Formation jeunes région parisienne sur la révolution allemande
Sommaire de l’article :
- Kit de formation
- Le topo sur la révolution allemande
La révolution allemande
Avant novembre 18 :
L’Allemagne est une des deux premières puissances économiques mondiale avec l’Angleterre. Son système politique n’est pas semblable aux démocraties parlementaires présentent dans le reste de l’Europe. Il s’agit d’un empire, donc d’un régime autoritaire qui permet de réprimer le mouvement ouvrier. Pendant des années, la social-démocratie avait été interdite pour le plus grand bonheur des patrons…
Face à l’empire et l’empereur, il y a le SPD. Il ne s’agit pas de n’importe quel parti mais le parti ouvrier par excellence, une machine de guerre, qui a mis en place une réelle contre société et fait vivre chaque jour la vision du socialisme dans son fonctionnement. Il y a 1 million de membres, 4,5 millions d’électeurs, 90 quotidiens dans toute l’Allemagne. Il s’agit du lieu d’organisation de tout ceux qui veulent changer la société pour le socialisme. Le SPD croit sans cesses de la fin du XIXè siècle à la guerre de 14-18 : plus de militant, plus de voix, plus d’élu… Ce qui l’amène de plus en plus à penser que la situation peut être changé par des réformes successives d’autant qu’elle obtient des avancés démocratiques et sociales pour les ouvriers. C’est ainsi que se pose le débat entre réforme et révolution en son sein. Débat qui n’apparaît pas comme palpable à ce moment cela reste un débat dans la haute sphère du parti et qui a peu d’incidence concrète pour la base militante et la classe ouvrière en générale. Pourtant cela en aura une lors de l’approche de la première guerre mondiale. Dans le SPD, il existe des révolutionnaires sincères dans l’organisation comme Liebknecht ou Luxembourg. Mais leur poids est faible car ils sont organisés uniquement autour d’une revue et non aucune structuration au niveau national.
Tout cela explique en parti que le SPD vota les crédits de guerre le 4 août après avoir fait des meetings et des manifestations qui rassemblèrent 200 000 personnes à Berlin contre la guerre. Les déclarations orales n’ont rien à voir avec la politique pratique du SPD. Car il a peur de perdre le cadre où il avait obtenu des avancées et d’être déclaré illégal s’il s’opposait à la guerre.
Il s’agit là d’une trahison historique, non pas parce que cela fait classe de le dire dans le topo, mais bien parce que cela va à l’encontre de toutes les décisions prises dans les cadres du SPD mais aussi contre les intérêts de la classe ouvrière.
Pourtant, dans un premier temps cela n’est pas vécu comme cela par la majorité des travailleurs, ils partent pensant lutter contre l’ « ennemi Tsariste qui veut les écraser » avec la vision d’une guerre courte.
Mais la durée et les affres de la guerre vont de plus en plus entrainé un refus de celle-ci, un mécontentement et un rejet de l’empereur en place. Cette situation va permettre peu à peu aux opposants à la guerre de se déployer. Au niveau des parlementaires où des votes contres se font à partir de Décembre 1914 avec Liebknecht et de plus en plus de parlementaires SD. Mais aussi au niveau de la base avec une tentative par la ligue Spartakiste d’une manifestation contre la guerre.
La Révolution de novembre : de la Guerre à la Révolution :
Comment la situation politique a pu évoluer aussi vite ?
Il est important de comprendre que la révolution de novembre est loin d’être l’apparition spontanée des masses comme certains tentent de le faire croire mais qu’il s’agit d’une révolution qui est préparé par de nombreuses organisations et même par les révolutionnaires Russes.
La guerre, la révolution qui était cantonné au débat théorique vont avec la guerre devenir des désaccords qui auront des incidences dans la pratique quotidienne et dans l’activité des organisations.
Face à la guerre, c’est la ligue Spartakiste qui prend la première initiative pour tenter de créer un mouvement contre celle-ci. Le 1er mai 1916, elle réunit 2 500 personnes autour de Liebknecht. La deuxième date de mobilisation se fait le 21 juin de la même année autour de la répression que subit Liebknecht à cause de son discours anti guerre. Cette date voit la première grève politique qui réunit 50 000 personnes.
Le tournant majeur viendra de la révolution russe qui à partir de février 1917 devient un modèle de soulèvement contre un régime politique autoritaire en place qui a un écho important en Allemagne. Car cela donne confiance aux militants mais aussi aux ouvriers qu’ils sont en capacité de changer les choses. L’apparition des soviets devient aussi un élément important dans les mobilisations car des militants ouvriers les mettent en avant dans les bagarres qui se multiplient au vu de la dégradation de la situation économique qu’entraîne la guerre.
Dans cette situation de tension pour la bourgeoisie, celle-ci cherche à frapper très fort pour calmer la situation, ce qui comme pour Liebknecht est une erreur. Elle arrête un syndicaliste des Metallos pour arrêter les grèves. Mais c’est l’effet inverse qui se produit car le lendemain, le gouvernement fait face à une grève de 300 000 metallos à Berlin.
Cette radicalisation, cette affrontement à la guerre va entrainer la matérialisation du désaccords qui exister dans le SPD face à la guerre. Avec l’apparition de l’USPD le 9 avril 1917, issu d’une scission avec le SPD avec comme base politique l’opposition à la guerre et la reconnaissance des soviets, c’est à dire de l’auto organisation des travailleurs.
C’est un phénomène extérieur qui va entrainer l’accélération de l’affrontement en Allemagne. Après la révolution d’octobre de 1917, la Russie soviétique cherche un accord pour un armistice avec l’Allemagne. Trotski, qui mène la négociation, va chercher à montrer le vrai visage de l’Etat Major Allemand et que le but de la guerre est le contrôle de territoire. Pour beaucoup de travailleurs, il s’agissait d’une grève défensive d’autant plus que le SPD leur inculquait ça. n’ont qu’une seule volonté : continuer à envahir la Russie et non être sur la défensive. L’idée est de déclencher un profond sentiment de colère qui pourrait se traduire par une révolution en Allemagne et en Autriche. Ce n’est pas la révolution mais la grève entraine 400 000 personnes le 28 janvier et 500 000 le lendemain. Il s’agit d’une énorme réussite même si cela ne débouche pas sur la révolution car il s’agit de la plus grosse grève politique de masse de l’Europe.
Dans cette situation, les ouvriers ont pris conscience qu’ils étaient capables de se mobiliser dans un Etat quasi totalitaire et qu’ils pouvaient changer les choses par eux même avec l’expérience Russe. De plus, les masques sont tombés : il y a un profond sentiment anti guerre qui naît. Ce n’est plus une question débattue théoriquement mais une question d’agitation concrète dans la lutte des classes : il est possible des déclencher des grèves contre la guerre et ses conséquences. Cela ouvre une nouvelle phase où les luttes augmentent partout en Allemagne.
La préparation :
La défaite militaire et les grèves entrainent une crise politique au sein de la bourgeoisie qui fait rentrer des sociaux démocrates dans le gouvernement pour tenter d’apaiser les tensions, en leur faisant porter le poids de l’armistice et les SD y rentre pour « empêcher l’écroulement de l’Etat ». De plus, la bourgeoisie se divise face à la question de la paix et ne peuvent plus diriger comme avant. Les ouvriers n’en peuvent plus de la faim, la misère… Et ils prennent conscience que le régime politique doit être changé.
Alors en octobre 1918 une conférence est convoquée par la ligue spartakiste avec les radicaux pour préparer la révolution à travers la mise en avant des conseils ouvriers et le renversement du gouvernement. Au cours du mois d’octobre, la confiance des travailleurs augmente ainsi que leurs expériences. En parallèle les organisations commencent leur travail dans l’armée. Il faut noter que le SPD tract contre les conseils ouvriers et va les rendre populaires là où il n’y avait parfois aucun révolutionnaire car cela fait écho aux soviets en Russie.
Pour autant le déclenchement ne sera pas le fait des révolutionnaires mais encore une fois de la bêtise de la bourgeoisie. L’empire avait décidé de signer l’armistice mais la marine ne voulait pas lâcher sa flotte, ils tentèrent alors une sortie pour un combat final afin que la flotte ne soit pas prise par d’autre pays. => mutinerie des soldats qui prennent le pouvoir à Kiel le 3/11. Un conseil de soldat est mis en place et le mouvement se propage en 48h à tous les ports du nord, grâce au travail préparatoire et la colère, avec des conseils qui ont le pouvoir. Exemple : Hambourg où manifestation de 40 000 ouvriers-soldats qui prend le contrôle de la ville et de la presse en titrant : « La révolution mondiale a commencé ». Le 6/11 le Nord Ouest entier est contaminé par la révolution. Mais le problème reste le cœur de l’Allemagne : Berlin avec la plus grosse concentration de soldat. Les révolutionnaires (Spartakistes et Délégués (Metallos)) tentent de trouver un accord avec les SD pour lancer la révolution mais l’USPD ne veut pas rompre avec le SPD. Alors Karl et Ernest Meyer signe un tract appelant à la prise du pouvoir au quel se rallieront l’USPD et les DR par la suite. La Révolution à Berlin est extrêmement préparé avec des sondages dans les différents comités et tout est préparé pour le 11/11. Mais là encore, la Bourgeoisie réprime en arrêtant un militant. Alors la GG est appelé par le 9/11 par les révolutionnaires : cela devient rapidement une insurrection. Les ouvriers descendent des faubourgs vers le centre de Berlin en ouvrant les casernes et en fraternisant avec les soldats. L’USPD y appelle seulement 5h après alors qu’il y a déjà des ouvriers en arme dans les rues. En à peine 7h, la victoire est acquise : le château de l’empereur et la préfecture de police sont prises, on dénombre 15 morts dans la journée uniquement des ouvriers tués par des officiers de l’armée.
Le mouvement a donc renverser le régime politique en place par la mobilisation de la majorité des travailleurs, qui vont créer des cadres d’auto organisation : les conseils ouvriers et de soldat qui fleuriront partout en Allemagne prenant exemple sur la Russie.
Le problème du pouvoir : comment la victoire a pu échapper aux travailleurs ?
Le 9 novembre, la victoire apparaît comme totale, tout semble à reconstruire, les soldats sont du côté des travailleurs, l’Etat Major a fui et a même envoyé une note demandant aux officiers de ne pas résister. On assiste même à des conseils d’usines qui contrôlent l’ensemble des aspects de certaines villes.
Dans cette situation, la bourgeoisie a appris de ses erreurs et a compris que fasse à une classe ouvrière mobilisé cela ne sert à rien de tenter de l’écraser. L’effet serait de la radicaliser encore plus. Alors elle se cache et se sert à la fois de la SD et de l’inexpérience des masses pour apaiser la situation.
Au contraire, la classe ouvrière et les organisations comme la L.S ou l’USPD n’ont pas anticipé cette question. Bien sur cela s’explique, car c’est la première fois que toute la classe ouvrière se confronte à ce problème et surtout se le pose.
Le débat qui va faire rage : que faire quand il n’y a plus de gouvernement ? Les ouvriers possèdent les rues, ils ont des cadres politiques de décision et ils ont mis en place des commissaires du peuple après le 9 novembre.
Dans cette situation, la social démocratie va tout faire pour que l’ordre revienne. Dans un premier temps, il faut noter la métamorphose de la SD dans le processus. Il s’opposait aux conseils ouvriers, ils ne l’ont pas fait pendant le mouvement révolutionnaire. Ils ont même couru après. Quand les ouvriers étaient en Grève Générale, Ebert (SD) se présente à l’empereur : nommer moi chancelier de l’empire, ce qui est fait. Mais les ouvriers sont déjà en arme, alors il demande à être nommé chancelier républicain : ils acceptent. Mais Liebknecht proclame la République socialiste Allemande alors il demande à être commissaire du peuple.
La première décision des commissaires du peuple va être de maintenir les fonctionnaires, les juges, les secrétaires d’Etat en place. Bref à laisser l’Etat tel qu’avant. Autant dire, que l’Etat c’est juste vu coiffé d’une casquette au lieu d’une haut de forme car tout fonctionne comme avant, ceux sont les mêmes qui décident. Cette situation est encore plus criante dans l’armée. Les soldats mettent en place es conseils pour décider de ce qu’ils font, mais ils maintiennent la structure de justice militaire. Ils ont donc des cadres d’auto organisations qui doivent obéir aux officiers.
Pour liquider les conseils ouvriers, la SD va préparer le congrès des conseils ouvriers et de soldats avec une motion qui demande la mise en place d’une constituante et d’élection. Afin de retirer le pouvoir des conseils d’usines et mettre fin à la situation de « double pouvoir ». Le 16.12 : deux motions s’affrontent, l’une demande des élections parlementaires et l’autres demandent que tous les pouvoir soit transmis aux soviets. Dans cette situation c’est la première motion qui est majoritaire car il n’y a pas de compréhension à une échelle de masse ni un parti capable de défendre cela largement que le socialisme ce n’est pas juste renverser le gouvernement. Ainsi les travailleurs et les soldats votent la première motion en criant : « Vive la République Socialiste Allemande » alors qu’il venait de remettre le pouvoir au main des anciennes institutions.
Là il faut s’arrêter sur un élément important pour comprendre la situation. À une échelle de masse, il n’y a pas de différence claire entre les organisations « socialistes » que sont le SPD, l’USPD et la L.S. De plus, la majorité des ouvriers ont une confiance totale dans le SPD même si la dynamique révolutionnaire fera que les révolutionnaires auront l’impression d’être majoritaire à Berlin car des manifestations interdisent la parole aux SD L’exemple le plus flagrant est qu’à Kiel, lieu de départ de la révolution, Noske sera nommé gouverneur alors qu’il sera l’acteur principale de la contre révolution. À cela s’ajoute la faiblesse politique des révolutionnaires qui ne sont pas capable de défendre des mots d’ordre à l’échelle nationale, ne sont pas implanté dans la classe ouvrière et surtout n’ont pas de plan en tête pour faire face à cette situation. Par exemple, sur la question de l’augmentation des grèves pour la socialisation en décembre/janvier : le SPD défendra qu’il faut arrêter les grèves puisque les ouvriers sont au pouvoir. Face à ça, la L.S répondra : « laisser faire la spontanéité ouvrière »… qui est plus crédible là ?
Une révolution politique mais pas sociale :
Une des faiblesses de ce processus révolutionnaire est qu’il s’agit d’une révolution politique mais pas socialiste. Il y eut des grèves mais assez peu en réalité et elles n’entrainèrent pas la réappropriation des moyens de productions par les travailleurs. Pourtant c’est là où ça fait mal, il s’agit du cœur de système : bloquer l’économie, remettre en cause son fonctionnement aurait permit de s’affronter aux capitalistes et de poser les bases d’une société socialités où les travailleurs gèrent le politique et l’économique. Même si les grèves commencèrent à exploser mi-décembre mais la révolution était déjà liquidé pourtant il s’agit de la démonstration que la phase révolutionnaire n’était pas fini : les grèves augmentaient, ainsi que l’expérience…Les révolutionnaires n’ont pas forcement poussé dans ce sens dans un premier temps. Ils se sont contentés d’occuper les casernes, les mairies…Ce qui permettait de prendre le pouvoir politique mais ne posait pas la question du pouvoir économique.
La contre révolution :
Face aux grèves et à l’augmentation de l’expérience et du niveau de conscience. Les institutions économiques sont remises en cause car les travailleurs voient que les patrons sont toujours là et les exploitent toujours. Le gouvernement SD qui sort des élections n’a pas d’autre choix que de l’écraser. Mais elle n’a plus d’armée en capacité de faire ça. Ils choisissent alors la mise ne place des « corps francs » composés d’ancien militaire et officier largement d’extrême droite. Noske (SD) tiendra alors sa célèbre phrase « Il en faut bien un pour jouer le chien sanglant ».
Et l’Etat provoque les masses pour qu’elle passe à l’action justifiant ainsi leur écrasement : le 6/12 ils tuent des ouvriers, le 24/12 ils massacrent des marins. Mais c’est la destitution du chef de la police de Berlin qui met le feu au poudre. Les travailleurs se soulèvent et s’arment à l’appel de la L.S, USPD et des Hommes de confiance. DU 5/01 au 14/01 bataille dans Berlin pour la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire mais écrasé. Pas passé loin pourtant : Noske dira que si y avait eu une direction qui n’aurait pas tergiversé. Le gouvernement serait tombé. Après le 14/01 c’est l’écrasement du mouvement dans toute l’Allemagne.
Ccl de Novembre :
Cette expérience historique montre que la révolution ne peut pas être juste le fait d’un soulèvement spontané des masses car elle ne peut pas résoudre toutes les questions sans expériences préalables. Malgré tout, elle doit être préparé pour s’assurer d’être en capacité de faire face à la bourgeoisie et entrainer le plus de monde possible.
Tout ce travail, c’est aussi ça le bilan de novembre est, c’est celui d’un parti révolutionnaire qui se pose les questions avant, qui tentent de proposer des pistes pour les résoudre en proposant une politique qui va dans ce sens. Mais ce parti doit être un parti implanté à l’échelle nationale dans la classe ouvrière. La ligue Spartakiste ne correspondait pas vraiment à ça puisqu’elle rassemblait 3 000 personnes. Mais une chose a été importante, dans ce processus, c’est la prise d’initiative des révolutionnaires pour faire des tests et déclencher la révolution à Berlin sans prise d’initiative l’affrontement peut ne jamais arriver et laisser passer l’occasion. Comme en 23 . C’est dans ce sens que Rosa et Karl tentèrent de fonder le KPD pendant le processus.
Le processus de novembre se finit en janvier mais ne veut pas pour autant dire que le mouvement révolutionnaire est détruit.
1919-1921 : Nouvelle période : Nouveau Parti ? Nouvelles stratégies ?
De la LS au KPD
Le parti qui manquait en novembre 1918, tente d’être constitué en Décembre 18 avec comme but de créer un Parti Communiste Allemand afin de réunir dans la même organisation tous les révolutionnaires qui étaient en faite dans des groupuscules avant. Pour Karl et Rosa, ce parti doit répondre au faiblesse de la révolution de novembre : s’implanter pour déclencher des grèves, avoir une politique national cohérente. Le congrès se déroule en pleine crise révolutionnaire et ils espèrent créer un parti révolutionnaire de masse. Même si l’écho rencontré est favorable : 20 000 en meeting à Berlin. Il s’agir d’une organisation de 12 000 personnes au 1er janvier 1919. La faiblesse de se nouveau parti vient du moment de sa constitution qui fait que la majorité des militants pensent que les élections, les syndicats sont inutiles car des éléments de la bourgeoisie.
L’organisation aura des travers gauchiste qui entrainera des erreurs dramatiques après et fera fuir les ouvriers. Il ne s’agit pas d’un pôle d’attractivité car l’USPD répond au rôle de radicalisation des masses en étant dans les syndicats en apparaissant comme ceux qui luttent et défendent le socialisme.
Nouveau temps politique / Nouvelle réponse de la bourgeoisie :
L’expérience révolutionnaire de novembre va entrainer une explosion des luttes et du niveau d’organisation des ouvriers.
Les revendications portées lors du mois de Novembre par les ouvriers ne sont pas mises en place comme la journée de 8h ou la socialisation. Les travailleurs se rendent largement compte qu’ils ont été dupés sur leurs revendications économiques. À ça se rajoute le traité de Versailles qui aggrave la crise et la vision que la nature de l’Etat n’a pas changé : les fonctionnaires locaux n’ont pas changé et la politique socialiste ne s’applique qu’en faveur des patrons. C’est pour cela qu’on voit l’explosion du nombre de jours de grève qui passe de 5 millions en 1918 à 50 millions en 1919 qui mêlent à la fois des revendications économiques et politique.
On passe de 2 millions de syndiqués en 1918 à 7,3 millions fin 19. Mais cette situation ne veut pas dire que les révolutionnaires sont majoritaires de manière mécanique. Aux élections de 1919, la SD a un score de 11,5 millions de voix et l’USPD 2,3 millions. Le rapport de force entre les organisations va changer au cours des grèves et les travailleurs qui luttent vont de plus en plus porter leurs regards vers le KPD et la gauche de l’USPD qui sont les seuls à soutenir les grèves. Dans cette situation, la bourgeoisie est incapable de stabiliser la situation : les grèves frappent là où ça fait mal : aux profits et au porte feuille et les patrons sont obligés de lâcher pour éviter l’explosion de la situation. Les accords de Versailles obligent la bourgeoisie a payer ses dette. La SD n’est plus en capacité de canaliser toutes les luttes.
De plus, elle frôle le drame avec le soulèvement en Bavière qui en allant très vite, en mars 19 met en place une vraie république socialiste pendant 10 jours où les ouvriers s’organisent eux même contrôle la politique, la production… Mais surtout, cela fait le pond avec la république socialiste de Hongrie et dans une situation internationale explosive : le risque existait d’un embrasement généralisé dans la région qui aurait fait un pond avec Moscou.
La situation n’était plus tenable. Une frange de la bourgeoisie va alors faire le de tenter un coup d’Etat avec l’armée autour du général Kapp. Il s’agit d’une frange de la bourgeoisie, importante, basée sur l’ancienne couche dominante qui était proche de l’armée sous l’empire.
Le 13 mars 1920, des colonnes de soldats entrent dans Berlin et déclarent le renversement du gouvernement. Cette situation s’explique par la justification des corps francs sur lesquels se sont appuyés les sociaux démocrates pour écraser le mouvement révolutionnaire et la mise en place de force d’élite entrainé spécifiquement à la lutte contre révolutionnaire. Face à un pan de l’armée qui tente de prendre le pouvoir la lutte armée direct n’est pas la meilleure arme des ouvrier. Dans cette situation et c’est ce qu’il se passe, la meilleur arme est la plus grande unité possible de la classe ouvrière contre les putschistes dans le cadre d’une grève générale. Mais l’initiative ne vient pas de l’USPD ni du KPD mais des syndicats sociaux démocrates dans la personne de Liegen qui était un Bureaucrate finie mais comprenait bien l’importance de défendre la république. Ils appelèrent ainsi à la grève générale dès 11h, la grève commence à midi et s’étend à tout le pays le lendemain. Le mouvement est impressionnant, plus rien ne fonctionne même le gouvernement ne peut pas tirer des affiches, il n’y a plus de transport, plus d’eau… Tout est paralysé. Le coup d’État échoue rapidement car il ne peut rien contrôler.
D’autant plus que la grève générale qui au début était passive et uniquement défensive commence à prendre l’offensive à certains endroits où les ouvriers se sont armés et tiennent tête aux militaires.
Le gauchisme du KPD :
Le KPD va faire preuve d’un gauchisme désastreux car il n’appelle pas à la grève générale car il n’est pas prêt à défendre un gouvernement bourgeois sans comprendre que la dictature est une forme plus violente de domination que la démocratie parlementaire. Il ne fait aucune distinction entre les deux.
Pourtant, il y a des exemples de militants qui en n’ayant pas suivi la consigne nationale vont être en capacité d’influencer très largement le mouvement. C’est l’exemple de la ville de Chemnitz où les militants communistes sont des militants ouvriers qui ont acquis un poids important avec les luttes partielles antérieurs et le travail dans les syndicats. C’est en ayant militer avec d’autres franges de la classe ouvrière et en ayant démontré qu’ils étaient capable de diriger des mouvements qu’ils purent défendre une orientation qui fut adopté par les ouvriers dans le mouvement. Ils réussirent à mettre en place des conseils ouvriers, à armer largement les travailleurs tout en désarmant la bourgeoisie. La ville est contrôlée par les travailleurs dans le cadre de conseils ouvriers. Mais cette situation est minoritaire à l’échelle de l’Allemagne. Les seuls cadres de directions qui existent sont des sortes de comité exécutifs qui décident de la grève et des actions armés sans avoir forcément des cadres de base. Mais ces cadres vont tout de même poser la question du pouvoir.
La question du gouvernement ouvrier :
Ainsi le 16 mars, Kapp dégage mais le mouvement n’est pas fini même si la SD appelle à arrêter la grève. Car pour la première fois les organisations ont combattu ensemble l’ennemi de classe et ont même souvent défendu ensemble des mots d’ordre révolutionnaire. Dans cette situation, la classe ouvrière a largement pris conscience de sa force. Face à ça, le gouvernement SD qui avait fui lors du putsch va mettre en place l’Etat d’urgence posant ainsi la question : que va-t-il faire face au mouvement ? Les travailleurs se sont ils battus pour le gouvernement ?
Dans cette situation, il était possible, pour les ouvriers qui étaient mobilisés et avaient pris conscience de leur force en s’unissant, d’aller plus loin que la défense de la démocratie bourgeoise. D’autant plus que le gouvernement SD avait perdu toute crédibilité lors de sa fuite face au putsch.
Alors Liegen posa la question du gouvernement ouvrier pour trouver un déboucher à cette lutte. Un gouvernement qui réunirait les SD, l’USPD, le KPD et les syndicats.
Il y a donc eu une grève générale historique qui a tout paralysé et mis en fuite le coup d’Etat face à une mobilisation de la très grande majorité de la classe ouvrière.
Mais il n’y a pas d’organe d’auto organisation à la base pour prétendre au pouvoir. Il aurait fallu défendre la perspective du gouvernement ouvrier qui aurait pour but de pousser à l’auto organisation des travailleurs dans tous les lieux de la société que cela soit dans les entreprises ou dans les villes, il aurait pu exproprier les grandes entreprises, démanteler les corps francs, créer des organes de défense ouvrière officiel.
Hélas, rien ne s’est passé et finalement et la SD retourne au pouvoir et la bourgeoisie prépare son offensive.
L’erreur du KPD s’explique par sa volonté de ne pas faire preuve d’aventurisme ou de putschisme comme il put le faire en janvier 19. Cette situation qui revient à un cercle vicieu aura des conséquences graves après et entraine un débat important en interne. Il est donc important pour un parti révolutionnaire d’être capable de prendre des initiatives tout en réfléchissant aux mots d’ordres pour à la fois ne pas se couper des masses mais aussi ne pas être trop en retard
Fusion de l’USP et du KPD :
Les évènements des années 1919 et 1920, les expériences de luttes, le virement à gauche des masses se traduit par le fusion de la gauche de l’USPD et du KPD dans le même parti, donnant naissance ainsi à un KPD de 500 000 militants.
Cela a pour conséquence, une politisation grandissante des masses avec la prise de contrôle par le KPD de plusieurs syndicats.
Le 1er test réussi de ce nouveau KPD va être la lettre ouverte sur une grève des métallos qui débutent en janvier 21 à l’initiative des communistes qui prennent le contrôle du syndicat. La centrale du KPD envoie alors une lettre ouverte aux autres organisations pour leur proposer une bataille commune sur des revendications précises : salaires, temps de travail…Le refus des autres organisations va entrainer une augmentation du poids des communistes chez les grévistes ce qui leur permet de prendre le contrôle d’autres syndicats.
La Théorie de l’offensive révolutionnaire :
La situation à l’échelle internationale et les partis communistes de masses qui se constituent vont faire croire à l’Internationale Communiste et à des dirigeants du KPD que la révolution arrive à grand pas et doit être provoqué partout où il y a des partis communistes de masses. Ainsi apparaît la théorie de « l’offensive révolutionnaire » qui forcerait la révolution par un coup d’éclat d’une minorité de la classe ouvrière organisée dans les partis communistes. En Allemagne, cette tactique se met en place en mars 21 si la bourgeoisie venait à prendre l’offensive.
Et justement, la situation s’est stabilisé d’un point de vu économique et politique. Alors la bourgeoisie est capable d’être à l’offensive sur les salaires… La classe ouvrière est divisée avec un poids toujours important des sociaux démocrates qui mènent une campagne contre les communistes qu’ils accusent de putschisme.
En Saxe, les SD veulent reprendre le contrôle des mines et les font occuper par l’armée. Le KPD tentent alors de déclencher l’insurrection avec des troupes armées tout en appelant à la grève générale. Mais il n’y aura que 200 000 grévistes quand le parti compte plus de 400 000 membres. C’est un échec cuisant d’autant plus qu’ils tentent de forcer les choses en bloquant les usines avec des armées de chômeurs et que le journal déclare : « soit vous êtes avec nous, soit vous être contre nous ». Ainsi le KPD s’oppose à la classe ouvrière qui ne suit pas le mot d’ordre mais aussi à ses militants.
Bilan : une erreur sans commune mesure. Les travailleurs n’étaient pas prêt à l’action et l’offensive d’une minorité ne peut renverser à elle seule le système. Il faut un mouvement de masse entrainant la majorité des jeunes et des travailleurs qi s’organisent dans des cadres d’auto organisation pour contrôler tous les aspects de la société. Cette situation n’existait pas en mars 21.
Même en tant que parti de masse : le KPD n’est pas à lui seule la classe ouvrière et après cette action il est encore moins sa direction. C’est aussi un des bilan : l’action entraine une crise du parti entrainera la perte de centaines de milliers de militants mais surtout il perdra la confiance des masses. Mais cette action s’explique par la théorie de l’offensive révolutionnaire ainsi que la situation interne du KPD. La fusion avec l’USPD et ses scores électoraux ont entrainé une illusion de toute puissance du KPD. En interne la base militante souhaitait en découdre avec le système mais n’avait pas forcement connu de lutte défensive à proprement parler. Finalement, le parti qui avait manqué en 1918 existait en 1921 mais c’est l’expérience qui a manqué à ce parti entant que parti de masse. Une expérience qui l’a poussé à calquer ce qu’il s’était passé avant et en évitant « l’attentisme » qui le caractérisé dans la période d’avant, sans comprendre que la situation était plus stable pour la bourgeoise, qu’elle passait à l’offensive et surtout que mes sociaux-démocrates avaient fait de la lutte anti communiste une de leur clef de voûte ce qui leur permettait de mieux contrôler les masses.
Cette nouvelle situation va pousser des dirigeants de l’internationale, Lénine et Trotski, à mettre en place une nouvelle tactique. Car les masses dans une situation d’offensive de la bourgeoisie et de recul des luttes ne glisse pas mécaniquement vers le communisme, il faut les gagner. C’est pour cela qu’ils avancèrent la théorie du Front unique.
De la conquête des masses à la défaite sans combat :
Le passage de la théorie de l’offensive révolutionnaire à la théorie du front unique entrainera un véritable « miracle » pour le KPD et la classe ouvrière Allemande dans une nouvelle situation politique. Le parti divisé et explosé par l’action de Mars deviendra un parti de 500 000 militants avec une plus grande implantation et une plus grande utilité pour la classe ouvrière.
Crise économique :
Une crise sans commune mesure va secouer l’Allemagne à partir de 1922 et les effets se feront sentir violement en 1923.
L’inflation va explosé, depuis 1921 le Mark perd de sa valeur ce qui est soutenu par la bourgeoisie allemande pour pouvoir plus exporté. Le dollar valait 1000 marks en avril 1922, il en vaudra 6 000 en novembre. Mais en 23 c’est l’accélération : 96 000 marks le 17 mai en septembre il vaudra 325 000 000. Bien entendu cela a une incidence sur la situation des ouvriers avec l’augmentation des denrées alimentaires ainsi que la baisse de leur salaire. Un œuf passe de 300 marks en février 23 à 30 000 marks le 8 août. Un ouvrier de a métallurgie qui gagnait 3 000 marks par semaine à la fin 22 il en touchera 4 000 000 en juillet 23. Pour donner des proportions plus compréhensible : les salaires sont 87 000 fois plus élevé quand les prix le sont 286 000 fois comparé à 1914. Autant dire que la situation économique est désastreuse : le chômage explose, les ouvriers meurent de faim… La majorité de la population est prolétarisé ou même sous prolétarisé.
Polarisation politique :
L’Allemagne traverse en 1922-23 une crise politique importante lié au traité de Versailles. Les partis de droite refuse de payer la note et accuse le traité de créer l’inflation, les SD souhaite payer et le centre ne sait pas trop. Ce qui créer une instabilité gouvernementale grandissante avec des changements de ministre, de gouvernement……=> cela augmente le poids de l’extrême droite qui a très bien su s’organiser dans les corps francs grâce à leur utilisation par les SD pour écraser la révolution. De plus, une partie de la bourgeoisie allemande fait le choix de financer cet extrême droit en la finançant comme le patron Stringer car ils pensent ne plus pouvoir compter très longtemps sur une démocratie parlementaire pour calmer les choses.
La France souhaite récupérer les indemnités liés au traité de Versailles, elle avait juste été freiné par la crise révolutionnaire que connaissait l’Allemagne. Maintenant que tout semble s’être calmé, elle souhaite passer à l’offensive pour les récupérer.
=> La France et la Belgique envahissent la Ruhr la 3è semaine de janvier 1923 pour obtenir les réparations. On assiste alors à un retour de l’unité nationale autour du mot d’ordre de « résistance passive » que lance le gouvernement. Les syndicats et les patrons se mettent d’accord sur des revendications salariales pour ne pas déclencher de grève ce qui aggrave la situation économique.
Dans cette situation le poids des communistes va littéralement explosé même à des endroits où ils n’existaient pas : Landtag d’une région rurale où ils ne se présentaient pas en 1920, en juillet 1923 ils font 1/5è des voix. Les chiffres du parti explosent avec une augmentation du nombre de militants et de son influence.
// Une partie de la bourgeoisie commence à financer l’extrême droite qui a un écho particulier dans la situation d’ « union nationale contre l’occupant ». De plus, elle est soutenue par la Bavière qui est une région qui offre l’asile politique aux militants d’extrême droite. Il y a ainsi une armée de 45 000 personnes. Ainsi la petite bourgeoisie déclassée et les anciens soldats ont un pôle qui répond à leurs aspirations et leurs situations. De plus, ils apparaissent comme une force de proposition claire en expliquant que tout vient de Traité de Versailles. D’autant plus qu’ils luttent concrètement contre les troupes françaises.
Le Front Unique : Unifier la classe pour devenir majoritaire !
La situation politique a changé et la bourgeoisie menait largement l’offensive contre les salariés. Après l’échec de l’offensive de 21, la situation était à la défensive. Pour cela l’International Communiste formula la théorie du Front Unique qui permet d’unir toute la classe dans un combat commun sur des revendications précises mais aussi de démontrer la volonté d’unité des PC tout en démontrant qu’ils sont les seuls à vouloir se battre jusqu’au bout. La tactique du Front Unique va se faire entre organisation au sommet à l’échelle nationale et même Internationale avec une réunion des trois internationales mais aussi à la base à travers la mise en avant des conseils ouvrier d’usine comme organe de décision, de contrôle et de lutte.
Le Front Unique va d’abord porter sur des bagarres économiques dont le meilleur exemple est la grève des cheminots au début de l’année 1922. Dans une phase où les patrons sont à l’offensive, ils tentent de licencier des milliers de cheminots. . Face à ça, les dirigeants syndicaux SD acceptèrent la situation et la résistance démarra d’un syndicat plutôt conservateur car il pensait qu’une bataille syndicale était possible sans franchir la barrière politique. Mais le gouvernement voyait dans cette grève une question politique car une victoire donnerait confiance à la classe ouvrière. Du coup, ils firent arrêter les dirigeants, saisirent la caisse de grève et usèrent de la force pour la briser. Le KPD devint une force de soutient matérielle dans ce conflit avec des militants, des caisses de soutien ce qui lui permit de convaincre des milliers de cheminots que seul la lutte payé et qu’il fallait continuer même quand les dirigeants syndicaux les lâchèrent.
Mais le travail du KPD permit de déclencher des luttes de solidarité dans plusieurs entreprises de Berlin. Ils réussirent même à déclencher une grève de 200 000 métallos dans le sud de l’Allemagne.
Ce qui renforça énormément le poids du KPD dans le secteur et même plus largement.
La montée de l’extrême droite va entrainer la mise en place d’un front unique contre le fascisme. Durant juin 22, il y eut des affrontements entre fascistes et ouvriers. Le KPD appela dans une lettre ouverte les organisations à constituer un front antifasciste. Les SD ne répondirent pas mais la lettre fit écho à l’attente de beaucoup de travailleur surtout quand l’extrême droite assassina Rathenau. Les militants SD marchèrent au côté des communistes partout en Allemagne. Cela poussa les SD à agir et à regrouper le KPD, le SPD, l’USPD et les syndicats pour une plateforme commune contre l’extrême droite : désarmement des groupes para militaire, libération des prisonniers politiques, milices ouvrières. Le KPD lia cette question à la question du contrôle des entreprises et des prix qui en réalité élargissait le rôle et le poids des conseils d’usines qui avaient été peu à peu intégré dans le fonctionnement des usines.
Cette situation se prolongea dans la formation de centuries ouvrières qui avaient pour but l’autodéfense des ouvriers contre les groupes paramilitaires mais aussi contre la police lors des grèves… Le phénomène se propagea dans toute l’Allemagne par l’initiative du KPD mais étaient dirigés par des membres élus issu des cadres de front unique existant. Le 1er mai 23, lors des défilés ils démontrèrent leur force : 25 000 miliciens à la tête de la manif de 500 000 de Berlin… Dans cette situation le gouvernement les interdit mais cela ne fonctionna pas dans la pratique. Elles servirent aussi à faire appliquer les décisions des conseils d’usines à certains moments contre la hausse des prix…
Ainsi le KPD gagna de plus en plus de poids que cela soit électoralement mais aussi en terme de direction de syndicat, de ville, d’élus… avec 38 quotidiens locaux…En juillet 23, ils dirigent 2,5 millions d’ouvriers dans les syndicats soit 37% des syndiqués. Les jeunesses communistes passent de 30 000 adhérents à la fin 22 à 70 adhérents en juillet 23, elle est en capacité d’organiser des manifestations de centaines de milliers de jeunes.
Le niveau des luttes explosa aussi, les grèves se multiplient sur un caractère économique mais aussi politique contre le gouvernement Cuno qui est en place. De plus, les syndicats freinent les mouvements et les cadres d’auto organisation prennent de plus en plus de place dans les décisions de grèves par exemple lors de la grève qui dégagea le gouvernement.
La question du gouvernement ouvrier :
Face à Kapp la question du gouvernement ouvrier avait été une question que le KPD avait rejetée. Mais cela devint rapidement un mot d’ordre des communistes pour montrer leur volonté de concrétiser les cadres de front unique en posant la question du pouvoir.
Mais cette question ouvre un débat : est-ce la dictature du prolétariat, comment faire et dans quelle situation ?
L’idée général à ce moment est de poser la question du pouvoir dans le cadre des grèves et des revendications quand il n’y a pas assez de cadre d’auto organisation pour concurrencer le pouvoir de la bourgeoisie avec une situation de double pouvoir : l’Etat et les organes ouvriers.
Pour participer ou soutenir un gouvernement ouvrier le KPD met en avant des mesures de transitions qui doivent être appliqué par ce gouvernement :
- Uniquement organisation ouvrière
- Assume de s’affronter contre le capitalisme : appuie sur les conseils ouvriers, milice ouvrière, désarmement des forces réactionnaires. Mais la lutte la plus importante sera celle qui se déroulera à l’extérieur du gouvernement pour mettre en place les conseils ouvriers et éviter toute traitrise du gouvernement.
Sans rentrer dans les débats, il est clair que cela a posé de nombreuses questions qui ne furent pas forcément toutes résolus mais ils soutinrent ce mot d’ordre comme moyen de transition vers la dictature du prolétariat à un moment où la république des conseils n’étaient pas une réponse crédible à la situation politique où la classe ouvrière était sur une position défensive.
Radek : « Il serait faux de dire que l’évolution de l’homme, du singe au commissaire du peuple, doit obligatoirement passer par la phase du ministre du gouvernement ouvrier. Mais cette variante est possible ».
Il ne s’agit donc pas d’une obligation mais d’une possibilité. Mais les interrogations ne resteront pas théoriques très longtemps puisqu’en mars 23, les SD de Saxe vont composer un gouvernement ouvrier uniquement de SD sans alliance avec la bourgeoisie et les communistes vont les soutenir car ils acceptent la mise en place de centuries et la libération des prisonniers politiques.
La crise révolutionnaire :
L’augmentation des luttes et le mécontentement qui existe face au gouvernement Cuno va entrainer une grève générale en août 23 qui va clairement poser la question du gouvernement ouvrier face à la chute du gouvernement et pour permettre la satisfaction de toutes es revendications. Dans cette grève, se sont les organes des conseils ouvriers qui se multiplient et qui prennent de plus en plus de poids. Les SD vont faire le choix de s’allier à la bourgeoisie pour remettre en place un gouvernement ce qui scelle leur discrédit et entraine une rupture avec une partie de la gauche du parti qui se tourne dès lors vers le KPD.
Cette expérience va entrainer une augmentation considérable du poids du KPD en plus de ce qu’il avait déjà conquis avec le Front Unique. Il contrôle 40% des syndicats, il a une hégémonie dans la classe ouvrière qui suit les militants communistes.
Les cadres d’auto organisation se sont développés et touchent tous les aspects de la société : dans les usines les ouvriers se mettent à contrôler leur production, les conseil de ville se mettent en place et même régional dans certains endroits. Il existe des conseils qui contrôle les prix et ‘les baissent par la force si nécessaire et vont même saisir des stocks pour les redistribuer à la population qui meurent de faim. Il y a aussi les centuries prolétariennes qui se développent partout en Allemagne dans toutes les villes et qui sont composés de toutes les organisations ouvrières.
Il y a même des armées ouvrières officiellement constitués en Saxe et en Thuringe dans le cadre des gouvernements ouvrier. D’ailleurs, l’Etat centrale n’est plus en capacité de contrôler tout le territoire. Les gouvernements ouvriers ne suivent pas les ordres de l’Etat central. À l’opposé il y a la Bavière qui est le repère des fascistes et est contrôlé par eux. L’Etat n’est plus en capacité de diriger tout le territoire allemand et les patrons voient leur autorité de plus en plus rejeter dans les entreprises.
Tout ces éléments rapportés de manière synthétique font : ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant et leur autorité et remise en cause, ceux d’en bas en ont assez et ont la capacité de changer les choses en contrôlant une parti du territoire et de la société.
Dans ce contexte le KPD et l’IC décide de se lancer dans l’affrontement final pour le pouvoir et la mise en place d’un gouvernement ouvrier à l’échelle nationale.
La planification de l’insurrection :
Pour préparer l’affrontement, ils arment par décret les centuries ouvrières de Saxe et de Thuringe, ils font rentrer une partie de la direction dans l’illégalité et commencent petite à petit à récupérer des armes.
Le plan : conférence de Chemnitz du 21.10 appelle à la GG pour le 22 en soutien au gouvernement ouvrier ce qui permet de commencer l’insurrection le 23.
Le premier souci qui est de taille est que le plan de l’insurrection ne repose pas sur des éléments que le KPD peut totalement maitriser. Normalement l’insurrection devrait être déclenché suite à la grève générale que le congrès des conseils de Chemnitz devrait déclencher à cause des menaces qui pèsent sur les gouvernements ouvriers de Saxe et de Thuringe avec l’armée qui se prépare à y rentrer. Cela repose aussi sur l’armement généralisé des ouvriers dans les cadres des gouvernements ouvriers où le KPD n’est pas majoritaire et repose donc en parti sur des éléments SD.
Enfin il faut noter l’extrême complexité du plan alors qu’il ne s’agit pas d’une armée professionnelle et que le KPD n’a que très peu de contrôle sur certains aspects décisifs de son plan. Alors l’épreuve de force arrive, tout le monde le sait à l’échelle nationale comme internationale.
Mais les SD de gauche qui avait pourtant fait la GG avec KPD hésitent à entrer dans la bataille et propose de mettre en place une commission pour étudier la situation de la Saxe. Face à cette situation de flou totale où les préparatifs existent mais rien n’est voté. L’armée se met en marche et occupe la Saxe et la retraite des ouvriers se met en place.
La bourgeoisie opère habilement car elle ne démet pas le gouvernement ouvrier, elle reste juste sur place en attendant de voir ce qu’il se passe. La retraite partout sauf à Hambourg.
Pourtant la victoire était possible l’Allemagne c’était 22 millions d’ouvriers pour 60 millions d’habitant. La bourgeoisie possédait en tout et pour tout 300 000 personnes pour contrer la révolution. Mais le KPD a hésité alors qu’une frange importante des masses était prête puisque le débat sur l’insurrection était publique. Il y a même eu des meetings d’interpellation des communistes pour l’insurrection le 21/03 au soir quand Thaelmann demandait aux autres organisations si elles étaient prête en hésitant.
Rien ne s’est passé, l’occasion historique est manquée par le prolétariat allemand et sa direction. Les masses qui avaient suivit le SPD pendant des années et s’était doté d’une nouvelle direction dans le KPD ont été déçues car pas à la hauteur d’un événement historique. De plus la bourgeoisie n’a pas massacré dans un premier temps. Mais le 27, le KPD est interdit, les dirigeants arrêtés, les journaux saisis, les militants… Jamais une révolution n’avait été aussi attendu et aussi préparé pourtant elle a échoué et scelle ainsi la période de montée révolutionnaire ouverte en 1919.
Il n’y a pas de plan prédéfini pour la révolution, mais des conditions qu’on peut anticiper : un parti révolutionnaire avec une audience de masse, une classe ouvrière qui a fait des expériences récentes de confrontation avec l’État et la bourgeoisie, des cadres d’auto-organisation coordonnés nationalement, un État et une bourgeoisie en crise…
Mais :
- tout cela n’apparaît pas du jour au lendemain par enchantement : c’est le fruit d’expériences militantes et de l’intervention de militants révolutionnaires conscients
- cela ne suffit pas forcément
- cela passe par des initiatives, la formation d’équipes militantes et de militants révolutionnaires
Le front unique n’est pas seulement une tactique pour à un moment gagner des batailles, il fait aussi partie de la stratégie pour unifier la classe, lui faire faire des expériences et voir qui est réellement et jusqu’au bout de son côté
La question du gouvernement ouvrier peut sembler théorique, car il n’y a pas forcément d’étape entre les luttes sociales et la prise du pouvoir par le prolétariat. Mais elle peut être une perspective à porter dans les luttes : nous avons telle et telle revendication, nous savons qu’il ne suffira pas d’une grève, même très forte, pour l’imposer ; elle peut faire partie du programme que mettrait en œuvre un gouvernement issu des luttes et de l’auto-organisation
- mais un tel gouvernement ne serait pas la même chose que le pouvoir ouvrier (la dictature du prolétariat)
- la différence entre les réformistes et les révolutionnaires n’est pas tant quelle mesure les uns ou les autres mettraient en place dans un gouvernement qu’ils contrôleraient, mais c’est que les réformistes cherchent à substituer le gouvernement par en haut à l’auto-organisation en bas, alors que les révolutionnaires chercheraient à remplacer le gouvernement par le pouvoir au soviets
La révolution n’est pas que dans l’économie (la classe ouvrière contrôle les usines mais laisse l’État à la bourgeoisie, comme si elle allait s’éteindre par elle-même), elle n’est pas non plus que politique (on remplace le gouvernement et la tête de l’État, mais on ne touche pas au reste), elle est totale : le prolétariat doit de rien devenir tout
- parce que le prolétariat doit passer de rien à tout, il a besoin d’un parti qui anticipe toutes les questions, qui a un plan
- la révolution est une question de temporalité : il y a des moments où les conditions sont réunies et d’autres où elles ne le sont pas ; il y a des occasions uniques qui ne doivent pas être ratées et des moments où prendre l’initiative peut être fatal. Il n’y a pas de recette magique ou mathématique pour savoir quel est le moment. Le seul moyen de le savoir est d’avoir un parti suffisamment en phase avec la classe et avec la situation pour le sentir et appeler à l’insurrection au bon moment