La circulaire Hetzel : le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur essaie de se faire un nom par la répression
Le 4 octobre 2024, Patrick Hetzel, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, a sorti une circulaire adressée aux présidences d’université leur intimant « de faire usage de [leurs] pouvoirs de police pour prévenir tout risque de trouble [et d’y] rétablir l’ordre et y protéger les usagers et les personnels », c’est-à-dire de réprimer tout mouvement de protestation étudiante, aujourd’hui en particulier de soutien au peuple palestinien. Après un an de massacre à Gaza et près de 42 000 morts, une offensive israélienne désormais sur le sol libanais, auquel Netanyahou promet le sort de Gaza, le gouvernement français affirme qu’il faudrait respecter des principes de « neutralité » et de « laïcité » dans l’enseignement supérieur.
Pourtant, ce n’est pas de religion qu’il est question dans la dénonciation des massacres perpétrés par Israël cette dernière année, ni de la colonisation depuis des décennies. Les soutiens du peuple palestinien et aujourd’hui libanais dénoncent les crimes de l’État sioniste et de la politique coloniale du gouvernement Netanyahou, soutenus par de nombreux États impérialistes, comme la France ou les États-Unis.
Cette circulaire n’a qu’un seul but : celui d’empêcher, voire totalement interdire (ou le tenter), les mouvements de solidarité avec le peuple palestinien et celui de les calomnier en les amalgamant, comme déjà depuis un an, à de l’antisémitisme.
Quand le crapaud se fait plus gros que le bœuf
Ces mensonges calomniateurs leur permettent de chercher à justifier l’interdiction de réunions ou le recours aux forces de l’ordre pour empêcher les blocages. Ainsi le collectif Le Poing levé a vu plusieurs de ses réunions interdites dans les facs de Jussieu, Saint-Denis ou Aix-Marseille tandis qu’à la Sorbonne-Nouvelle, une salle a été refusée aux étudiants qui souhaitaient se réunir pour une assemblée sur la situation au Proche-Orient. À Metz, deux vigiles sont restés plantés devant l’entrée d’une réunion publique du NPA-jeunes-révolutionnaires sur la Palestine, pour intimider et contrôler ?
Cela ne nous empêchera pas de continuer à nous exprimer et affirmer notre solidarité internationaliste, comme bien des étudiants et d’autres dans le monde : toutes les réunions citées ont pu se tenir là où elles étaient prévues (ou à côté). Mais même si les présidences d’université sont loin de faire du zèle et que la circulaire ministérielle peut rester sous une pile de paperasse, nous ne devons laisser passer aucun recul de nos droits démocratiques. Le ministre de l’Enseignement supérieur a réalisé son petit « coup » démagogique en se mettant en avant, à la Retailleau, comme un partisan de l’ordre. Mais s’il renforce l’arsenal répressif, c’est qu’il pense pouvoir s’en servir, en prévision de futures mobilisations étudiantes.
Quitte d’ailleurs à s’appuyer sur l’extrême droite, comme en témoigne sa première sortie publique au congrès de l’Union nationale inter-universitaire (UNI), organisation étudiante historique à droite… mais aujourd’hui à l’extrême droite. Certainement pas en application du principe de « neutralité » que sa circulaire prône !
Loie Flores