Contre le poison de l’extrême droite, le seul rempart sera nos luttes !
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 17 juin 2024
Avec son coup de la dissolution de l’Assemblée nationale, Macron fait une passe décisive au RN. Après avoir pavé la voie à l’extrême droite par sa politique, en particulier avec sa loi sur l’immigration directement inspirée par le RN, le prétendu « rempart » macroniste devient un tapis rouge pour Bardella, qui se voit déjà Premier ministre, dans le cadre d’une cohabitation avec Macron. Face au danger de voir l’extrême droite arriver au pouvoir, des centaines de milliers de personnes ont manifesté partout en France.
À bas Le Pen, la présidente d’un parti raciste
Le RN prétend incarner la haine de Macron, mais en épargnant soigneusement le patronat, responsable des bas salaires et des licenciements et de notre appauvrissement. La manière dont Bolloré, ce patron milliardaire, met son empire médiatique (CNews, le JDD, Paris Match, Europe 1, Canal+) au service de l’extrême droite illustre cette connivence avec le monde patronal. Le programme anti-ouvrier et pro-patronal du RN, son racisme décomplexé, son sexisme et son homophobie présentent un grave danger non seulement pour les concernés mais aussi pour les divisions qu’il fait peser sur les classes populaires. Tout bénéfice pour le patronat qui pourra redoubler d’attaques. Le RN est un danger mortel pour nous, travailleuses et travailleurs, et pour l’ensemble de la société. Le RN, ça ne s’essaye pas, ça se combat, mais comment ?
Ce n’est pas à Matignon ni au palais Bourbon que nous aurons satisfaction
Tous les leaders de la gauche rabibochés en catastrophe, dont d’anciens ministres, voudraient qu’on compte aujourd’hui sur leur unité dans les urnes pour se débarrasser de Le Pen et de Macron et de leur politique au service du grand capital. Mais comment croire qu’un bulletin de vote y suffira ? D’autant que le Nouveau Front populaire propose 267 investitures du PS et d’EELV, des partis qui ont soutenu et participé au gouvernement de François Hollande : « loi travail », répression violente des manifestants sous Manuel Valls, chasse aux migrants déjà… Hollande lui-même se présente, soutenu par le Front populaire. Et comment croire qu’avec un Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé de Macron, qui vient d’être investi, on va sauver l’hôpital ?
Ce « Nouveau Front populaire » fait certes quelques promesses aux salariés. Mais comment arracher quoi que ce soit au patronat sans entrer nous-mêmes dans la bataille, pendant la campagne mais aussi après les élections, quels que soient les résultats ? La démagogie anti-système du FN-RN s’est nourrie depuis 40 ans des désillusions semées par Mitterrand, Jospin, Hollande… qui ont fait croire au changement mais ont renié leurs promesses aussitôt parvenus à la tête d’un État taillé sur mesure pour défendre les intérêts du patronat.
Ce sont 40 ans de prétendus barrages, 40 ans de politiques antisociales et racistes de gauche comme de droite, qui expliquent aujourd’hui en grande partie ces 40 % pour l’extrême droite.
Place à nos luttes et notre organisation
Pour enrayer cette mécanique infernale où les barrages se transforment en boulevards, nous ne devons compter que sur nous-mêmes, reprendre confiance en nos propres forces pour nous affronter à ce système économique qui nourrit aujourd’hui les idées les plus réactionnaires.
Oui, face à la menace de l’extrême droite, un sursaut est nécessaire et il faut faire front, mais par nos luttes et notre force collective. Dans les entreprises et les quartiers, aidés par les équipes militantes syndicales et associatives qui s’y décideront, nous avons la force de nous organiser. Nous faisons tourner toute la société, nous pouvons aussi tout arrêter : la force des salariés, c’est la grève ! Travailleurs et travailleuses, sauvons-nous nous-mêmes !
C’est ce que le NPA-Révolutionnaires dira dans ce premier tour des législatives du 30 juin prochain, en appelant à voter pour ses propres candidatures là où elles existent et pour celles de Lutte ouvrière partout ailleurs.