

Journées de mobilisation à l’université du Mirail à Toulouse : les attaques pleuvent, étudiants et personnel répondent
Depuis la semaine du 13 octobre, l’université du Mirail à Toulouse se mobilise contre les attaques faites à l’enseignement supérieur et à la recherche. Si les étudiants du Mirail étaient déjà mobilisés pour les journées du 10 et du 18 septembre, avaient tenu des AG toutes les semaines et avaient organisé des cortèges jeunes dynamiques lors des manifs, on observe un regain de détermination depuis plusieurs jours.
Coupures nationales, coupures locales
En effet, la présidence (qui avait d’ailleurs récemment mis en place des moyens drastiques – parmi lesquels une sableuse ! – pour effacer les drapeaux palestiniens peints par les élèves sur le parvis de la fac), a dévoilé son budget pour l’année à venir.
Sans surprise et dans la continuité des baisses de budget annoncées par feu le gouvernement Bayrou (−un milliard d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche), les moyens alloués à l’université Jean-Jaurès se réduisent. Pour y remédier, la présidence se fait le relais des politiques gouvernementales et annonce par exemple la fermeture du département de traduction, interprétation et médiation, le seul de France qui forme des intermédiateurs sourds. Une autre annonce particulièrement choquante est celle du non-remplacement de 50 % des enseignants qui partent à la retraite. Pour le département de psychologie, un des plus gros de l’université, cela représente au minimum sept postes en moins pour les trois prochaines années.
S’ajoutent à cela les mesures prises au niveau national, qui font planer au-dessus de la tête des (futurs) étudiants la menace de formations qu’il faudra désormais payer : environ 2800 euros pour une licence, 4000 euros pour un master.
Personnel mobilisé
La question du budget avait déjà mobilisé la fac au début de l’année 2025. Aujourd’hui, ce qui a donné un autre visage à la mobilisation, c’est l’action du personnel de l’université.
En effet, une assemblée générale du personnel, dont les professeurs, rassemblant 300 personnes s’est tenue mardi 14 octobre, au cours de laquelle un piquet de grève a été voté pour le jeudi qui suivait. L’assemblée des étudiants, qui se déroulait au même moment, a spontanément décidé de se joindre à cette initiative. Un blocage de la fac s’est mis en place mardi après-midi, avec des prises de parole permettant aux élèves qui sortaient de cours de bien comprendre ce qu’il se passait et l’ampleur des attaques.
Un jeudi qui en appelle d’autres
La journée du jeudi qui a suivi a été encourageante, et a permis de renouer avec l’ambiance combative du 10 septembre où plusieurs centaines de jeunes avaient formé un cortège jeune remarqué à la manifestation. Un piquet de grève a été tenu toute la matinée, qui a permis aux étudiants engagés dans le mouvement de s’adresser plus largement aux étudiants qui n’étaient pas encore mobilisés : bien salutaire, quand les directions d’université prennent prétexte de journées de mobilisation pour banaliser les cours et empêcher tout dialogue avec les étudiants. Les tours d’amphis et les tractages semblent avoir été efficaces, puisqu’à 12 heures 30 a eu lieu une AG qui a rassemblé 350 personnes, élèves comme étudiants, ce qui n’était jamais arrivé depuis le début de la mobilisation. Une délégation d’étudiants de l’Inspe, professeurs-stagiaires, a aussi pris la parole pour parler d’une assemblée générale sur leur site la veille ayant réuni près d’une centaine de personnes, étudiants comme professeurs.
Il reste encore une semaine avant les congés pour convaincre davantage de monde de rejoindre le mouvement, les rassemblements et les AG. La réaction face aux attaques a commencé à l’université Jean-Jaurès, mais tout le monde avait bien conscience qu’il s’agit d’attaques dictées par un budget national, et que, pour combattre cela, c’est bien au-delà du Mirail qu’il faudra mener la bagarre. D’ailleurs et pour aller dans ce sens, l’AG du Mirail a rédigé un communiqué s’adressant à l’ensemble des universités de France, afin de les inciter à se mobiliser aussi. L’objectif est clair : il s’agit d’amplifier le mouvement, de lutter à large échelle pour faire vaciller le gouvernement et ses budgets austéritaires.
« Que chaque étudiant et étudiante se saisisse de l’AG »
On peut retenir une chose des prises de paroles ayant eu lieu à l’AG : elles ont été nombreuses à inciter chaque personne présente à l’AG à se saisir de celle-ci, à se voir comme un militant, une militante de l’AG et à s’adresser largement autour de soi pour faire grandir la mobilisation. Si on veut aller le plus loin possible, il est essentiel qu’elle ne repose pas sur une poignée d’étudiants et de professeurs, mais bien qu’elle gagne l’ensemble de l’université. Le campus du Mirail compte environ 30 000 étudiants : autant d’étudiants à aller chercher !
Si les étudiants et le personnel de la fac, qui ont organisé ce piquet de grève et cette AG, sont plus que déterminés, il ne nous reste plus qu’à étendre cette colère au reste de la fac ! Et cela, les personnes qui étaient à l’AG l’ont bien compris: que ce soit les étudiants ou le personnel nous sommes tous dans le même bateau ; un bateau qui finira par couler avec cette politique austéritaire du gouvernement et de la présidence du Mirail… À nous de construire ensemble une suite à ce mouvement, et à nous renforcer ! Et la journée de grève du 21 octobre, appelée par les étudiants et le personnel, saura, on l’espère, ramener encore plus de monde!
Correspondantes
