Négociation… ou retrait complet ?

« Je dis à Manuel Valls qu’il y a plusieurs solutions pour arrêter les blocages et les mobilisations. La première, c’est de suspendre le processus. On discute, on améliore. C’est ce qu’on dit depuis le début?! », c’est ce qu’a déclaré Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT aux médias en parlant d’un coup de fil de Manuel Valls. Pour lui, l’objectif est clair renouer avec le dialogue social qui a pourtant été une des pires calamités pour les jeunes et les travailleurs sous le mandat de Hollande.

Négocier et siffler la fin des grèves…

Pour la direction de la CGT, l’objectif est de se rasseoir aux tables des négociations sur la loi travail. Bien entendu ils souhaitent voir certaines parties du texte supprimées et pensent pouvoir en améliorer certaines. Philippe Martinez l’a expliqué clairement lors du rassemblement en solidarité avec les salariés d’Air France, si les négociations s’ouvraient la mobilisation serait stopper net. Bref, la confrontation, la grève générale, la construction d’une contre-offensive des jeunes et des salariés est bien loin de la préoccupation de la bureaucratie syndicale. L’objectif est de redorer le blase d’une organisation qui ne s’est pas opposé à la réforme des retraites de 2013, à l’ANI et à la loi Macron.

… Pas question !

Depuis le début de la mobilisation le mot d’ordre est clair : ni amendable, ne négociable, retrait de la loi travail ! Pourtant la direction de la CGT semble voir une porte ouverte pour tenter d’en faire autrement. Il faut rappeler que la loi a en son cœur le principe de l’inversement de la hiérarchie des normes, c’est à dire la possibilité que des accords d’entreprises soient plus défavorables aux salariés que le code du travail. Bien entendu, il s’agit du cœur de l’attaque et le gouvernement le sait bien car il clame haut et fort que cette article ne sera jamais retiré. Mais les autres articles font aussi partie d’une attaque sans précédent : dérogation du temps de travail, plafonnement des indemnités de licenciements, facilitation des licenciements… Cette loi est de A à Z une attaque sans précédent, alors quoi négocier ? On ne sait pas !

Il faut réaffirmer l’objectif est d’obtenir le retrait pur et simple de la loi travail. Si la direction de la CGT veut aller négocier, il faut que les jeunes et les travailleurs clament, eux aussi, haut et fort que cela ne sera pas en leur nom et qu’on ne négocie pas sur le dos de la mobilisation ni sur notre avenir !

Le gouvernement ouvre une porte car la situation est compliquée pour lui

Ce coup de téléphone et ces déclarations arrivent à un moment où le gouvernement est faible et la classe dominante commence à se diviser. Certains veulent négocier, d’autres veulent passer en force et même une frange significative souhaite le retrait du projet de loi car il ne va pas assez loin et ne permettrait pas de faire passer une nouvelle réforme en 2017. Là haut ils sont divisés et commencent à hésiter. En bas, la colère amoncelée depuis de nombreuses années commencent à éclater. La mobilisation dure depuis bientôt 3 mois et certains secteurs rentrent dans la bataille car ils sentent que c’est possible de gagner. Comme le slogan le dit en manifestation : « tout le monde déteste le PS » et c’est bien vrai. La colère commence dans certains secteurs à se matérialiser par des grèves, certes souvent minoritaires mais elles peuvent entraîner largement comme c’est le cas dans l’entreprise PSA ou dans le couloir de la Chimie à Lyon.
L’objectif du gouvernement est donc de voir cette colère s’étendre et que les jeunes et les travailleurs prennent pleinement confiance en leur force et leur capacité d’obtenir le retrait de la loi. C’est justement ce qu’il va falloir faire : organiser des AG, des réunions et discuter avec ses collègues de comment se mettre en grève, comment tisser des liens avec les entreprises et les secteurs autour de nous…

La contre-offensive est possible mais elle s’organise !

La semaine dernière avec les grèves reconductibles, les blocages… il y avait un air de confrontation dans tout le pays. Il faut aujourd’hui se dire que derrière cette mobilsiation se joue bien entendu la loi travail mais aussi le rapport de force entre les capitalistes et les travailleurs. Si nous obtenions le retrait de la loi, la force des travailleurs ne seraient en aucun cas à démontrer et nous pourrions aller même plus loin en revendiquant des augmentations de salaires, le partage du temps de travail… C’est à cela qu’il faut aussi se préparer, être capable d’organiser la contre-offensive du monde du travail mais pour cela, il ne faut pas faire confiance dans les directions syndicales.
Il faut partout lister nos revendications et en trouver des communes à toutes et tous : retrait de la loi, augmentation des salaires, partage du temps de travail… Des mesures qui répondraient à l’état d’extrême urgence social que nous connaissons aujourd’hui et surtout une mobilisation qui montrerait une autre voie dans le monde entier : celle où les jeunes et les travailleurs peuvent imposer leur plan et dessiner leur avenir !

Alors cette semaine, organisons-nous partout, faisons grève, descendons dans la rue et exigeons le retrait de la loi et bien plus encore !