Face aux réactionnaires, notre fierté c’est de lutter ! Combattre l’offensive anti-trans dans le monde [Topo WEF Juin 2024]

Topo d’Anaïs de Lille et Hortense de Tolbiac sur l’offensive anti-trans dans le monde.

Introduction :

Le 28 mai dernier, le Sénat a adopté la proposition de loi portée par les Républicains qui interdit les traitements hormonaux et les chirurgies aux personnes transgenres de moins de 18 ans par 180 voix pour et 136 voix contre. Cette loi devra ensuite être soumise à l’assemblée nationale, où elle a peu de chance de passer dans sa composition actuelle, même si cela peut changer avec les nouvelles élections. Dans tous les cas, cette proposition montre bien le contexte politique dans lequel nous vivons où les discours réactionnaires ont bon train et peuvent être portés et adoptés dans des instances comme le sénat.Cette énième loi s’inscrit dans un contexte de montée de l’extrême droite comme nous l’avons déjà tous beaucoup discuté cette semaine; avec une extrême droite à 40% aux européennes.  Celui qui participe aussi grandement à ce climat c’est bien le gouvernement actuel, qui malgré sa tentative de vernis féministe et LGBTIfrendly permet la montée de ces discours. Il tente de faire croire qu’il se soucie des femmes, la fameuse grande cause du quinquennat, il inscrit l’IVG dans la constitution, tout en détruisant les services publics, en fermant la maternité des Lilas et des planning familiaux. Il fait croire qu’il se soucie des LGBTI en mettant en place une PMA au rabais, qui exclut les personnes trans. .

Bref, Macron et son gouvernement entier alimente ce climat, mais les idées réactionnaires ne sont pas l’apanage d’un seul parti. On le voit en ce moment, elles infusent dans toute la société capitaliste, et à l’internationale, comme aux Etats Unis où en mai 2023, c’est plus de 500 textes s’opposant aux droits des personnes transgenres qui ont été déposés. Le capitalisme version 2024 a un petit goût de rance, de racisme, de sexisme et de transphobie, d’extrême droite au pouvoir ou montante.  Ils disent s’opposer à la théorie du genre, parlent d’idéologie et de politique. Mais le genre n’est pas une théorie, il regroupe un ensemble de normes dont nous subissons les inégalités.

En tout cas c’est de tout ça qu’on va essayer de discuter dans ce topo !

Face à ces attaques et à ce contexte, aux réactionnaires… comment combattre cette offensive anti trans et ses racines?

Dans un premier temps, on reviendra sur la situation actuelle et la transphobie dans le monde, puis nous verrons le rôle et la construction de la famille et pour finir nous discuterons de comment changer les choses.

I. La montée des discours transphobes et réactionnaires

A)   Transphobie aujourd’hui : une “panique morale” portée par l’extrême droite à l’internationale

Commençons par un état des lieux. On l’a vu en France, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à interdire les traitements hormonaux sur les mineurs, menaçant les médecins qui les prescrivent de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. La proposition viserait à raffermir le contrôle sur les prescriptions de bloqueurs hormonaux.

Aux états unis, le Parti Républicain a interdit l’avortement dans 14 états sous son contrôle et en parallèle a interdit toute transition pour les personnes trans mineures dans 23 états.

En Amérique latine, sous Bolsonaro, entre octobre 2020 et septembre 2021, 125 personnes trans ont été tuées. Selon un rapport publié en mai par HRW, 217 projets de loi ont été déposés au Brésil depuis 2014 (parmi lesquels une poignée est passée) dans le but de proscrire l’enseignement du genre et de la sexualité dans les écoles.”

On voit aussi un retour, ou un développement des courants religieux des plus réactionnaires qui s’attaquent aux droits des LGBT, que ce soit le pape qui traitent les homosexuels de “pédés”, les mouvements évangélistes spécialistes de la thérapie de conversion aux Etats Unis ou l’ouverture d’un centre de conversion et de réhabilitation pour les homosexuels et ceux qui s’éloigneraient de la religion musulmane en Malaisie en 2023.

Ces textes de lois et l’accroissement de la violence prennent place aussi dans une surenchère des discours réactionnaires, par les politiciens mais aussi par les journalistes et autres invités de plateaux télé. En France, les transphobes comme Dora Moutot et Marguerite Stern et leur soi disant courant féministe ont été invité à faire le tour de plateaux télé pour présenter leur livre et vomir leurs discours transphobes, présentant une société qui serait t en danger face à une transidentité qui se multiplierait. Elles écrivent ainsi sur la 4e de couverture de leur torchon  “l’idéologie transgenre est en train de s’infiltrer dans toutes les sphères de la société. Elle se présente comme un simple mouvement pour les droits d’une minorité opprimée, pourtant, derrière les paillettes, se trouve un projet politique néfaste qui s’apprête à bouleverser notre rapport au réel.” Elles créent ainsi une forme d’ennemi intérieur, qui aurait un programme politique, dangereux et hégémonique, menaçant l’ordre social. Elles en profitent par la même occasion à défendre ce qu’elles considèrent comme cet ordre social et cette norme : la famille traditionnelle et ses rapports genrés et sexistes. Bon, pour rappel, même s’il y a peu de chiffres exacts sur le nombre de personnes trans en france, on peut tout de même trouver des chiffres à propos des transitions médicales (qui ne permettent pas du tout de constater le nombre de personne trans, car la transidentité ne se résume pas du tout à des transitions médicales, certaines personnes y ont recours, d’autres pas) : 8952 personnes avaient l’ALD  (affection de longue durée) 31 « transidentités » en France en 2020. On peut estimer, à partir des données disponibles pour d’autres pays, que cette médicalisation représente environ 5 % de la population trans ou non-binaire.

Le Ministère des Solidarités et de la Santé estime en 2022, entre 20 000 et 60 000 les personnes transgenres en France. Les personnes trans représentent une toute petite partie de la population, déjà discriminée, sur laquelle les réacs décident d’appuyer leurs discours, de développer une forme de panique morale, via les médias, les réseaux sociaux, puis les discours politiques, les lois. On observe aujourd’hui nettement une augmentation de ces discours, qui sont encouragés sur les chaînes des grands milliardaires comme Bolloré, développés chez Zemmour, Trump ou Milei.

Ces discours fleurissent sur le terreau fertile d’un capitalisme à la concurrence exacerbée, qui développe l’idée d’une lutte de toutes contre tous. Dans les périodes de casse sociale, de récession, de pressions patronales, le poison de la division se diffuse dans toute la société. A l’heure où l’individualisme est poussé à son paroxysme, les médias bourgeois et les politiques se font les relais des idées les plus reactionnaires.

B)   Une infiltration de ces idées dans la classe ouvrière

Si ces thèmes sont défendus et mis en lumière par une partie de la bourgeoisie aujourd’hui, il n’y a malheureusement pas d’imperméabilité du reste de la société. L’idéologie dominante infuse dans toute la société, via la presse, internet, les discours politiques, les sermons, les affiches, etc. On entend souvent, notamment par une partie de la gauche “éclairée et tolérante, progressiste et ouverte d’esprit”, que les travailleurs seraient un ramassis d’arriérés racistes, sexistes et homophobes. Ils témoignent par là surtout de leur mépris de classe… Mais si des préjugés homophobes, et plus généralement les idées réactionnaires, sont intégrés par une partie des travailleurs, c’est surtout parce que ces préjugés sont profondément inscrits dans la société – un enfant peut insulter un autre enfant en le traitant d’« enculé », avant même de comprendre ce que ce mot signifie. Si de tels préjugés ont émergé, c’est parce qu’au même titre que d’autres préjugés et stéréotypes, ils avaient pour fonction de justifier le rôle central joué par ce qu’on appelle la famille nucléaire dans la reproduction de la force de travail et la division sexuelle du travail. Une famille nucléaire au centre de laquelle se trouve l’hétérosexualité. Bien sûr, les idées et la rhétorique homophobes ont évolué en fonction des mutations de la société. Mais il faudrait rappeler à tous ceux qui font preuve de mépris de classe que comme l’expliquait Karl Marx, à toutes les époques, l’idéologie dominante a été celle de la classe dominante. Les moments où les travailleurs s’organisent par eux-mêmes et portent en propres leurs mobilisations et leurs mots d’ordre sont aujourd’hui assez épisodiques, on observe une multitude de contradictions du système capitaliste présents dans l’esprit de celles et ceux qui en subissent aujourd’hui l’aliénation. Ces facteurs peuvent expliquer que les idées réactionnaires et l’individualisme aient aujourd’hui une influence notable dans notre classe.

De plus, il ne faut pas dédouaner aussi ceux qui ont parlé et qui entendent aujourd’hui encore parler de la classe ouvrière : syndicats et partis de gauche. Alors que les partis ouvriers ont été des luttes progressistes, féministes du début du XXe, que la Révolution Russe voit la dépénalisation de l’homosexualité en 1917, alors qu’il a fallu attendre les années 1980 en France, le tournant stalien voit un abandon progressif des luttes contre les oppressions, pour ne plus parler que de “droits de la classe ouvrière” faisant une démarcation arbitraire entre les deux, refusant de voir les liens. Il n’y a qu’à voir comment certains tendent à essentialiser la classe ouvrière comme intrinsèquement réactionnaire. Il ne faudrait pas parler de question LGBT parce que “ça fait pas l’unanimité”, que “ça va diviser le syndicat”, les travailleurs ont “d’autres problèmes”. Cette forme de discours peut se voir bien sûr chez un Roussel très sauciflard-pinard, mais aussi chez certains courants “décoloniaux”, qui cette fois font une essentialisation des quartiers populaires, notamment de la population immigrée. Allant parfois jusqu’à affirmer que les luttes LGBT seraient un “problème de blancs” ou du moins une idéologie occidentale. Ou alors seulement que les populations issues de l’immigration ne se préoccupent pas de ces sujets, et ont “d’autres problèmes”.

A l’inverse, une autre forme de gauche a fait de son verni progressiste son camouflage à des politiques extrêmement antisociales, comme Mittérand qui dépénalise l’homosexualité pendant les plans de licenciement, Hollande qui dans le même mandat fait la loi travail et la manif pour tous, ou le parti démocrate aux Etats Unis. Hollande fait volontairement durer pendant des mois le “débat” autour du mariage homosexuel, laissant tous les réactionnaires dans la rue et dans les médias vomir leur haine, pour imposer le “bloc de gauche” derrière lui, alors même qu’il détricottait le droit du travail. Ce sont les deux faces de la même pièce, ils font croire à une opposition “droit des minorités” / “droit des travailleurs”.

Aujourd’hui, ce qui semble dominer en fait, dans les discours réactionnaires mais aussi dans les discours “progressistes”, c’est une forme d’individualisme poussé à l’extrême. Tout le monde fait bien ce qu’il veut, mais chez soi. Y compris sur les lieux de travail, on peut retrouver une forme d’acceptation individuelle ou personnelle, et en même temps une haine du groupe, une reprise des idées réactionnaires, homophobes ou sexistes.

C)   Inégalités au sein de la communauté LGBT

Tous ces discours tendent aussi à alimenter un projet politique plus vaste. On le voit, les discours réactionnaires sont un package, celles qui font de la transphobie leur cheval de bataille misent aussi sur le racisme, le sexisme et l’homophobie. Il ne faut pas négliger aussi les impacts pour tous et toutes portés par ces mesures. En restreignant l’affectation longue durée, sous couvert d’attaquer les personnes trans, les sénateurs proposent aussi de s’attaquer en fait à toute la prise en charge médicale des maladies longues comme certains cancers, ou la leucémie. En fermant les centres d’IVG et planning familiaux, on restreint aussi l’accès de toutes les femmes à la contraception, aux sages-femmes ou aux traitements contre l’endométriose par exemple. En menaçant les médecins qui prescrivent les traitements hormonaux aux mineurs d’amendes, on s’attaque en réalité à la prise en charge médicale par les spécialistes de la santé. En psychiatrisant la transidentité, on met sous le tapis la difficulté immense à avoir un suivi psychologique ou psychiatrique efficace aujourd’hui en France. On ne laisse plus qu’aux personnes les plus aisées un accès à la santé et aux transitions. Alors que 27% des mineurs trans disent de pas faire de transitions hormonales en raison du coût de la prise en charge, ces attaques vont encore renforcer l’inégalité d’accès à la transition.

Les personnes LGBT sont présentes dans toute la société, il y a des homosexuels dans toutes les classes, une majorité appartenant au prolétariat et une minorité à la bourgeoisie, il y a donc des victimes de l’homophobie dans toutes les classes. Quels que soient leur milieu ou leur origine sociale, tous les homosexuels sont opprimés en tant qu’homosexuels. Mais les effets de cette oppression diffèrent selon la classe. L’homophobie est présente dans tous les milieux, mais il s’ajoute au sein des classes populaires un déterminisme social qui amplifie cette oppression, la sensation de ne pas pouvoir échapper au milieu homophobe, rester entouré des mêmes personnes et de leurs insultes ou de leurs coups, ne pas pouvoir déménager, vivre ailleurs, s’éloigner de sa famille ou de ses potes. Le poids de la violence homophobe est augmenté par la violence sociale parce qu’il n’y a pas d’échappatoire. En matière de vécu de l’homophobie, les différences ne sont pas tant liées au niveau de violence subie qu’aux marges de manœuvre possibles. Pour caricaturer un peu, avec du fric et des relations, il est toujours plus facile de s’émanciper d’une famille pleine de préjugés, d’échapper à l’homophobie et d’intégrer un milieu « protégé » – relativement à l’abri des violences et des discriminations –, ou simplement de sortir de l’isolement. Avec la casse des services publics, l’augmentation des frais de soin, la difficulté d’obtenir des logements sociaux ou des aides, il y a une forme d’enfermement dans la cellule familiale. Or, la famille, c’est aussi un des lieux les plus marqueurs de l’oppression et de la reproduction de la domination.

II. Le genre : une question intime ? La famille, une question politique !

A)   Histoire de la famille

L’identité de genre peut sembler être l’intimité-même : comment on se sent, comment on s’identifie et se perçoit, un ressenti libre et personnel. On enferme les mineurs trans, et plus généralement l’ensemble des personnes LGBT dans le cercle de l’intimité. On leur dit qu’il s’agit d’un choix personnel, qui ne regarde qu’eux et ne doit pas avoir d’impact sur le reste de la société. D’une part, cela justifie l’absence absolue de politique publique visant à accompagner et protéger les personnes LGBT. D’autre part, ça leur laisse d’autant moins d’option hors de leur famille et du cercle des proches pour poser la question de leur identité. Les sénateurs Républicains disent aujourd’hui “protéger les enfants” en restaurant notamment l’autorité parentale, axant sur le fait que les parents savent mieux ce qui sera bon pour eux. Or, cette autorité parentale, ce cercle privé dans lequel évolue les enfants est évidemment marqué par les structures sociales, et leurs discriminations.

La famille a une histoire, et elle est intimement reliée aux formes d’organisation collective et économique de la société. Les relations entre les hommes et les femmes, les structures familiales, ne sont pas restées immuables de toute éternité. Elles ont une histoire, et elles ont donc aussi un avenir et, puisque nous ne parlons pas de la société des abeilles mais de celle des êtres humains, un avenir qui peut être construit consciemment et volontairement. Les structures familiales évoluent à mesure que la société se développe. Mais les systèmes de parenté sont plus ou moins passifs; ce n’est qu’à de longs intervalles qu’ils enregistrent les progrès que la famille a faits au cours du temps, et ils ne subissent de transformation radicale que lorsque la famille s’est radicalement transformée. Tandis que la famille continue de vivre, et que les modèles de parentés se diversifient ou évolue, comme on le voit aujourd’hui avec le développement des familles monoparentales ou des couples homosexuels, le système de parenté, lui, s’ossifie, il reste le même dans les consciences et les modèles auxquels on aspire. Il persiste par la force de l’habitude, tandis que la famille le dépasse.

Alors que la société se répartit en classes sociales, certains possèdent et d’autres non , les femmes se voient de plus en plus contrôlées. Ce contrôle du corps des femmes vise à contrôler notamment la “production” d’enfants, mais aussi la transmission des biens aux enfants. Pour faire simple, une femme est à peu près certaine de sa maternité, et ça c’est lié à la grossesse, tandis qu’un homme n’est certain de sa paternité que par un contrôle accru sur le corps de sa conjointe. Dans l’histoire, le noyau économique de nombreuses sociétés est alors la famille. Elle est l’unité de production primaire, celle qui organise le travail. Les femmes restent au sein du foyer où elles produisent et travaillent, avec leur conjoint, mais aussi où elles produisent et reproduisent des enfants, ceux qui consitueront le reste de la main d’œuvre familiale. S’il existe des débats autour de la question de l’apparition de l’inégalité de genre en même temps que la propriété privée, on observe cependant un accroissement de ces rapports inégalitaires entre les genres en fonction de l’évolution de la propriété privée. Un exemple parmi d’autres : lorsqu’aux XIIe-XIIIe siècles, on a une forme de crise de l’émiettement des possessions et des patrimoines, les seigneurs et bourgeois citadins tendent de plus en plus à regrouper leurs terres et biens, à tenter de constituer un patrimoine moins friable. Pour ce faire, ils transmettent tous leurs biens – ou du moins la majeure partie – à un seul enfant, le fils aîné. Cette concentration du patrimoine coïncide exactement avec l’institutionnalisation du mariage comme lien indissoluble par l’Eglise au concile de Latran de 1215. C’est aussi le moment du renforcement du culte de la vierge marie, du développement des monastères féminin, permettant d’enfermer les filles cadettes, afin d’éviter un développement des branches secondaires de la famille, et enfin c’est aussi le développement des procès publics pour infidélités féminines, qui multiplient les condamnations. L’histoire de la famille patriarcale est marquée par un renforcement du contrôle des femmes, par la condamnation aussi des “déviances sexuelles”, qui dérogent au modèle familial. Chaque mutation dans les systèmes de propriétés et de possessions, mais aussi à chaque évolution du système productif, voit une modification au sein des structures familiales.

La révolution française va bousculer en grande partie ces rapports sociaux. En 1789, la révolution se présente sous le drapeau de la Déclaration des droits de l’homme, avec des prétentions universelles. Mais, en vérité, les intérêts que les dirigeants politiques bourgeois jugeaient « universels » n’étaient que ceux des possédants… qui se trouvaient être mâles et blancs de peau Pour que la masse des pauvres des campagnes et des sans-culottes des faubourgs accède à la pleine citoyenneté, il fallut trois années de bouleversements révolutionnaires. Ces mesures n’allaient d’ailleurs pas survivre à la vague de réaction qui suivit. La ténacité des préjugés misogynes s’explique d’autant mieux, en l’occurrence, que la citoyenneté impliquait, outre le droit de vote, celui de porter les armes dans le cadre de la Garde nationale. Aux députés de 1789, les femmes des milieux populaires inspiraient, plus que tout autre chose, de la frayeur car elles étaient en première ligne des secousses révolutionnaires. Les femmes du peuple se mobilisèrent spectaculairement à nouveau au cours des grandes journées de 1792 et 1793. Selon un observateur de police, la notion d’ « égalité » produit « une douce impression… sur les femmes surtout. Apparemment que, nées esclaves des hommes, elles ont un plus grand intérêt à son règne » . Les plus politisées fondèrent le Club des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, avec Pauline Léon et Claire Lacombe, mettant en avant un programme radical de salut public qui était proche de ceux qu’on appelait les Enragés. Pendant l’année 1792, de nombreux progrès sont obtenus : frères et soeurs furent déclarés égaux devant la succession ou pour l’accès à la majorité, le mariage devient contrat civil, le divorce est autorisé. Mais, alors que la bourgeoisie tente de stabiliser son pouvoir et de le raffermir, elle doit contenir les élans populaires. Les femmes font aussitôt les frais de cette politique. A l’automne 1793, « les clubs et les sociétés populaires de femmes, sous quelque dénomination que ce soit » furent interdits. La Convention thermidorienne, où la bourgeoisie tente de ramener l’ordre et la stabilité, affermir sa domination,  prend la décision au printemps 1795 « que toutes les femmes se retireront, jusqu’à ce qu’autrement soit ordonné, dans leurs domiciles respectifs : celles qui, une heure après l’affichage du présent décret, seront trouvées dans les rues, attroupées au-dessus du nombre de 5, seront dispersées par la force armée et successivement mises en état d’arrestation jusqu’à ce que la tranquillité publique soit rétablie dans Paris ». 

Napoléon allait mettre de l’ordre dans la maison de la bourgeoisie, une fois passée la tourmente révolutionnaire. Sa dictature militaire consolida sur tous les plans le nouvel État, visant d’abord à colmater les brèches ouvertes par la révolution, ce qui fut un souci constant dans tout le courant réactionnaire pendant des décennies. Le Code civil de 1804 avait pour objet essentiel de régler les principes et les droits de la propriété. Y compris donc la propriété privée des femmes, car, comme le dit Napoléon, « La femme est donnée à l’homme pour qu’elle fasse des enfants. La femme est notre propriété. Nous ne sommes pas la sienne » . Dès lors que les enfants ne sont pas seulement des enfants mais des héritiers en puissance, le rôle du mariage est de codifier les rapports qui en découlent. La femme mariée n’a aucun droit reconnu. L’article 1124 stipule : « Les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux » . La femme mariée n’a pas d’existence par elle-même. C’est le mari qui décide et contrôle tout. L’aspect répressif du Code Napoléon ne venait pas seulement de la misogynie personnelle, ou des déboires conjugaux, de ses auteurs. Rédigé au lendemain des événements révolutionnaires où les femmes avaient été appelées « citoyennes », quoique sans jouir de droits politiques, il était fortement marqué par la peur qu’une éventuelle égalité entre les hommes et les femmes avait fait naître. L’argent est à la base du mariage entre bourgeois, et le triomphe de la société bourgeoise a ravalé les femmes au statut de marchandises, y compris dans l’univers de la classe dominante. Des marchandises plus ou moins coûteuses à se procurer, et plus ou moins précieuses, suivant le statut.

Se consolide donc le modèle de la famille bourgeoise traditionnelle, celui que défendent aujourd’hui les réactionnaires. Une famille fondée sur la domination de l’homme, avec le but exprès de procréer des enfants d’une paternité incontestée, et cette paternité est exigée parce que ces enfants entreront un jour en possession de la fortune paternelle, en qualité d’héritiers directs. Mais au même moment, le capitalisme forge les limites de ce modèle et les conditions de son renversement. La famille des bourgeois a certes continué à fonctionner sur son schéma consacré, en milieu restreint, régi par des considérations d’argent et d’affaires, mais la famille populaire, en voie d’émiettement, entrait dans une évolution qui a mené rapidement de la grande famille villageoise, collectivement associée dans le travail de la ferme, à la micro-société du couple, uni pour cause d’affinités, avec ses enfants. Parallèlement, l’entrée en nombre croissant de femmes dans la vie de salariées d’usine, ainsi que l’extension en Europe occidentale de la proportion de femmes salariées célibataires, indépendantes du cercle de la propriété privée familiale, marquaient l’époque nouvelle. Ce processus faisait entrer des couches de plus en plus larges de la population en contradiction avec le modèle de la famille bourgeoise. Ce qui, naturellement, n’a pas pour autant suffi à empêcher les règles et les conceptions de la classe dominante de se perpétuer. Car aucun progrès social n’est automatique. Donc si les sociétés sont faites du tissu historique de l’oppression des femmes, la constitution de la classe ouvrière, elle, ouvre une brèche là-dedans : elle pose cette fois les conditions matérielles d’une égalité entre les hommes et les femmes, c’est-à-dire d’une destruction du genre…

B)   La famille aujourd’hui

Même si tout cela reste à l’état de possible. Le capitalisme a besoin que cette classe ouvrière se reproduise et se développe, et ce sont les femmes qui historiquement devaient permettre cette reproduction. Mais d’un autre côté, tout le temps consacré par les femmes au foyer est une forme de “temps perdu” pour le capitalisme : ce sont des parts de marchés gagnables pour vendre des biens de consommations, et c’est surtout du temps, de la moitié de l’humanité, qui pourrait se salarier et produire directement pour les capitalistes. Du point de vue de l’accumulation capitaliste, la vieille famille stéréotypée peut être une source de gaspillage… Le fait que la femme travaille toute la journée n’offre aucune consolation au système ; son travail est un travail qui pourrait être accompli plus efficacement, tout en la libérant pour l’esclavage salarial. C’est ce qui se produit peu à peu au cours du XXe siècle, où se développe une reproduction en dehors du foyer familial.Une bonne proportion de ces tâches, de quelque manière qu’elles soient financées, dépend d’autres travailleurs et travailleuses dans les écoles, les universités, les hôpitaux, les bureaux, les maisons de retraite, etc. Ces prestations sociales résultent d’une combinaison entre les besoins du capital, par exemple une force de travail mieux éduquée, de l’impact de l’entrée des femmes sur le marché du travail, et enfin des luttes sociales pour l’accès à la santé, l’éducation, la sécurité sociale, etc.

Aujourd’hui le capitalisme tente de maintenir cette séparation public-privé, qui maintiendrait dans la famille les femmes dans le rôle de la reproduction, alors même qu’il offre les possibilités de sa disparition. Il s’agit plus d’une volonté de maintenir la société telle quelle est, l’ordre social tel qu’il est déjà établi et de restreindre au maximum les grands bouleversements. Or, la famille peut être un carcan et un espace où la domination de genre s’exerce de façon accrue. Dans une large mesure, le capitalisme a remplacé la petite production marchande agricole et artisanale par la grande industrie, ce qui a considérablement renforcé la séparation entre les lieux de production (les entreprises) et les lieux de reproduction (la famille), renforçant la frontière entre sphère privée/sphère publique. Cette séparation vie privée / vie publique, insiste sur le fait qu’il ne faudrait pas s’immiscer pas dans la vie des gens, on laisse le père de famille ou les parents s’occuper de chez eux. en même temps, en tenant paradoxalement des discours homophobes ou transphobes qui imposent un droit de regard sur la vie sexuelle, amoureuse ou mm sur l’existence des gens. Mais dans tous les cas c’est une fausse distinction, évidemment que la sphère privée est empreinte du modèle social. D’ailleurs, l’intimité est au cœur de la violence des rapports de la domination de genre. On voit que la famille peut être synonyme d’enfermement, qui constitue la cellule de base d’oppression pour les femmes et les LGBTI, à cause du poids du patriarcat et de l’hétéronormativité (rappelons aussi que 70 ou 80% des violences sexuelles ont lieu au sein de la famille ou par proche). Du côté des LGBTI, c’est aux 19e/20e siècle que naissent les termes “homosexualité” et “hétérosexualité” (avec tous les autres termes pseudo scientifiques de la médecine, de la psychologie et de la police). Le but est de classifier et caractériser les individus (comme c’est le cas pour les théories racistes), au nom de “la science” mais aussi pour réprimer et renforcer l’ordre moral bourgeois. “Il en ressort que 60 % des personnes trans subissent des violences intrafamiliales, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, soit significativement plus que les lesbiennes, gays et bisexuel·les cis (45 %). Près d’1 jeune trans sur 5 se retrouve exclu·e du domicile parental en raison d’un conflit, soit significativement plus que les jeunes lesbiennes, gays, et bisexuel·les cis (1 jeune sur 10). Et il faudra attendra longtemps pour que les choses changent : 1981 dépénalisation homosexualité France, 1990 OMS retire l’homosexualité de la liste des maladies psychiatriques, 2013 France mariage pour tou-te-s. Pourtant, toujours thérapies de conversion, peine de mort, etc. dans certains pays et, tout comme le droit à l’IVG n’est jamais entièrement acquis, la réaction est toujours prête à reprendre les droits que nous avons arraché dans la lutte.

III. S’émanciper du genre ?

A)   Identité politique et mouvements LGBT

Cette lutte justement elle nous pose la question de ses modalités : comment on lutte pour s’émanciper de l’oppression de genre ?

D’une part, il peut sembler que l’identité LGBT est en soi une contestation des normes de genre. Alors que tous les réactionnaires la fustigent au nom de la protection de l’ordre hétéronormé traditionnel, il peut sembler que proposer des modes de vie alternatifs soient une forme de contestation de cette famille bourgeoise et de sa morale. Bon, déjà, on l’a vu, il faut quand même nuancer la famille bourgeoise, puisque sous cette forme, elle n’existe en réalité déjà presque plus, ce qui en aucun cas signifie la fin de l’oppression ou des inégalités évidemment. Aujourd’hui, la plupart des foyers dérogent à la norme : mères célibataires et familles monoparentales, couple dont les deux parents travaillent, couple où aucun des parents n’a d’emploi etc. D’autre part, faut aussi voir les limites posées par l’émancipation individuelle. Déjà, on peut se demander s’il est possible de déroger jusqu’au bout des normes de genre, même dans un modèle alternatif. Il n’est pas rare de voir se reproduire les inégalités de genre et les différentes oppressions, y compris dans les familles LGBT. Certains modèles LGBT peuvent même finir par s’intégrer totalement dans les modèles genrées classiques et dans toutes les structures de la société, reproduisant des stéréotypes. Quand bien même ces biais seraient évités pour la plupart, on peut se demander si sortir dans son identité de genre fait sortir de la société genrée. Le genre, on l’a vu, est une norme sociale portée par toute la structure de la société. Ce qui prévaut d’ailleurs dans celle-ci, c’est comment on est perçu et construit par les autres, et non uniquement ce qu’on ressent. A l’école, dans la famille, au travail, on est perçu par les autres, on est défini en partie pas eux. On peut s’y opposer, les troubler, etc, mais on sera toujours rattaché dans l’ensemble à la division genrée. D’ailleurs, la plupart du temps, quand on sort des normes de genre, on est en fait associé au genre dévalorisé et ses oppressions, c’est-à-dire aux femmes ou à la féminité. Oui, l’intime est politique car en somme tout l’est. Mais une fois qu’on a dit ça, qu’est ce qui en ressort ? Est ce qu’en modifiant l’intime, on modifie le politique, est-ce le politique qui influe sur l’intime ? Comme on l’a vu, dans les grands bouleversements de structures économiques et politiques s’opèrent des bouleversements intimes, de la structure familiale, de la place de chacun et chacune. Cela ne signifie pas faire table rase à chaque fois, il y a une forme de surimpression et de survivance des modèles antérieurs, mais peu à peu ils s’effacent pour laisser place aux nouveaux. La question est de savoir si des modèles sont possibles pour réduire et abolir à long terme ces normes genrées.

Face aux normes de genre, on se range plutôt du côté de celles et ceux qui luttent collectivement à la transformation de la société et de ses normes, mais aussi à toutes celles et ceux qui luttent contre toutes les oppressions. Si on est de toutes ces luttes, cela ne veut pas dire ne pas en voir les limites politiques ou les repeindre en rouge comme si, en tant que telles, elles ne pourraient qu’aboutir à une confrontation directe avec la classe dominante bourgeoisie. Il ne faut pas sous-estimer la capacité d’intégration du capitalisme. Le capitalisme en Amérique du Nord et en Europe a été capable peu à peu de concéder certains droits aux femmes et aux personnes LGBT, voire de promouvoir une certaine forme de féminisme start-up nation. Il n’y a qu’à voir les chars de la police ou des grandes multinationale à la pride, ou des personnages comme Marlène Schiappa ou Gabriel Attal, on a pas besoin de vous faire un dessein pour décrire les limites de leurs “avancées” féministe et LGBT. Le capitalisme a été plus ou moins capable de concéder la pleine égalité bourgeoise aux femmes, et de démanteler la législation répressive envers les LGBT+ tout en augmentant les inégalités de classe. Cela a inexorablement élargi le fossé entre femmes et LGBT de différentes classes plutôt que le combler et a intensifié l’oppression sociale des femmes et LGBT de la classe ouvrière, de telle manière, par exemple, qu’une prise en charge des enfants aisément accessible aux femmes de la classe moyenne est devenue une bataille encore plus difficile pour les femmes de la classe ouvrière. Les luttes collectives visant à l’émancipation et la lutte contre les oppressions sont positives, mais ce n’est pas tant leur caractère massif ou non qui garantit nécessairement leur succès mais plutôt la façon dont ils conçoivent et construisent leur lutte. Confrontée par un mouvement qui affronte le capital, la classe dirigeante peut laisser passer l’orage des masses dans la rue si la classe ouvrière n’utilise pas son pouvoir collectif pour la défier.

B)    Combattre le capitalisme pour abolir le genre ?

Si on admet que les structures économiques et sociales sont vectrices des modèles familiaux et de la reproduction des oppressions et de la domination, et que le système capitaliste reste porteur de ces oppressions, il faut se demander si d’autres modèles de production peuvent être porteurs d’émancipation et de bouleversements dans les rapports sociaux. Nous on pense que la classe ouvrière est porteuse d’un projet émancipateur, non seulement pour elle-même, mais aussi pour l’ensemble de la société.

Face à une forme d’émancipation politique des femmes et des personnes LGBT que nous avons aujourd’hui obtenue (par la lutte !), nous avons constaté que cela ne suffit pas à une émancipation réelle de toutes les femmes, ni à l’obtention d’une réelle égalité. Comme le disait Alexandra Kollontai, “La lutte pour les droits politiques, pour le droit à obtenir des doctorats et d’autres diplômes universitaires, et pour l’égalité des salaires pour le même travail, ne sont pas le dernier mot de la lutte pour l’égalité. Il faut se libérer des chaînes pesantes des formes actuelles de la famille, qui sont dépassées et oppressives. Pour les femmes, la solution à la question familiale n’est pas moins importante que la réalisation de l’égalité politique et de l’indépendance économique.” (notons que même ces dernières sont loin d’être réalisées, surtout à une échelle mondiale…)

Ce qu’on peut noter déjà, c’est que le prolétariat en lutte ne s’est jamais seulement préoccupé des conditions de travail, n’en déplaise à Fabien Roussel. Le prolétariat en lutte est vecteur d’un projet pour toute la société, y compris pour les droits LGBT et les droits des femmes. On peut le voir lors de la commune de Paris, de mai 68, de juin 36 ou des printemps arabes. Mais là où c’est sans doute le plus visible, c’est dans la lutte des révolutionnaires russes et du prolétariat pendant et juste après la révolution. Les Bolchéviks au pouvoir en Russie ont tenté de résoudre le problème de la question familiale en mettant en place des mesures d’urgence dès 1917. Ils mettent en place des maternités publiques et des crèches. Ils autorisent aussi l’avortement, plus de 150 ans avant toutes les démocraties bourgeoises occidentales. Cela s’accompagne évidemment d’une égalité politique immédiate : droit de vote et de participation à la politique. Mais pour permettre aux femmes d’exercer ces droits, il faut leur permettre de sortir du foyer. Ils autorisent le divorce, et dépénalisent l’adultère et l’homosexualité etc. Même l’architecture bolchévique des années 1920 est une révolution : on met des espaces réduits pour la cellule familiale mais d’immenses espaces communs. Pour les enfants des espaces de jeux, des cantines pour manger ensemble, des bibliothèques et salles de cours du soir, des laveries, etc. le but est d’encourager femmes et enfants à avoir accès à l’espace public, à sortir de la cage de l’intimité.

Il ne s’agit pas de réduire la question des oppressions à la révolution, comme si elle était un coup de baguette magique, permettant de résoudre tous les problèmes sociaux en faisant table rase du passé. En tant que processus historique, la révolution s’inscrit dans un contexte déjà marqué par l’exploitation de la classe ouvrière et les oppressions de toute une partie de la société. Cependant, en bousculant les rapports de production, le prolétariat en lutte pose les bases de la disparition de la famille, notamment par la mise en commun de toutes les tâches domestiques, la disparition des séparations genrées au travail. Pour nous, on pense que c’est ça qui permettrait en fait peut être véritablement à des identités libres d’apparaître et de se développer, en tout cas aux personnes de pouvoir vivre dans un cadre libéré des structures de genre préconçues.  

En attendant, ça ne veut pas dire qu’on doit attendre la révolution pour se préoccuper de combattre les LGBTIphobies et c’est pourquoi il faut dès à présent se mobiliser face aux attaques réactionnaires comme les mesures transphobes proposées au sénat.

Il est aussi nécessaire dans ces mouvements, de faire le lien avec les attaques antisociales, comme le sous investissement des services publics qui touchent toujours en premier lieu les femmes et les LGBTI menée aussi par la bourgeoisie en même temps que les attaques réactionnaires. C’est bien aussi parce qu’il y a peu de moyens investis dans la santé que les transitions sont aussi difficilement accessibles par exemple. De plus, aujourd’hui les personnels de santé ne sont pas toujours formés pour accueillir et accompagner les personnes trans dans leur parcours, toujours faute de moyen et de priorité de la part du gouvernement. C’est aussi défendre la libre circulation et l’ouverture des frontières, permettant l’accueil des personnes qui fuient leur pays où ils et elles sont menacé.e.s en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle.

L’ensemble de ces revendications est important à défendre aujourd’hui. Mais, pour autant, on le constate aujourd’hui partout dans le monde avec la question de l’IVG par exemple, rien n’est jamais acquis définitivement dans le système capitaliste. Alors c’est pourquoi, si nous voulons pouvoir vivre dans une société débarrassée des oppressions, il n’y aura pas de raccourci, nous devons renverser la société capitaliste. Dans les moments révolutionnaires, on assiste à une remise en cause de l’ordre social dans son ensemble, de cet ordre social capitaliste qui charrie la division, l’individualisme, la concurrence entre toutes et tous. Et cette remise en cause implique des millions de personnes pour décider par elles et eux-mêmes. Cela ne s’arrête pas “après la révolution”. Une fois que des millions de personnes sont en mouvement et peuvent faire de la politique, elles se mettent à porter des bouleversements sociaux partout, qui pourront faire émerger une société débarrassée de l’exploitation mais aussi des oppressions.


Biblio :

  • L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Engels
  • Les bases sociales de la question féminine, Kollontaï, 1909
  • La famille et l’Etat communiste, Kollontaï, 1918
  • “La propriété privée, la domination masculine et l’oeuf dur”, La hutte des classes,  juin 2024, Darmangeat
  • L’oppression des femmes, hier et aujourd’hui : pour en finir demain ! Une perspective marxiste, Darmangeat (version de 2023)
  • Le berceau des dominations, Dussy, 2013
  • Des corps qui comptent : les limites discursives du “sexe”, Butler, 1993
  • Trouble dans le genre, Butler, 1990
  • Théorie queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg, Di Lauretis, 2007
  • Technologies of Gender: Essays on Theory, Film, and Fiction, Di Lauretis, 1987
  • https://trajectoiresjeunestrans.fr/personnes-concernees-et-proches/chiffres-cles
  • https://fra.europa.eu/en/project/2018/eu-lgbti-survey-ii