Le Poing Levé – n°13 – 14 décembre 2009 – CONTRE LA RÉFORME CHATEL… Pas de trêve de Noël !

CONTRE LA RÉFORME CHATEL… Pas de trêve de Noël !

Jeudi 10, Chatel a présenté sa réforme. Ce n’est pas une loi, mais une série de décrets, arrêtés et réécritures de textes. Il voulait que sa politique passe comme une lettre à la poste… Raté ! C’est la disparition de l’histoire-géo en terminale S qui cristallise les oppositions. Mais au-delà de cette mesure, c’est toute sa réforme qu’il faut mettre à la poubelle !

Les lycéens s’en sont bien rendu compte : le gouvernement pourrit notre avenir. Son plan c’est de faire de nous des précaires, avec des diplômes qui ne nous permettent pas de revendiquer des droits sur le marché du travail. Ca veut dire l’impossibilité de choisir nos études, d’avoir des diplômes nationaux, d’aller aussi loin qu’on le voudrait…

Depuis des années, la droite essaie de faire passer ce plan par divers biais. Mais l’Éducation est sa cible préférée. S’attaquer aux jeunes maintenant, c’est s’attaquer aux futurs travailleurs à long terme. L’an dernier, nous avons fait reculer Darcos et sa réforme. Mais Chatel est arrivé pour finir son travail. A nous de finir le nôtre en lui mettant un coup d’arrêt ! Le mouvement est sur une pente ascendante, chaque semaine nous sommes plus nombreux à nous battre, dans plus de villes, plus de bahuts… Et ce ne sont pas les vacances qui nous arrêteront ! Dès la rentrée de janvier, il faudra continuer à nous réunir, à débattre, à analyser la réforme Chatel et à nous mobiliser. En 2010 comme en 2009, nous dirons non à la casse de notre avenir !

Non aux livrets de compétences et à l’individualisation : les mêmes épreuves et le même bac pour tous !

Des diplômes nationaux et de qualité, non à la baisse des contenus et à la suppressions des matières ; rétablissement des BEP et bac pro 4 ans !Arrêt des suppressions de postes !

Embauche des personnels nécessaires, des moyens à la hauteur des besoins !

Droit de grève, banalisation des cours les jours de manif !

Non aux flics sur les lycées ! Non aux brigades d’intervention, à la vidéosurveillance et aux détecteurs de métaux !

LA RÉFORME CHATEL, ÇA VA ÊTRE QUOI ?

Jeudi 10 décembre, Chatel a présenté ses mesures concernant les nouvelles orientations du gouvernement sur les lycées. Suite aux annonces de Sarkozy dès septembre sur les lycées, nous avions déjà compris que ça sentait mauvais, et aujourd’hui, ça se confirme : orientation, sélection, casse du bac et renforcement des inégalités… Tout y est pour organiser la casse du service public d’éducation et faire de nous, des futurs travailleurs ultra-précaires sur le marché du travail.

Mieux orienter ou comment mieux faire le tri ?

Désormais, on pourra passer de filières générales aux filières technologiques et de filières techno aux filières pro en un clin d’œil… Mais attention, l’inverse ne sera pas possible ! Une meilleure orientation commence donc pour le gouvernement par la mise en place de passerelles à sens unique. On sait tous que les filières pro et technologiques sont des filières donnant accès à des diplômes qui donnent moins de garantie sur le marché du travail et qui sont ultra-spécialisés.

L’individualisation des parcours, piege a con !

En plus d’un tronc commun ultra-spécialisé selon les filières après la seconde (pas de maths en littéraires, pas d’histoire-géo en terminale en scientifique), deux heures d’accompagnement seront obligatoires dès la seconde. Elles permettront soit de faire du soutien scolaire, de la remise à niveau soit, d’approfondir. Dans cette logique d’individualisation des cursus, avec cette distinction des missions fixées pour ces deux heures, on entérine les inégalités !

L’instauration d’un livret de compétences va dans le même sens. Ce livret pourra contenir toute une série d’informations sur l’élève afin de compléter son dossier. Bienvenue dans le monde des lycées prison ! Avec le livret de compétences, on pourra parfaitement tenir à jour une sorte de casier judiciaire… Absences, engagements politiques et syndicaux ou bien des « bonus » pour booster son dossier. Encore une fois, le gouvernement cherche à individualiser davantage les parcours et les profils. On par donc ensuite avec des chances différentes et la logique du mérite est au centre de ces mesures.

En construisant des « parcours avec coloration », L, ES, S, avec seulement 15h de tronc commun, chacun composera son petit menu avec des options ce qui brise totalement la notion de groupe classe solidaire, parfois déterminant pour homogénéiser un groupe et avoir des repères. Par exemple, en supprimant l’histoire-géo en terminale S, les programmes ne seront plus les mêmes en fonction des filières, on casse les programmes nationaux. Ils s’attaquent donc à la valeur nationale du diplôme du bac car, en individualisant, chaque diplôme aura une valeur différente selon son contenu et ce qu’il y aura inscrit en plus dans le livret de compétences. C’est l’attaque fondamentale de ces mesures.

Enfin, en invoquant une meilleure préparation à l’enseignement supérieur, ils veulent nous enfermer dans des spécialités à partir du lycée et pour tout le reste de nos études, avec la mise en place en terminale de spécialités. Par exemple, L spécialité « droit » en terminale pour aller en droit à l’université.

Le renforcement de la concurrence entre les lycées

Chaque lycée pourra organiser ses heures, ses demi-groupes… Mais aussi son projet d’établissement et son offre de formation. En donnant une plus grande autonomie des lycées sur ces domaines, on entérine les inégalités entre les établissements en fonction de leurs moyens, de leur offre de formation et de leur prestige. Cela valide la logique du développement de lycées d’élite et de lycées poubelle.

GRÈCE : UN ANNIVERSAIRE ENRAGÉ…

Le 6 décembre 2008 à Athènes, Alexis Grigoropoulos, 15 ans, à été assassiné par un policier. Cet événement à mis le feu aux poudres. Le mouvement de la jeunesse grecque, qui luttait contre les reformes néolibérales que le gouvernement conservateurs tentait d’imposer, à repris de plus belle. Plusieurs milliers de personnes ont défilé les jours suivants, quotidiennement pour sa mémoire et lutter contre l’ordre policier, contre la marchandisation de l’éducation qui sévit en Grèce mais aussi dans toute l’Europe. La semaine suivante, on a pu estimer à au moins 400 les collèges et les lycées occupés, et à au moins une centaine les département universitaire.

La révolte de la « génération des 600 euros » n’est pas finie. Les jeunes se sont rassemblés, le 6 décembre 2009 pour se rappeler de Alexis. 5000 manifestants ont défilés dans les rues d’Athènes, « Tout le monde dans les rues, pas aux balcons » et « Policiers, cochons, meurtriers ! » scandait la foule. Les rues était cadriées par près de 6000 policiers, afin d’essayer de contenir la révolte d’une jeunesse dont l’avenir n’a jamais été aussi sombre. Des pierres et des cocktails molotov ont été lancés, des manifestants et des policiers ont été blessés, on compte 858 « détentions » et 177 « arrestations » dans tout le pays. Le mouvement de la jeunesse n’est pas mort. Dans toutes l’Europe suivons l’exemple de la Grèce !

ÉCHOS DES MOBILISATIONS DANS LES LYCÉES

Plusieurs dizaines de lycées étaient bloqués ou perturbés et plus de 7000 lycéens ont manifesté jeudi 10 décembre dans toute la France contre la réforme Chatel présentée au Conseil supérieur de l’Éducation ce jour. Loin de faiblir, la mobilisation s’amplifie un peu partout.

Agen (47) : rendez-vous lycéen pour préparer la mobilisation du 15 décembre

Aix-Marseille (13) : une coordination lycéenne existe. Elle regroupe 7 lycées et intervient sur près d’une quinzaine. Le 24 novembre, un cortège de 300 lycéens était présent à la manifestation. La coordination lycéenne prépare la journée de mobilisation du 15 décembre

Anglet (64) : le lycée Cantau était bloqué mardi 8 décembre ; lycée à nouveau bloqué jeudi 10 pour participer à la journée nationale de mobilisation

Bayonne (64) : le Lycée Etxepare était bloqué mardi 8. Les lycéens de Louis de Foix se sont également mobilisés mardi. 2 000 lycéens ont manifesté le 10 décembre

Biarritz (64) : le lycée Malraux bloqué le 8 décembre

Bordeaux (33) : une AG s’est tenue le 8 au Lycée Iris. Elle a rassemblé 150 lycéens et appelle à la mobilisation dès la reprise de janvier

Le Mans (72) : lundi 7 décembre : AG à 150 au lycée Malraux ; des AG se sont tenues dans tous les lycées de la ville le 8. Manif le 10 avec entre 700 et 800 lycéens

Lille (59) : un lycée bloqué lundi 7, 5 lycées bloqués mardi 8 et une manif à 500 lycéens de 7 lycées. Mercredi 9, 4 lycées bloqués. Jeudi 10, 8 lycées bloqués, manif à 1500. Une AG inter-lycées s’est réunie après la manifestation regroupant une trentaine de lycéens de 6 lycées. Un tract commun va être préparé pour appeler à manifester le 15 décembre et au blocage de tous les bahuts

Limoges (87) : manif commune prévue avec les profs mardi 15

Nantes : mardi 8, 2 lycées ont été bloqués et une manifestation a rassemblé environ 200 lycéens ; manifestation le 10 avec près de 200 lycéens

Nancy : deux lycées bloqués le 10. Une manifestation a ensuite rassemblé 500 lycéens

Nîmes : le lycée Ernest Hemingway a été bloqué mardi 8 jusqu’à 11h, le blocage ayant cédé après l’intervention des forces policières. Un lycée bloqué le 10

Oloron (64) : le lycée pro Guynemer était bloqué jeudi 10 décembre

Orthez (64) : le lycée Gaston Fébus est bloqué depuis jeudi

Reims (51) : des noyaux militants commencent à se constituer dans les différents lycées. Un rendez vous inter-lycées est prévu pour organiser les AG et la mobilisation pour mardi 15

Rennes (35) : 400 en manif le 10

Saint-Jean-de-Luz (64) : un Lycée bloqué le 10

Saint-Nazaire (44) : une AG a rassemblé 150 lycéens le 10 et a appelé au blocage du lycée de vendredi à mardi 15 décembre dans la perspective de la manifestation

Salon-de-Provence (13) : deux lycées bloqués le 8 décembre et une manifestation qui a rassemblé 400 lycéens

Talence (33) : mobilisation au lycée Kastler et au lycée Victor Louis. 150 lycéens ont manifesté le 8

Toulouse (31) : manif le 8 décembre à 300 personnes ; 4 Lycées étaient bloqués mardi matin et plusieurs débrayages ont eu lieu. Près de 400 lycéens ont manifesté le 10

Viré (14) : blocage du lycée Marie Curie ont voté de mardi à jeudi ; seuls les cours de BTS sont assurés

Région parisienne : jeudi 10 décembre, près de 1500 lycéens ont manifesté ce Jeudi à Paris. Étaient au moins présents les lycées Lamartine (75), Jules Ferry (75), Racine (75), Turgot (75), Voltaire (75), Chaptal (75), Paul Valéry (75), Buffon (75), Hélène Boucher (75), Paul Lapie (92), Léonard de Vinci (92), Albert Camus (92), Suger (93), Paul Eluard (93), Collège Politzer (93), Ionesco (92), Jacques Decour (75), Maximilien Vox (75), Montaigne (75), Monet (75), Dorian (75), François Villon (75), Fénelon (75), Lavoisier (75), Sophie Germain (75)… Une AG inter-lycée a réuni 17 bahuts vendredi 11