Haut-Karabah : Monopoly des grandes puissances et drames des peuples
Alors que la guerre en Ukraine a dépassé les 200 jours, de nouveaux affrontements ont eu lieu la semaine dernière entre forces armées d’Azerbaïdjan et d’Arménie : près de 300 morts. D’autres dizaines de morts sont également à relever dans des affrontements entre Tadjikistan et Kirghizistan.
La haine et ses parrains
La reprise des hostilités entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se fait autour du Haut-Karabakh, une enclave arménienne autonome située en territoire azéri, dans une région montagneuse aux allures de bout du monde. Quoique située au carrefour d’enjeux économiques (puits de pétrole et gazoducs) et de rivalités géostratégiques, la région est l’une des plus pauvres du globe.
Comme souvent face à de tels drames, les dirigeants occidentaux versent des larmes de crocodiles. Macron déclarait la semaine passée « sa très grande inquiétude » à propos des affrontements armés menaçant l’Arménie. Car les dirigeants occidentaux défendent plus volontiers ce pays de vieille tradition chrétienne au voisin azerbaïdjanais musulman. Mais au Caucase, ce sont surtout les affaires – odeur de gaz et ventes d’armes – qui continuent. Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne) s’était rendue mi-juillet en Azerbaïdjan pour signer un accord prévoyant le doublement des livraisons de gaz du pays vers l’UE (pour pallier le manque de gaz d’origine russe). Ce dimanche, c’était au tour d’une des têtes du Parti démocrate américain, Nancy Pelosi, de se rendre en Arménie pour y témoigner son soutien et se faire remercier d’avoir permis « un cessez-le-feu obtenu grâce à la médiation des États-Unis ».
En fait, ces représentants des grandes puissances utilisent la situation de guerre en Ukraine dans laquelle Poutine s’est empêtré, depuis son invasion du pays en février dernier, pour pousser leurs pions dans une zone réputée jusqu’à ce jour sous influence russe. La Fédération de Russie maintient en Arménie une base militaire, renforcée en 2020 à la suite du rôle d’arbitre que Poutine a joué pour imposer une trêve à ce dernier conflit. Elle n’en ménage pas moins des relations avec l’Azerbaïdjan qui demeure dans son « étranger proche », auquel elle vend également des armes, partage des intérêts en mer Caspienne, exploite un nombre non négligeable d’Azéris immigrés en Fédération de Russie.
Renverser ce monde
Poutine, Macron, Pelosi, tous ces dirigeants n’en ont que faire des droits des peuples et des vies des travailleurs et des pauvres. Si les armes semblent plus silencieuses ces derniers jours dans les hautes montagnes du Caucase, jusqu’où l’engrenage peut-il néanmoins mener ? On voit en tout cas comment les braises s’attisent vite et comment les puissances impérialistes se précipitent aussitôt, comme des vautours, pour dominer le moindre territoire de cette planète où elles peuvent rivaliser pour leur course aux hydrocarbures, leur soif de ventes d’armes, en fait leur rôle de gendarmes contre les peuples.
Tract national du 20 septembre 2022