L’aliénation : la transformation de l’Homme en marchandise
La loi travail vise à augmenter le niveau d’exploitation de l’ensemble des travailleurs en donnant tout pouvoir au patronat de nous faire travailler plus longtemps et d’en tirer encore plus de profit qu’auparavant. Derrière la mobilisation se dessine donc un rejet de cette exploitation présente sur les lieux de travail. Un slogan dans les manifestations qui revient sur les pancartes déclare : « nous ne voulons pas perdre notre vie à la gagner ». Il met en relief la volonté de ne pas travailler plus, mais aussi les conséquences qu’a le système de production actuel, qui pousse la majorité de la population à devoir se salarier, c’est à dire louer sa force de travail aux capitalistes, pour une production qu’ils ne contrôlent pas ni ne leur profite directement.
L’aliénation : la folie du mode de production actuel, quand les salariés sont une marchandise…
Qu’entendons-nous par aliénation? En droit, cela signifie céder un bien et en psychologie cela définit une démence, une folie… Pas très sympa pour les travailleurs. Pourtant c’est exactement cela. Pour nous, l’aliénation est le fait que les travailleurs ne possèdent ni leur outil de travail, ni la production. Le travail n’est alors plus qu’une simple marchandise vendue, qui détruit l’homme en détruisant son temps de vie.
Marx en parlait en ces termes : «Un homme qui ne dispose d’aucun loisir, dont la vie toute entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu’une bête de somme. C’est une simple machine à produire la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement. Et pourtant, toute l’histoire moderne montre que le capital, si on n’y met pas obstacle, travaille sans égard ni pitié à abaisser toute la classe ouvrière à ce niveau d’extrême dégradation.»
Le principe du travail dans la société capitaliste est simple, l’immense majorité de la population doit louer son temps de travail c’est à dire sa force, ses bras, son cerveau… Pour produire indirectement ou directement, elle n’a aucun contrôle sur le mode de production, son rythme et son fonctionnement. Elle est un élément déterminant de la production, car c’est le travail humain qui permet de créer le profit, mais elle en est totalement détachée car elle ne le contrôle pas et en est, en quelque sorte, un élément extérieur ajouté.
Le travailleur devient donc une marchandise comme une autre qui, comble du cynisme, est obligé d’acheter la marchandise qu’il a lui-même produite. Un exemple concret montre cela: un salarié de McDo qui travaille toute une journée se voit donner des points. En fonction du nombre de points obtenus dans la journée, il pourra avoir un menu plus ou moins conséquent, en plus de son salaire de misère. C’est donc le patron, la multinationale, qui décide ce que peut manger un salarié qui produit de la nourriture toute la journée, tout comme il décide de ses horaires, de ses pauses, de son temps de travail…
L’organisation du travail au nom de l’idiotie !
L’autre phénomène marquant est la division entre le travail manuel et intellectuel. Le développement de la production industrielle et des chaînes de production a entraîné une division violente entre ceux qui produisent, qui suent et ceux qui réfléchissent au mode de production. Mais cette situation se retrouve aussi dans des secteurs où on ne l’attend pas. Les enseignants, par exemple, ne décident pas des programmes, de la manière dont ils l’enseignent… Ils se voient imposer cela par le ministère et d’obscures équipes pédagogiques qui n’ont que très rarement enseigné.
Tout cela est en plus expliqué comme naturel et comme irrémédiable chez l’être humain. La division entre travail manuel et intellectuel serait due à des compétences particulières de chaque individu présentes naturellement dans la société. Pourtant, c’est bien la production actuelle et le fonctionnement de la société qui crée ces divisions !
Tout cela crée chez les salariés un éloignement important du travail, une sorte de dénaturalisation de l’être humain non plus comme être libre de ses pensées et de ses actes mais comme une marchandise sous le diktat du capital et qui a un impact sur un abrutissement généralisé sur le lieu de travail mais aussi à l’extérieur.
Une autre société : un autre fonctionnement !
Bien sûr, sous le capitalisme, l’aliénation liée au travail est inhérente. Mais dans une société où ce sont les travailleurs qui décident quoi, comment et combien de temps produire, la situation serait différente. Les travailleurs produiraient pour eux mêmes et l’ensemble de la collectivité sans avoir besoin de l’acheter ni de toucher un salaire. Les tâches seraient tournantes, c’est à dire qu’il n’y aurait pas de spécialisation à outrance et tout le monde produirait des choses différentes tout au long de sa vie en fusionnant les tâches manuelles et intellectuelles.
Hermann (Nanterre)