Conseil supérieur de l’Éducation, et le 15 décembre, en même temps que les profs et les étudiants.

Rouen (76) : une coordination s’est tenue avec des représentants de 9 bahuts. Les lycéens préparent la date du 15 décembre.

Saint-Lô (50) : petite mobilisation à l’appel du Syndicat général des lycéens (SGL)

Toulouse (31) : 3 lycées bloqués. Des débrayages. 500 en manif, très majoritairement venus de 4 bahuts. Une Coordination lycéenne prévue pour le week-end. Prochaine manifestation appelée mardi 8 décembre. Volonté de se mettre en lien avec les profs, pour les entraîner et contrer la répression administrative.

Lycéens, étudiants et enseignants, le 15 décembre : Tous en grève !

16 organisations syndicales appellent à une journée de mobilisation le 15 décembre contre la réforme du concours de recrutement des enseignants.

Jusqu’à l’année dernière, pour devenir prof, il fallait avoir une licence (bac +3), passer le concours (préparé en un an) et si on était admis, on avait un an de formation avec des stages rémunérés et des cours dans les « Instituts universitaires de formation des maîtres » (IUFM). A partir de l’année prochaine, il faudra avoir un master 2 (bac +5) pour passer le concours, puis on commencera à enseigner sans formation. On pourra faire un master 2 de formation à l’enseignement. Mais l’année d’études ne sera pas rémunérée. Et il faudra à la fois faire ses stages, bosser ses cours, rendre un mémoire et préparer le concours… Ce qui est impossible pour ceux qui doivent travailler pour payer leurs études.

Ceux qui rateront le concours – il y en aura beaucoup – pourront être recrutés dans l’Éducation, mais avec des contrats à durée déterminée. Ils ne seront pas fonctionnaires, pourront se faire virer d’une année sur l’autre…

Cette attaque nous concerne à double titre. D’abord, elle va de paire avec les suppressions de postes qui pourrissent nos conditions d’études. Et elle annonce un changement pour l’ensemble des professions, pas seulement prof : désormais, pour s’en sortir, il faudra un bac+5. Avec la réforme Chatel, moins de bacheliers feront des études longues.

Le lycée nous prépare bel et bien à l’avenir : on y apprend à galérer… Ou à se battre !

Compte rendu de l’AG des lycéens mobilisés d’Ile-de-France

Après la manifestation du 3 décembre, une Assemblée Générale des lycéens mobilisés de la région parisienne s’est tenue afin de tirer les bilans de la journée et de donner des suites au mouvement car une seule journée de mobilisation ne suffira pas à faire plier le gouvernement. Cette AG regroupait 66 lycéens de 13 lycées différents. Après un tour des lycées et une analyse collective de la réforme, les lycéens ont adopté une plateforme de revendications puis ils ont voté la tenu d’Assemblées Générales dans les lycées et une journée de mobilisation le 15 décembre. Pour que les lycéens se coordonnent mieux, il serait envisageable de tenir une AG inter-lycées dans laquelle se réuniraient des lycéens mandatés par les AG locales.