Barricades n°6 – Mars 2010
Licenciements, casse de la retraite… Préparons maintenant la riposte !
Dans le privé comme dans le public, les licenciements et suppressions de postes se multiplient.
Alors que le taux de chômage vient d’atteindre 10%, son niveau d’il y a dix ans, les licenciements se poursuivent un peu partout sur le territoire, comme à Total, à Siemens, à Toyota, et ailleurs… Dans le même temps, un million de chômeurs vont bientôt arriver en fin de droits, n’ayant quasiment plus aucun revenu. Comme si cela ne suffisait pas, une réforme du calcul des retraites est prévue pour les mois à venir, qui devrait repousser le départ des fins de carrière et généraliser les retraites de misère.
Heureusement, des résistances émergent et se radicalisent.
L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), le plus gros licencieur de France, prévoit la suppression de 4 000 emplois d’ici à 2012, des fermetures d’hôpitaux et des fusions de services, ce qui va diminuer les moyens dans le secteur de la santé, alors même que les besoins sont immenses. Suite à l’occupation du siège de l’AP-HP par une centaine de syndicalistes, La direction s’est engagée à suspendre temporairement la restructuration des hôpitaux parisiens. C’est la preuve qu’en se mobilisant, il est possible de commencer à les faire reculer ! Autre exemple, les ouvriers de Phillips à Dreux (voir article au verso), qui après l’annonce par leur direction de la fermeture du site, ont le 5 janvier repris en autogestion la production arrêtée. Le 19 février, ils ont obtenu de la justice la suspension du plan social, et l’obligation pour la direction de reprendre la production sous peine d’amende. C’est une victoire, même insuffisante, mais leur lutte se poursuit toujours. Le groupe Total a réalisé 8 milliards d’euros de bénéfices en 2009. Pourtant, sur la raffinerie de Dunkerque 370 emplois directs et 550 emplois indirects (dans la sous-traitance) sont menacés. Les salariés du site se sont mis en grève le 12 janvier. Le mois suivant, en solidarité, les 5 autres raffineries du groupe les ont rejoints. La pénurie d’essence a menacé le gouvernement à l’approche des élections régionales, et la direction de Total a promis un maintien d’activité pendant 5 ans, sauf pour le site de Dunkerque où la grève se poursuit.
Le gouvernement veut faire passer en septembre la réforme des retraites.
À chaque fois qu’une réforme précarise une partie de la population, c’est l’ensemble des travailleurs qui subissent la pression et voient leur situation se dégrader. C’est pour cela que nous sommes tous concernés. Les exemples des grèves à Total, à Dreux, montrent que pour résister il n’y a qu’une seule arme vraiment efficace, préparer une grève massive des travailleurs, la plus large possible !
Gagner contre les patrons, c’est possible !
Philips avait annoncé la fermeture de l’usine de Dreux, en présentant un plan social illégal : il prétendait que l’usine appartenait à un secteur en faillite de l’enseigne Philips, alors qu’elle appartient à une branche qui a fait 176 milliards de bénéfices au troisième trimestre de 2009 ! C’est pour accroître encore plus son bénéfice que le patron voulait délocaliser l’usine, laissant au chômage les ouvriers du site. Le cynisme du patronat n’a aucune limite : les ouvriers avaient une autre proposition d’emploi… en Hongrie… pour 450 euros par mois… sous réserve de parler le hongrois ! Pour isoler les travailleurs et les empêcher de se mobiliser pour faire échouer le plan, le patron leur a demandé de rester chez eux et de ne plus venir travailler : à l’appel des syndicats ils sont quand même venus et ont trouvé porte close : lock-out de l’usine ! Face à ces méthodes de patron voyou la mobilisation s’est mise en place : les ouvriers étaient tous là tous les jours, ensemble, soutenus par d’anciens travailleurs de la boîte, par la population ou encore par des étudiants. La Justice a dû céder : elle a condamné le lock-out et a invalidé le plan social ! C’est une immense victoire pour ces travailleurs ! Mais il leur faut rester en état d’alerte : d’autres plans sociaux risquent d’arriver et il faudra une mobilisation d’ampleur pour empêcher à Philips de délocaliser. Et si le patron part, il ne restera aux ouvriers qu’à reprendre l’expérience qu’ils ont déjà menée : faire marcher l’usine sans patron.
Plan de rigueur : la crise tombe sur la tête des Grecs
Deux ans après la crise des subprimes, le poids de la dette contractée par les états pour renflouer la dette des banques commence à peser sur les économies. En Grèce, la situation sociale déjà difficile du fait de la crise mais aussi des politiques antisociales menées par le gouvernement de droite de Caramanlis (ND), ont amenées à de fortes mobilisations sociales, avec les jeunes en tête, qui occupent régulièrement les rues contre les réformes dans l’éducation ou en réponse aux violences policières, comme en décembre 2008, à la suite de l’assassinat d’Alexis Grigopoulos, 15 ans, par un policier grec. La chute du gouvernement Caramanlis en novembre 2009, battu aux élections par le PASOK (PS grec), montre également l’impopularité des politiques néo-libérales menées en Grèce.
Une gauche qui mène des politiques de droite
Le gouvernement PASOK vient d’annoncer un plan de rigueur pour résorber la dette du pays, aggravée par la crise. Les mesures proposées ? Hausse de la TVA, gel des retraites, baisse des salaires pour les salariés du public, hausse du prix de l’essence… Tout cela vise à faire payer la dette par la majorité de la population, en imposant une hausse des prix et un blocage des salaires, qui vont toucher durement les populations les plus pauvres. La réponse de la population a été immédiate, jeunes et travailleurs du public/privé, sont descendus massivement dans la rue, avec près de 50 000 personnes dans les rues et plusieurs millions de grévistes le 11 mars dernier. Le pays totalement paralysé, avec dans Athènes une seule ligne de métro qui fonctionne pour permettre aux gens d’aller à la manifestation. Ce qui se passe en Grèce n’est que le début du combat partout en Europe contre les politiques de rigueur qui visent à nous mettre la tête un peu plus sous l’eau, et nous faire payer le coût de la spéculation financière.