À Gaza, c’est toute l’humanité qu’ils assassinent
Éditorial du NPA du 12 février 2024
Depuis le 7 octobre, le carnage opéré par l’État israélien contre la population palestinienne atteint un bilan insupportable. Entre 25 000 et 30 000 morts identifiés dont près de 5 500 enfants, plus de 67 000 blessés, dont 10 800 enfants, 17 000 enfants séparés de leurs parents, et des dizaines de milliers de disparus – probablement des morts qu’on n’arrivera plus à extraire des décombres.
90 % de la population de Gaza est en situation d’insécurité alimentaire aiguë et les deux tiers des hôpitaux sont détruits. Des maladies comme le choléra, la polio ou la varicelle refont surface. Les médecins amputent les blessés, souvent sans anesthésie, et ne disposent pas d’antibiotiques pour stopper les infections. Les infrastructures gazaouies se sont totalement effondrées : il n’y a plus d’eau courante, d’électricité ni de lignes téléphoniques. Et depuis quelques jours, l’armée d’Israël bombarde Rafah, autrement dit la zone où elle a contraint plus d’1,3 million de personnes à trouver un refuge précaire !
Complicités impérialistes
Ces quatre derniers mois d’offensive criminelle sont la poursuite impitoyable de plus de 75 ans d’oppression du peuple palestinien par l’État d’Israël avec le soutien des grandes puissances impérialistes, dont la France. Et c’est parce que l’armée israélienne avec les multiples guerres qu’elle a menées, leur sert de gendarme contre les peuples pauvres de la région que les grandes puissances lui apportent un soutien inconditionnel. Leurs propres armées scrutent ce qui se passe à Gaza… comme un test « en condition réelle » de leurs matériels militaires !
Macron appelle face caméra le gouvernement israélien à la « retenue », mais ne remet pas en cause les juteux contrats obtenus par les entreprises françaises. Depuis 2014, les marchands d’armes ont ainsi vendu pour près de 210 millions d’euros de matériel militaire.
Les capitalistes et les gouvernements à leur service parlent tous une seule et même langue : celle de l’argent et des profits.
Faux alliés hypocrites
Et quelle confiance accorder aux gouvernements des pays « émergents » ? Aucune. Même de ceux d’entre eux qui se prétendent du côté des peuples dominés, mais sont chez eux les garants d’une société particulièrement inégalitaire, ou font vivre l’enfer à ceux et celles qui osent revendiquer la justice sociale et la liberté, comme en Iran ou en Syrie.
Il n’y a rien à attendre non plus des dirigeants nationalistes, comme le Fatah au pouvoir en Cisjordanie ou le Hamas à Gaza, qui ne cherchent surtout pas à s’adresser aux opprimés des autres pays de la région, mais plutôt à devenir les interlocuteurs des pays riches pour conforter leur propre pouvoir et profiter eux aussi de leur argent.
Solidarité d’en bas
Au Proche-Orient particulièrement, où la population palestinienne est disséminée entre la bande de Gaza, la Cisjordanie, Israël et les pays arabes voisins, c’est bien l’union des travailleurs et travailleuses de toute la région, en lutte contre chacun de leurs gouvernements, qui permettra de changer la situation.
Mais pas seulement là-bas : c’est à nous ici de manifester notre solidarité avec le peuple palestinien. Nous qui faisons tourner l’économie, qui par notre travail enrichissons la minorité qui détient les richesses et les moyens de production, avons le pouvoir de tout bloquer, de tout arrêter, puisque nos gouvernements sont les principaux complices et fournisseurs d’armes de la politique criminelle de l’État d’Israël.
Nous aurions même les moyens de renverser les pouvoirs en place pour créer une société radicalement différente, mettre réellement fin aux injustices, en finir avec ce monde d’oppression et de guerres.
Comme le montrent les manifestations massives qui continuent dans le monde entier pour dénoncer le génocide à Gaza, les opprimés et les exploités aussi peuvent parler une seule langue : celle de la solidarité internationale.