Face à la violence d’Etat, l’autodéfense des manifestants est nécessaire !
Si la majorité des jeunes qui manifestent aujourd’hui se mettent à crier le slogan « Tout le monde déteste la police » ce n’est pas un phénomène lié à une folie générale ou une crise d’adolescence soudaine venue de nulle part mais bien lié à l’expérience qu’ils ont fait dans le cadre du mouvement !
L’Etat matraque contre la contestation…
Aujourd’hui, on parle beaucoup de la violence dans à la télé, les journaux, le parlement… Mais ils oublient de revenir sur le fait que dès les premières manifestations, le 9 mars, la répressions policière était importante. Les charges dans les cortèges jeunes, les tirs au flashball, les grenades lacrymogènes : l’arsenal était déjà lancé contre les opposants au projet de loi.
La répression a eu plusieurs aspects : policière bien entendu, mais aussi judiciaire avec un enchainement de procès qui ont déjà débuté depuis début mai. Les charges sont parfois hallucinantes : tentatives d’homicides pour un lycéen de Nantes, pour d’autres on explique qu’ils organisaient une émeute alors qu’ils avaient des bidons de grenadines pour les manifestants… On peut aussi citer les 47 lycéens convoqués à la sûreté territoriales dans le 92 et les centaines de manifestants placés en GAV sans aucune raison. Une répression aussi administrative sur certains lycées avec des exclusions de l’établissement pour faits de grèves.
Les violences policières ont déjà leur bilan des centaines et des centaines de blessés, plus de deux cents rien que sur la ville de Rennes dont un étudiant qui a perdu un œil.
Face à cette situation, il était claire que le mouvement devait répondre à cette situation pour permettre à toutes et tous de manifester malgré les violences et les provocations à répétitions de la part des flics.
Assurer notre sécurité, c’est notre affaire !
Le gouvernement essaie d’expliquer que la présence policière disproportionné serait lié à une volonté, semble-t-il très sérieuse au vu des dispositifs policiers, de nous protéger contre on ne sait quoi…sûrement pour éviter qu’on tombe à cause des trottoirs. Pourtant c’est cette présence qui crée les affrontements entre les provocations et les détournements de manifestations décidés par la préfecture de police. Petit rappel juste histoire de, les manifestations à Rouen ont toujours donné lieu à des affrontements par contre la seule fois où il n’y en a pas eu c’est la manifestation où la présence policière était réduite au minimum.
La présence de la police a pour objectif de créer ces affrontements et de s’en prendre au manifestant. Du coup, il est nécessaire d’assurer nous même notre sécurité. En organisant dans nos entreprises ou nos lieux d’études des groupes élus dont la tâche est d’assurer la sécurité des manifestants. Ces groupes pourront s’organiser pour faire face à la police en cas de charge assurer le fait de reculer ou d’avancer le cas échéant et surtout que cela soit collectif, c’est à dire que le cortège arrive en entier et repartent en entier !
L’organisation collective, il n’y a que ça de vrai
Dans la jeunesse, une discussion s’est amorcée sur comment assurer la sécurité des manifestations entre nous et certains courants autonomes (comme courant politique) qui défendent que la solution est de tous y aller individuellement et que chacun veillerai sur chacun. Au vu de leur tactique qui est d’assumer un niveau de confrontation élevé, ce qui n’est pas forcément le cas du reste de la manifestation et même des personnes autour d’eux, ils prônent la possibilité de tous partir individuellement dans tous les sens. Pour nous ce mode de défense ne peut pas permettre la sécurité de toutes et tous. Quand ils fuient, certains ne voient pas, d’autres ne vont pas assez vite ou se trompent de sens… Pour nous, la solution est collective car c’est ce qui permet à toutes et tous, peu importe son habitude des manifestations « mouvementés », peu importe son rapport à la violence…de faire face à des situations tendus face à la police. C’est pour cela que nous structurons des chaînes de service d’ordre compacte, pour faire face aux charges possibles mais aussi envoyés le signal que nous sommes un bloc et que ce bloc se veut un et indivisible face à la violence d’état. En s’organisant comme cela, il est possible de tenir face aux gaz lacrymo et même aux charges policières. Pour tenter d’arrêter des personnes c’est au groupe qu’il faut s’en prendre qui est organisé pour faire face à cette éventualité. Ce qui est plus compliqué que lors d’un mouvement de foule qui passe par les trottoirs à proximité de la BAC. C’est pour cela que nous invitons tous les cortèges, syndicaux, politiques, de secteurs en luttes… de s’organiser comme cela et de donner des consignes aux cortèges pour s’organiser de manière compact quand les ennuis arrivent.
Et si on passait les lignes ?
L’autre discussion ouverte par cette situation est la nécessité d’être capable d’avancer malgré la présence policière que cela soit face à des coupures de manifestations comme le 1er mai à Paris ou à des détournements de manifestations par la police. Dans une telle situation, les manifestants doivent se poser la question : comment tenir et passer malgré tout, bien entendu en fonction du rapport de force et des possibilités réelles. Le meilleur exemple de cette politique est à notre avis ce qu’il s’est passé le 1er mai à Paris où la manifestation a été coupé à de nombreux endroits par les CRS. Face à une telle situation, les manifestants se sont organisés au sein du cortège étudiant avec des camarades du NPA du travail social, des postiers, des inconnus… pour franchir les lignes. En s’organisant collectivement 6 lignes de chaîne et une poussée venant du reste aussi des manifestants, les CRS ont été obligés de reculer après avoir testé la matraque, la lacrymo, les grenades de désencerclements… La force du nombre les a forcés à lâcher les lignes.
Bien entendu, il n’y a pas de recette miracle mais ce qu’il faut comprendre face à la répression actuelle c’est que le gouvernement teste différente manière pour contenir les manifestations et tenter de les contrôler. Nous devons y répondre par notre nombre, notre détermination et notre solidarité. Le fait de faire face collectivement, en groupe, en cortège permet à toutes et tous de faire face à cette situation. Chez nous, point de héros plein de testostérone mais bien la force du nombre et la capacité à répondre tous ensemble, peu importe notre rapport antécédent à la violence, notre capacité de gestion de cette situation.
Pour les suites de la mobilisation, alors que la répression augmente, et même pour après c’est ce genre de réflexe qu’il faut généraliser.