Edito n°20 – Mai 2012 – ET MAINTENANT, QUEL CHANGEMENT ?
Ah quand même, ça valait le coup de regarder la télé le soir du 6 mai ! La tronche de Sarkozy ! Et son discours d’adieux ! Entre le « Je vous demande de vous arrêter » de Balladur et le « J’en tire les conséquences en me retirant définitivement de la vie politique » de Jospin… Un discours qu’il a du ré-expliquer aux responsables de l’UMP le lendemain, car visiblement ils n’avaient pas compris. Il n’y a pas de miracle. Quand on est à l’UMP, on a besoin de temps pour comprendre les choses simples.
Alors à quoi ressemble notre « monde d’après » ? Les oiseaux gazouillent-ils plus fort ? Les fleurs ont-elles plus de couleurs ? Le taux de chômage fait-il une cure de minceur ? Nos contrats précaires se sont-ils transformés dans la nuit du 6 au 7 mai en CDI à plein temps, à 1700 euros nets ? Avons-nous reçu nos allocations d’autonomie ? De nouveaux profs sont-ils venus dans nos classes pour décharger les effectifs actuels ? Quoi ? Le changement, c’était pas censé être maintenant ? Les marchés financiers n’ont peut-être pas été prévenus ! Ni les agences de notation, ni le MEDEF, ni Liliane Bettencourt (mais elle, a-t-elle au moins été prévenue de quoi que ce soit ces dernières années ?) ! Vite, allons leur dire ! Désormais, ce n’est plus comme hier. Ils ne feront plus la loi, c’est sûr !
À moins que… Peut-être aurait-on cherché à nous mentir ? Peut-être que, finalement, la propriété privée, le pouvoir d’une minorité de banquiers et d’actionnaires, tout cela n’a pas été aboli. Peut-être même que François Hollande et le Parti socialiste n’ont pas l’intention de s’en prendre à eux. Après tout, ils nous avaient envoyé des signes. Le candidat-pas-encore-élu l’avait bien dit à Londres : « La gauche a été au pouvoir pendant quinze années, durant ce laps de temps nous avons libéralisé l’économie et ouvert l’économie à la finance et beaucoup privatisé. Il n’y a pas de raisons d’avoir peur. »
Pas de raison d’avoir peur ? Pour les capitalistes, sûrement. Pour nous, si !
Alors ne lâchons rien, surtout pas les semelles de Hollande. Face à l’austérité qu’il nous prépare, préparons-nous à mener la lutte. Les vrais dirigeants, ceux qui ne sont pas élus, ne comprendront qu’un seul langage : le rapport de forces.