La classe ouvrière a disparu… Flute le pays ne tourne plus ?

Depuis des années, les gouvernements, les politiciens professionnels, la bourgeoisie, les patrons, les médias… essaient de nous expliquer une chose simple : la classe ouvrière n’existe plus. Pourtant on est entrain de nous expliquer aujourd’hui que des personnes bloquent ce pays, des syndiqués enfin plutôt des salariés ! Ceux qui bloquent ce pays sont ceux qui le font tourner, ceux qui soit disant avaient disparus, ce spectre pour la bourgeoisie qui revient au devant de la scène : la classe ouvrière !

Non la classe ouvrière n’a pas disparu…

Contrairement à une opinion répandue, le nombre d’ouvriers n’a pas considérablement baissé entre 1962 et 2002. Les ouvriers étaient 7,4 millions en 1962. Ils ont atteint les 8 millions en 1975. Ils sont aujourd’hui, selon les derniers résultats des enquêtes de l’INSEE, 7 millions. Au total, une érosion d’un million sur les 25 dernières années : de quoi tordre le cou à une prétendue disparition. Bien entendu, certains secteurs ont été fortement touchés : le textile (70 000 salariés aujourd’hui contre 300 000 dans les années 70), l’automobile (-130 000 emplois depuis 1975), les équipements mécaniques (- 150 000) et l’énergie, à cause de la fermeture des mines (- 100 000).
Dans le même temps, les employés, qui étaient 3,6 millions en 1962, sont aujourd’hui 7,8 millions. Cela ne se traduit pas pour autant par des emplois de qualité. Par exemple, la grande distribution, qui employait moins de 200 000 personnes en 1961, en emploie aujourd’hui 870 000. Or, la majorité des emplois dans ce secteur sont à temps partiel, précaires et mal rémunérés. De plus, un certain nombre d’emplois du secteur secondaire ont été reclassés dans le tertiaire. Par exemple, les activités d’entretien et de nettoyage dans l’industrie, qui relevaient du secondaire, ont été systématiquement externalisés. Classés dans les « services aux entreprises », ils sont aujourd’hui comptabilisés comme des emplois tertiaires.

Pourtant le fait de travailler à la chaîne peu importe sa tâche, de devoir vendre sa force de travail pour subsister et le fait de produire est belle et bien fait par des ouvriers. Cette situation existe à PSA, Renault…Mais aussi dans des entreprises que l’on qualifie de « service » employant des cadres comme à Thalès où la plus part des ingénieurs ont comme tâche de produire sur des chaines avec des mouvement chronométrés… La classe ouvrière n’a donc pas disparu mais on veut juste la faire disparaître.

…Bien au contraire

Actuellement, les gens qui n’ont à monnayer que leur seule force de travail se voient proposer des « petits boulots » dans le commerce ou les services, c’est à dire des emplois non-qualifiés (et non-qualifiants), mal payés et précaires : magasiniers, serveurs, vendeurs, etc.
La nouvelle donne de ces dernières années n’est donc pas la disparition de la classe ouvrière, mais l’apparition de nouvelles formes d’exploitation qui touchent des catégories sociales jusque-là épargnées. On parle de « travailleurs pauvres » pour désigner une frange de plus en plus importante de gens obligés d’accepter des conditions de travail dégradées pour des salaires permettant à peine de couvrir les dépenses courantes. Victimes de la stratégie de cassage de l’emploi déployée depuis les années 70 par le patronat avec la complicité active des élites politiques, ces travailleurs réussissent à peine à maintenir la tête hors de l’eau. Au moindre accident de parcours, ils rejoignent les rangs de ceux qui sont broyés par le système : chômeurs de longue durée…
La précarité est sciemment utilisée par bon nombre d’employeurs, notamment dans les services. Les grands magasins de distribution, pour ne pas les citer, emploient aux caisses de préférence des femmes seules avec des enfants à charge : elles ne sont que plus dociles. Elles travaillent rarement plus de 30 heures par semaine, avec des « pauses » de trois à quatre heures qui coupent leur journée, les empêchant d’exercer toute autre activité.
La restauration rapide emploie, elle aussi, des techniques de management très particulières. Les personnes recrutées sont des jeunes sans qualification ou des étudiants. Outre des conditions de travail très dures (sous-effectifs, cadences élevées, « polyvalence »), ils subissent la flexibilité des horaires, des temps partiels imposés… D’où un important turn-over, qui ne gêne pas les patrons du secteur : dans les circonstances présentes, la réserve de main d’œuvre paraît inépuisable.

À l’échelle internationale la situation est encore plus claire, aujourd’hui il y a plus d’ouvrier dans le monde que jamais. Quand Marx écrivait le Capital, il y avait autant d’ouvrier qu’il y en a aujourd’hui en Corée du Sud.

Sur le devant de la scène !

Aujourd’hui, alors qu’on nous explique que ce sont les patrons et les entrepreneurs qui font tourner la société, le gouvernement explique que la grève des salariés bloque l’économie ce qui a un impact national mais aussi international. Cette situation montre quasi scientifiquement que la classe ouvrière est belle et bien présente qu’elle a, par son nombre et sa place dans l’appareil de production, la possibiltié de bloquer l’économie mais aussi de changer profondément la donne. Une grève dans une partie de la société fait qu’on parle de blocage et d’impact économique sans précédent alors si la grève se généraliser on verrait de quoi les travailleurs sont capables : arrêter le fonctionnement normal et pourquoi pas, aller plus loin en reprenant en main l’appareil de production en décidant de produire uniquement pour la grève. Comme cela s’est passé dans le secteur de l’imprimerie jeudi dernier où les salariés ont décidé de ne faire sortir que L’Humanité, demain il serait possible aussi d’imprimer et de distribuer un journal de la grève contra la loi travail et ce gouvernement !

Ce spectre qu’est la classe ouvrière est bel et bien là et voit son rôle politique historique briller d’une incandescente actualité !