Formation impérialisme
Discussion sur la situation du monde aujourd’hui, idée dominante : c’est la paix, l’ONU et l’OTAN nous protège etc…
Enjeux de l’introduction et de la discussion : comprendre l’état du monde aujourd’hui, analyse marxiste de la situation internationale, c’est à dire de la lutte des classes à l’échelle internationale et des rapports de force entre impérialisme.
Aujourd’hui, le système est instable. Crise du capitalisme révèle ses contradictions, poches de résistances importantes dans plusieurs endroits à travers le monde contre les politiques impérialistes et libérales (Amérique latine, Palestine, Europe …).
Les grandes questions, les grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui (la crise, la crise écologique, la guerre) ne peuvent trouver de solution dans un cadre national. La solution à ces problèmes ne peut être qu’internationale -> internationalisme pas juste posture de solidarité mais perspective stratégique de renversement du capitalisme et de construction du socialisme.
1) L’impérialisme aujourd’hui / La situation internationale
A partir de l’exemple de la Grèce, comprendre les contradictions du système et les contradictions inter-impérialistes.
Aujourd’hui en Grèce : attaques très violentes menées par gouvernement PASOK (dont le premier ministre est le secrétaire de l’internationale socialiste !) contre les jeunes et travailleurs pour leur faire payer la crise et réduire le poids du déficit (12% en Grèce). Clairement offensive de classe qui vise à faire payer la crise à ceux d’en bas. Volonté d’affrontement importante pour faire passer les mesures et tentative de réponse du mouvement ouvrier (3 jours de grève générale) mais pas encore à la hauteur. Grèce est aujourd’hui le laboratoire de la bourgeoisie pour tester une politique violente pour se sortir de la crise. Cette situation peut être le futur de plusieurs pays (PIGS : Portugal, Islande, Grèce, Etat espagnol).
Cette situation révèle des contradictions dans le système de domination du monde. Contradiction dans la chaîne impérialiste :
Instabilité du système
Les pays du centre sont touchés violemment par la crise. La Grèce est un pays du l’Union Européenne donc d’un des cœurs du capitalisme, d’un des pôles dominants importants.
Nouvelles contradictions dans les rapports de force mondiaux
La crise grecque révèle l’UE comme le maillon faible de la chaîne impérialiste.
Problème pour la bourgeoisie européenne : faiblesse du capitalisme européen en tant que tel. C’est à dire que même si une série de pays centraux de l’UE sont des puissances capitalistes importantes (Angleterre avec la finance, Allemagne avec l’industrie, la France avec les industries de pointes type nucléaire, aérospatiale…) il y a des dynamiques divergentes importantes entre les bourgeoisies nationales de ces pays. Problème : le capitalisme européen ne s’intègre pas en tant que tel dans le système de domination mondiale. Du coup difficultés pour maintenir la compétition à armes égales face aux USA. L’une des solutions pour une partie des classes dirigeantes est que cela peut se faire dans le cadre d’une coopération militaire dans le cadre de l’OTAN. Mais pour assurer une compétitivité au capitalisme européen et restaurer sa place dans le système impérialiste mondial, besoin pour les bourgeoisies européennes d’en finir avec le « modèle sociale européen ». D’où les attaques successives contre les acquis sociaux (en France démantèlement du programme du CNR, en Grèce attaque sous couvert du plan de rigueur, attaques contre les retraites dans de nombreux pays etc…).
Devant cette faiblesse (relative) du capitalisme européen, tendance politique de la période est à la rivalité USA/Chine. Le centre de gravité de la situation mondiale et de la cristallisation des rapports de forces entre puissances se déplacent depuis quelques temps vers cette rivalité. Cela révèle de nouvelle contradiction autour des ces puissances dominantes.
Depuis la fin guerre froide, USA assurait leur hégémonie sur le monde par puissance économique et militaire. Aujourd’hui contradiction de l’impérialisme USA car relatif déclin de la puissance économique au détriment d’autres centres comme la Chine mais aussi en partie les BRIC (brésil, russie, inde, chine). Le choix d’Obama pour la classe dirigeante américaine était de pouvoir reprendre l’initiative sur ce terrain et de restaurer la domination US. D’où un changement de tactique dans la politique impérialiste. Mais cette tendance n’est pas compète et n’est pas irréversible, reste relative. USA reste première puissance : dollar est la monnaie de référence, domination militaire sans partage, guerres impérialiste pour s’assurer le contrôle de zone stratégique pour assurer domination US sur le monde.
La Chine a de plus en plus un rôle dominant dans la chaîne impérialiste mais n’est pas exempt de contradictions. En concurrence avec le Japon pour la deuxième place dans l’économie mondiale, croissance très forte (9/10 %). mais inégalité très importantes, très dépendante de ses exportations et d’importations d’infrastructure dût en partie à l’absence d’un marché intérieur développé. Un des enjeux futurs pour la Chine sera sans doute de stabiliser ce marché intérieur par une amélioration des droits démocratiques et sociaux.
La crise grecque révèle des contradictions importantes au sein de l’UE Discussion autour du « sauvetage » de la Grèce. Au delà des effets d’annonces, toutes les solutions envisagés consistaient à faire payer la crise à la population grecque mais en restaurant les marchés et en stabilisant le déficit. Ni la France, ni l’Allemagne n’ont d’intérêts immédiats à voir plonger la Grèce. Ex : la Grèce est le 2ème acheteur d’armes de l’Allemagne et le 4 de la France. La Grèce a commandé 6 frégates françaises d’un montant de 3 milliards d’euros.
Mais les différences de tactiques pour savoir qui aide la Grèce (Merkel disait 1/3 doit être assuré par le FMI, France et Trichet disait que des aides de l’UE) révèle des divergences entre les bourgeoisies nationales de l’UE. Révèle la nature de l’impérialisme : intersection entre concurrence économique est rivalités entre État. Des blocs se font et se défont en fonction de ce qui est perçu comme pouvant faire avancer les intérêts de la bourgeoisie nationale aux différents moments. Les alliances impérialistes ne sont pas immuables. Ex de la Grèce où des secteurs de la bourgeoisie étaient prêts à ce que la Grèce sorte de l’UE pour ne pas payer sa dette. Lénine sur l’impérialisme = « guerre économique avec des trêves ».
2) Notre conception de l’impérialisme
La crise révèle les contradictions profonde du système. La crise actuelle, crise de surproduction n’est pas un hasard où le fruit d’un conjoncture malheureuse, c’est une crise structurelle du capitalisme. Elle révèle les limites historiques du capitalisme. Le stade impérialiste du capitalisme est donc le stade suprême du capitalisme, cf Lénine.
Lénine : « L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financiers, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes. »
L’impérialisme est le stade de l’hégémonie total du capital sur le monde et de la domination des monopoles (multinationales).
Avec la crise actuelle, les capitalistes cherchent à reconfigurer en profondeur le système pour s’en sortir. Au stade suprême du capitalisme, au stade de l’impérialisme, cela ne peut se faire qu’avec des affrontements violents entre impérialistes pour une redéfinition des rapports de force et du système de domination. Cela veut dire des attaques importantes contre les salariés du monde entiers et probablement des guerres pour le contrôle de place stratégique.
L’impérialisme est l’intersection entre la concurrence économique et les rivalités géo-politiques. Le manque de nouveaux marchés à conquérir — c’est-à-dire l’inexistence de ressources qui n’appartiennent pas déjà à un autre groupe de capitalistes — veut dire que les questions économiques urgentes ne peuvent être résolues que par une confrontation violente entre les Etats pour déterminer qui sera capable de se sauver de la crise. Les rivalités inter-impérialistes entrainent toutes les bourgeoisies nationales. Des alliances instables se font et se défont en fonction de ce qui est perçu comme pouvant avancer les intérêts de chaque bourgeoisie nationale, en fonction de la puissance économique et militaire des possibles adversaires. Aucun Etat capitaliste n’est « anti-impérialiste ». Le gouvernement iranien, qui s’oppose dans les mots à l’impérialisme américain, poursuit une coopération avec les puissances comme la Chine et la Russie, et pourrait éventuellement trouver une solution d’entente avec les USA si jamais celle-ci était rentable à sa classe dirigeante.
Avec la période de crise actuelle vient une tendance à la fusion de l’Etat et du capital à l’échelle internationale, ce qui signifie deux choses.
D’abord une plus grande unité économique des capitalistes, le but étant de faire payer la crise aux travailleurs. La concurrence serait placée plutôt au niveau de la rivalité entre les Etats. Un exemple de ce phénomène est le conflit récent entre Boeing et Airbus pour un nouveau marché d’avions aux Etats-Unis. L’exclusion de Airbus de la prise de décisions à la conférence centrale a provoqué, au lieu d’une rivalité de « libre concurrence » entre les deux entreprises, une tension entre les gouvernements français et américains.
Le deuxième phénomène sont des tensions politiques violentes entre fractions de la classe capitaliste sur comment en sortir. Le débat sur quelle attitude adopter face à la faillite de l’Etat grec a fait rage parmi les bourgeoisies européennes. Une fraction, notamment autour d’Angela Merkel a adopté une approche clairement protectionniste, déclarant ne pas vouloir financer la dette et même acceptant que la Grèce sorte de l’Union européenne. Une autre a voulu maintenir l’espace économique européenne en acceptant un sauvetage européen.
Les débats entre fractions de la classe dominante s’expriment de façon parfois très violente. Historiquement elles n’ont pas toujours pu être résolues dans le cadre de la démocratie parlementaire. Rappelons que le fascisme a été la réponse préféré de certaines fractions de la bourgeoisie pour résoudre la crise de 1929, mais il a dû être imposé sur d’autres fractions par la force.
Quelles sont les conséquences de l’impérialisme ?
L’impérialisme signifie le dévoilement de la nature de classe de l’Etat. Les attaques en Grèce, 30 jours après que nouveau gouvernement social-démocrate avait promis tout le contraire, sont menées par l’Etat au service exclusivement du grand capital. Il y a un besoin urgent de mener les attaques contre travailleurs jusqu’au bout pour et faire les économies nécessaires et bloquer toute possibilité de résistance populaire. C’est une situation qu’implique un affrontement de classe d’ampleur. La Grèce est un terrain d’essai pour les mêmes attaques ailleurs. Les bourgeoisies européennes seront menées à poursuivre des réformes similaires mais la question cruciale reste : à quelles réponses s’attendre des travailleurs. Pour tenter de briser ces possibilités de révolte les classes dirigeantes ont besoin d’un nouvel hégémonie politique. Il ne suffit pas de faire face aux travailleurs par la seule répression, mais il faut qu’une partie des couches populaires soutienne activement son projet anti-social. Pour réussir le mieux à former une base de soutien populaire à des attaques sans concession, l’outil principal est le racisme et la xénophobie. L’enjeu est de former un bloc social « national ». inter-classe qui se déterminerait selon des critères définies.
Le racisme est bien évidemment une arme de division des travailleurs. Mais sa fonction va au-delà de ça. Aujourd’hui le racisme s’intègre parfaitement dans la politique impérialiste et sert à la légitimer. L’ennemi doit être désigné, à la fois à l’étranger qu’à l’intérieur, pour convaincre de la nécessité d’une politique de guerre. Pour cela le capitalisme recycle des méthodes et des préjugés plus facilement acceptés par la population. En France, pour une combinaison de son passé colonial et de la « guerre au terrorisme » l’ennemi à abattre serait principalement le Musulman et l’Arabe. C’est en effet le pire poison aujourd’hui pour mouvement ouvrier parce que il peut s’articuler avec un discours pseudo-social. Par exemple, en Grande Bretagne, il y a eu des grèves ouvrières avec comme mot d’ordre « des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques ».
La gauche a historiquement tombé dans le piège comme quand la gauche réformiste a soutenu la Guerre d’Algérie soutenue par gauche réformiste. Le racisme et la guerre ont historiquement pu être justifié aussi par des arguments « progressistes » (le besoin d’apporter la démocratie ou la culture à un « autre » plus arriéré) et nous ne sommes en aucun sens exemptés aujourd’hui de la tâche d’éviter que le mouvement ouvrier tombe dans ce même piège.
Construire la résistance sans limites
Quelle solution sera apportée à la crise politique que nous traversons dépendra en dernier lieu de la capacité de notre camp social à organiser la résistance. Qu’on soit de nouveau plongé dans une série de conflits sanglants pour le sauvetage du capital ou confronté à une possibilité de poser une alternative dépend du facteur subjectif qui est l’organisation de la classe des travailleurs. L’alternatif a été clairement stipulé par Rosa Luxembourg comme étant « socialisme ou barbarie ».
Certaines remarques doivent être faites pour nous aider dans la construction concrète des luttes nécessaires :
Il n’y a pas d’automatisme entre colère sociale et conscience anti-impérialiste. En 1914, au moment de la Première Guerre Mondiale, une vague de grèves importantes secouait plusieurs pays européens, alors que la IIe Internationale se déclarait opposé à un conflit impérialiste. Du jour au lendemain l’Internationale et les cercles pacifistes qu’il organisait ont fini par soutenir l’Union sacrée. Pour empêcher à nouveau un tel basculement de la part des directions du mouvement ouvrier, le travail politique des militants anticapitalistes sera d’une importance décisive. Nous reprenons le slogan du militant internationaliste révolutionnaire Karl Liebknecht : « l’ennemi est chez nous ».
Être internationaliste signifie soutenir les résistances à l’impérialisme, mais aussi lutter à côté des opprimés ici, contre la stigmatisation raciste. Pour empêcher une nouvelle union sacrée nous avons besoin de forger dans les luttes un bloc social anti-national—un mouvement capable de se battre sans concession contre le racisme, sur une base de confrontation avec le système qui en est responsable. Les capitalistes ont besoin de la guerre pour survivre, donc les travailleurs qui empêchent cette guerre de se tenir, en affirmant leur solidarité avec les opprimés partout dans le monde, remettent en cause le capitalisme. C’est cette résistance sans limites que nous préparons.