Le capitalisme ne nous offre aucun avenir : quel rôle pour la jeunesse scolarisée dans les processus révolutionnaires ? [Topo WEF oct 2024]
Introduction
On voit et on a vu cette année que la jeunesse scolarisée ou non se mob de manière importante en france et partout dans le monde et que notre organisation rev est composée
de bcp de jeunes comme en témoigne ce WEF.
Aujourd’hui l’objectif c’est de poser des questions simples mais essentielles pour nous la jeunesse communiste et révolutionnaire et qui de fait débat, c’est pourquoi et comment on intervient dans la jeunesse et au fond quel est le rôle de la jeunesse dans le processus révolutionnaire. Un truc essentiel à avoir en tête pdt tt le topo c’est que les étudiants ne peuvent, d’eux-mêmes, renverser le capitalisme sans la classe ouvrière parce que leur force sociale est totalement insuffisante pour ça. Cela dit, il est clair que cette couche spécifique qu’est la jeunesse joue un rôle particulier dans la lutte des classes,un role qu’on pourrais appelait d’avant garde tactique. Qu’est ce que ça veux dire avant garde tactique, et pourquoi il ne parle pas juste de l’avant garde (qui est le noyau, la couche la plus avancée dans son niveau de conscience : c’est par exemple les militants révolutionnaires). Qu’elles ccl politique tirer du rôle spécifique de la jeunesse, notamment d’un pdv organisationnel. On est dans un processus de fusion de plusieurs traditions de notre organisation qui mélange syndicalisme et intervention politique qu’on a aussi mis par ecrit lors de la CNJ, donc l’idée c’est aussi d’exposer ces différentes manière d’intervenir dans la jeunesse qui sont complémentaire.
1. statut et oppression de la jeunesse : pourquoi c’est une couche sociale spécifique qui nous intéresse en tant que révolutionnaires ?
A. Oppression spécifique
Le SU de la 4eme internationale à beaucoup théorisé sur ce qu’elle appel l’oppression spécifique de la jeunesse. Autour de la PF de la CNJ on a fais un travail d’actualisation de ça car on avait quelques nuances.
On peux le poser en 4 points :
- TRAVAIL : Déjà y’a un traitement différent liée à l’age au travail : l’âge devient un prétexte pour imposer à la jeunesse salariée les emplois précaires : Si tu regardes là où y’a les pires salaires, les contrats les plus précaires (quand y’a des contrats), les pires conditions de travail et ou y’a le plus d’accident du travail y compris mortel, c’est chez les jeunes. l’age c’est un pretexte aussi pour imposer les taff les plus durs et les moins bien payés par exemple, en France, un apprenti de 16 ans touche seulement 25% du Smic et la jeunesse est aussi davantage exposée au chômage.
- PAUVRETÉ : c’est une couche sociale qui est donc très précarisée et pour donner un chiffre de pauvreté chez les jeunes en France : On estime à 100 000 le nombre d’étudiants vivant en dessous du seuil de pauvreté et à 30 000 le nombre d’étudiants obligés de se prostituer pour financer leurs études. L’année derniere c’était 1 étudiant sur 2 qui est obligé de travailler a coté de ses études.
- REPRESSION : y’a une politique de maintien de l’ordre spécifiquement auprès de la jeunesse : elle est la cible d’attaques spécifiques pour restreindre ses libertés et pour l’encadrer davantage comme avec le SNU ou l’uniforme. et une politique répressive aussi réfléchis pour les jeunes : notamment en voyant la violence des flics contre les jeunes des villes ouvrières.
- 4. FAMILLE ET DONC NORMES :
- La jeunesse est aussi plus encadrée par la famille, qui est un outil de reproduction sociale où s’exprime parfois de manière plus importante les valeurs patriarcales, normatives et LGBTIphobes. Et en dépendant de la famille, la jeunesse elle est pas pleinement libre de choisir son avenir, qu’il s’agisse d’études, de sexualité ou de travail.
=Travail, repression, pauvreté, famille.. c’est ces 4 points font que la jeunesse est la cible d’attaques spécifiques.
Mais les attaques spécifiques à la jeunesse ne sont pas les seuls facteurs qui donne à la jeunesse ce rôle spécifique dans la lutte des classes, et en vérité, c’est pas tant pour ces raisons là qu’on intervient dans la jeunesse, mais c’est plus par le rôle d’avant garde tactique qu’elle a. J’y reviendrai plus tard, parce qu’avant de parler de ça, c’est intéressant de voir ce qu’on peut dire sur la nature sociale de l’étudiant.
B. la nature sociale de l’étudiant.
Avant de voir ce qu’on peux dire dessus, je vois deux choses :
- INTÉRÊTS EN COMMUN : Déjà, La jeunesse partage objectivement des intérêts matériels en commun avec le monde du travail et c’est pour ça que dans des mouvements sociaux la jeunesse joue un rôle important et se range souvent du côté des travailleurs. Y’a l’exemple de Mai 68 mais aussi Lois debré 1973, 1986 mouvement Devacquet, 2006 mouv CPE. Dans ces 3 dernières mob c’est des Coord nationale étudiantes et Coord nationale lycéennes qui arrivent à prendre la direction du mouv à l’échelle nationale, et réussissent à faire grossir le mouvement grâce à une politique offensive.
- TRAVAILLEURS EN FORMATION : Un étudiant c’est un travailleurs en formation, une partie importante du monde du travail sont passés par la fac. Dans notre génération, la jeunesse scolarisée connaît un déclassement : Les politiques patronales veulent adapter l’éducation aux besoins du marché : augmentation de la sélection, suppression des filières non rentables, augmentation des frais d’inscription… suivie de toute une politique de fermeture de poste, de plus d’austérité et de sélection : tout ça génère une tendance au déclassement pour la jeunesse scolarisée.
Mandel pose le problème de la nature sociale de l’étudiant, je vais exposer son raisonnement et ça sera a soumettre au débat
STATUT TRANSITOIRE :
D’un côté, il explique que le statut d’’étudiant est éminemment transitoire, on y reste quelques années en gros. A partir de ça, il pose la question de savoir si on peut vraiment définir la nature sociale de l’étudiant d’après ses origines sociales, ou s’il faut plutôt le faire d’après son avenir social. Bon en fait, la vérité c’est qu’il n’est déjà plus dans la classe de son origine sociale et c’est pas encore un futur travailleurs, ou un futur patron. C’est là que réside au fond la difficulté de définir la nature sociale de l’étudiant, et c’est pour ça que Mandel lui donne surtout un statut transitoire. Nous on est plutot d’accord avec cette idée de stade transitoire entre la vie familiale et le début de l’entrée dans le monde du travail, mais bon après, ok c’est un statut transitoire, mais c’est pas pareil un étudiant que d’être un ouvrier.
EN FAIT JEUNE = APPRENTI-TRAVAILLEUR-INTELLECTUEL: Et maintenant de l’autre côté, il explique que l’activité d’un étudiant c’est une activité hybride : il est pas producteur parce que la production de la qualification du travail bah c’est l’activité des professeurs et pas de lui. Mais en même temps c’est pas juste un consommateur passif d’étude et de connaissance, parce qu’être étudiant ça implique une activité propre. Donc, bah en fait, mandel il dit = c’est un apprenti-travailleur-intellectuel, je soumet ça a la discussion moi je trouve ça assez intéressant.
HETEROGÈNE : Ce qui est sure, c’est que la jeunesse c’est pas une classe sociale mais bien une couche sociale spécifique et qui reste très hétérogène : elle regroupe aussi bien dans les facs les futurs prolétaires que les futurs bourgeois, et aussi bien des étudiants en prépa que des jeunes travailleurs précaires. Pour donner une idée les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur disent qu’en 2021 en France , parmi les jeunes de 20 à 24 ans, y’a 52% des enfants d’ouvriers ou d’employés qui ont fais ou font des études, pour les enfants de cadre c’est 77 %. Aujourd’hui, d’après une étude dans l’ESR, ce sont plus de 27% des étudiants qui sont enfants d’ouvriers et/ou d’employés. 14% sont issus des professions intermédiaires (qui regroupent les profs, les infirmiers) donc certains éléments qu’on considère membre de la classe ouvrière. Donc il y a une composition très hétérogène mais avec une composition populaire assez importante. Pour donner un comparatif ; en 68, où les étudiants ont joué un rôle clé, le nombre d’étudiant issu de la classe ouvrière est plutôt autour de 6-7%.
Donc on voit comment la fac est un endroit de mixité sociale, pas que petit bourgeois meme si elle reste majoritaire.
En quoi c’est important ça, dans le passé, quand l’accès au fac c’était pour l’élite bah c’était que des petites bourgeois, et par exemple de 1848 à 1948, les étudiants en Europe, au Japon, et en partie aux Etats-Unis, ont été une force qui a évolué vers la droite et qui était de plus en plus anti-ouvrière et anti-socialiste et où ils sont souvent intervenus comme briseurs de grève. Mais depuis les années 80, la situation s’est radicalement renversée. Les étudiants interviennent presque partout comme organisateurs de grèves et de piquets de grève et presque jamais comme briseurs de grèves. Et donc t’as une vague importante d’étudiants qui se radicalisent de plus en plus, qui ont une révolte qui est de plus en plus consciente et qui se retrouvent donc entraînés vers leur future classe, en fait le mouvement étudiant il a de plus en plus été du côté de la classe ouvrière et c’est quelque chose qu’on constate aujourd’hui. D’un autre côté bien sûr il y a toujours des étudiants qui sont un peu condamnés à rester de l’autre côté de la barricade, bref la droite pour résumer.
2. Role de la jeunesse, avant garde tactique : Pourquoi on appelle ça une avant garde tactique et qu’est-ce que cela veut dire ? Quel est son rôle ?
Bon a partir de cette caractérisation de la jeunesse dans son ensemble, on va voir pourquoi est-ce qu’on y intervient specifiquement, qu’est ce que c’est que l’avant garde tactique?
Les étudiants ne peuvent, d’eux-mêmes, renverser le capitalisme sans la classe ouvrière parce que leur force sociale est totalement insuffisante pour ça et ça c’est quelque chose d’essentiel à garder en tete. Cela dit, Il est clair que cette couche spécifique qu’est la jeunesse joue un rôle particulier dans la lutte des classes. Il suffit de regarder ce qui s’est passé dans les différents pays du monde ces dernières années. Partout la jeunesse est un des secteurs les plus combatifs. En France, ces dernières années ont eu lieu des mouvements très importantes, depuis 2016, avec la lois el khomri où le mouvement lycéen et étudiant jouait un rôle essentiel, en 2018 mouvement contre parcoursup puis blocages des facs contre la hausse des frais d’inscriptions, le mouvement contre les retraitres cette année, les émeutes contre l’assassinat de Nael, la lutte en soutiens a la palestine… à chaque fois la jeunesse jouait un rôle d’entrainement. Mais cette situation n’est pas spécifique à ces dernières années, en Russie en 1917 la moyenne d’âge dans le parti Bolchevik était très basse. En 68, même si ce qui a fait l’ampleur de ce mouvement, c’est bien sûr la grève générale des travailleurs, la jeunesse a tout de même joué un rôle déterminant : elle a joué le rôle d’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
POURQUOI?
- POLITISATION RAPIDE ET SUR SUJET TRÈS POLITIQUES : Déjà, on constate dans l’Histoire que la jeunesse y compris scolarisée à tendance à se politiser beaucoup plus vite et sur des sujets directement très politiques. C’est le cas par exemple sur la question des oppressions spécifiques, mais aussi sur la question de la guerre et des solidarités internationales. Pour prendre exemple sur l’Histoire du mouvement étudiant européen, en commençant par des mouvements sur problèmes dans leurs universités, ils ont très vité débordés ces questions en posant une série de problèmes sociaux et politiques généraux. Ils ont engagé des actions de solidarité avec les luttes révolutionnaires d’émancipation des peuples des pays sous-développés ; avec Cuba, le Vietnam et d’autres pays opprimées de ce qu’on appel le Tiers Monde. Pour prendre deux exemples, en France, y’a eu une identification des couches les plus conscientes du mouvement étudiant français, avec la révolution algérienne et la lutte d’émancipation des Algériens contre l’impérialisme français, et ça a joué un très grand rôle dans la radicalisation de la jeunesse en france, y compris parce que se sont les mêmes étudiants qui après jouaient un rôle d’avant-garde dans la lutte pour la défense de la révolution vietnamienne contre la guerre de l’impérialisme américain.
Un autre exemple c’est que le mouvement étudiant en France, en Allemagne, en Italie, ont commencé une action révolutionnaire en solidarité avec les peuples du Tiers Monde et ça c’est pas possible sans une analyse théorique de la nature de l’impérialisme, du colonialisme, des forces responsables etc..: et donc sans une analyse d’une part, de l’exploitation du Tiers Monde par l’impérialisme et, d’autre part, du mouvement de libération des masses révolutionnaires de ces pays contre l’impérialisme. En gros, à partir de l’analyse du colonialisme et de l’impérialisme, les forces les plus conscientes et organisées du mouvement étudiant européen ont été amené au point de départ du marxisme.
Donc la jeunesse se politise à un rythme très important et sur des questions souvent directement très politiques, ce qui entraine une plus vite acquisition de la conscience révolutionnaire. - PAS CONNU LES DÉFAITES DU PASSÉ : Pourquoi cette vivacité dans la politisation? parce que la jeunesse n’a pas connu les défaites du passé qui pèsent sur la classe ouvrière. Perdre une grève, voir ses acquis reculer, voir son niveau de vie baisser, tout ça pèse sur la conscience des travailleurs. Et après une défaite, y’en a pleins qui pensent que la lutte n’est pas efficace. Mais la jeunesse qui, elle, n’a pas fait l’expérience de ces défaites est plus à même de se mobiliser, en fait t’as tout à gagner pcq t’as l’avenir devant toi.
- PAS ALIENATION SALARIALE : Tu ne connais pas l’aliénation salariale (t’as pas un patron sur ta tête pendant 20 ans, ton dos est pas encore cassé par le travail, donc bah t’as l’esprit plus disponible pour comprendre les enjeux de cette société),
- PLUS INDEP DANS LA VIE : Ensuite, la jeunesse subit moins de contraintes que l’ensemble des salariés, elle est donc disponible pour se mobiliser beaucoup plus fréquemment : par exemple faire greve pour un étudiant ne représente pas les mêmes enjeux que pour leur collègues travailleurs, le fait de ne pas avoir de dettes à payer, t’as pas encore d’enfant t’as pas de maison achetée avec un credit, t’as pas d’enfants à nourrir, donc en gros t’as moins de contraintes materielles et moins d’attache à ce système et à cette société.
=>Donc toutes ces situations très matérielles expliquent que c’est un foyer qui va plus facilement se radicaliser et rejoindre le rang des militants et des révolutionnaires. Tout ça fais que la jeunesse est une couche qui se politise très facilement et rapidement, c’est pas pour rien que dans le mouv des retraites que y’a que chez les jeunes que y’a eu des CNE, y’a eu le plus d’assemblée générales comparées au monde du travail, c’est pas pour rien que les jeunes y ont écoutés les discours les plus radicaux, c’est là ou l’extrême gauche est très implantées. et c’est ce qu’on a vu avec la palestine : la majo des comités de soutien à la palestine c’était dans la jeunesse. - CADRE DANS PARTIS : On y reviendra plus tard, mais les étudiants ont cette capacité de contribuer de façon importante à l’accélération de la formation de cadres révolutionnaires au sein de la classe ouvrière. Ils peuvent accélérer la formation d’une organisation révolutionnaire, comme l’ont fait les étudiants et les intellectuels de Russie à l’époque de Lénine.
- CORPORATISME : Les étudiants peuvent aujourd’hui aider la classe ouvrière à échapper à une vision étroite et au corporatisme qui vient de la fragmentation du travail, provoquée par la bourgeoisie pour diviser notre classe.
- Et puis un autre facteur biensure c’est que meme si les enseignements qu’on recoit a la fac ne permettent pas notre emancipation et de faire un bons dans la conscience en soit, parfois parce que c’est du contenu “alienant” tellement la formation a la fac elle est faite pour répondre aux besoin du patronat et parce que ce qui fais un bon c’est de lier la theorie a la pratique, malgré ça le fait d’avoir du temps pour lire, etc… ca aide a reflechir a la société qui nous entoure contrairement aux ouvriers qui sont totalement aliénés par le travail.
CONSEQUENCES = “PLAQUE SENSIBLE” + ROLE D’AVANT GARDE TACTIQUE
Ce sont l’ensemble des ces facteurs qui donnent à la jeunesse une plus grande spontanéité pour la lutte et qui lui fait jouer un rôle spécifique dans la lutte des classes. Ernest Mandel résumait ce rôle spécifique par 2 choses:
- Un rôle de plaque sensible. Ca veux dire que la jeunesse est très sensible à ce qui se passe autour d’elle, et qu’à un moment où il n’y a pas encore de mobilisation, elle peut avoir le rôle de lancer le mouvement ou alors de jouer ce rôle d’étincelle. On a vu avec les mouvements de solidarité internationale que j’ai cité plus haut, mais des mouvements aussi comme youth for climate, black lives matters, les mouvements feministes ou contre les violences policires etc.. En gros, ça veux dire que les contradictions et les crises d’une société se révèlent de manière exacerbée dans la jeunesse.
- Un rôle d’avant-garde tactique. La jeunesse peut jouer dans les luttes le rôle d’étincelle et d’entraînement de l’ensemble de la classe ouvrière, comme en 68 où les travailleurs se sont greffés au mouvement en voyant le nombre d’étudiants dans la rue augmenter de plusieurs milliers chaques jours.
Et c’est parce qu’elle peut jouer ce rôle qu’il y a une importance toute particulière à intervenir dans la jeunesse et chercher à l’organiser, chercher à la convaincre de la révolution. - RÔLE DE DÉTONATEUR : role de détonateurs : Pour prendre l’exemple de 68 que Pomme developpera tout a l’heure, la révolte étudiante à Paris en mai 1968 avait comme objectif immédiat la libération de quelques étudiants arrêtés par la police. Personne ne peux croire que dix millions de travailleurs se soient mis en grève, aient occupé leurs usines et aient créé une situation pré-révolutionnaire en France, affrontant un gouvernement aussi stable que celui de De Gaulle, simplement parce qu’ils ont été manipulés par des petits-bourgeois.
POURQUOI LE MOUVEMENT ÉTUDIANT ARRIVE À JOUER CE RÔLE DE DÉTONATEUR? PARCE QUE MASSIF : Mais alors, pourquoi, à certains moments, le mouvement étudiant peut-il jouer un rôle de révélateur des malaises dans la société et de détonateur de mouvements de rébellion sociale beaucoup plus larges qu’eux meme? Il y a deux choses. Déjà, c’est avant tout parce qu’il est un mouvement de masse d’une telle ampleur que son action a nécessairement un impact sur l’ensemble de la société, et c’est justement le résultat de l’explosion universitaire puisque mtn y’a bcp de gens dans les facs. En gros si t’as quelques milliers d’étudiants qui manifestent, ils peuvent passer inaperçus, alors que quand t’as Trente mille étudiants qui construisent des barricades dans le centre de Paris, ils mettent un place un moyen de pression important.
Deuxièmement, on a vu tout à l’heure que la jeunesse y compris étudiante se politise rapidement et sur des questions très politique. Bah ça ça fait que Le mouvement étudiant quand il se met en mouvement il a la capacité de politiser, d’avoir des revendications qui s’élargissent avec vision d’ensemble et déborder les organisations du mouvement ouvrier traditionnel
PARCE QUE NON ENCADRÉ : Et donc justement c’est la dernière chose, le mouvement étudiant c’est un mouvement spontané, non encadré, non contrôlé ou téléguidé par les organisations politiques traditionnelles dont les organisations bureaucratiques et réformistes, parce qu’elle sont plus faibles dans la jeunesse, elles ont moins de légitimité et organisent moins la jeunesse à cause de leur politique qui n’est pas à la hauteur. Donc ça ça veux dire qu’elles ont moins de prise et moins d’incidences sur le mouvement étudiant.
3. Pourquoi on intervient dans la jeunesse ?
Et donc justement, on va voir pourquoi on fait du syndicalisme étudiant nous les révolutionnaires.
MISE EN MOUVEMENT – COMMENT MODIFIER LA CONSCIENCE ? Comment tu modifies le niveau de conscience ? Lénine et d’autres ont expliqué que y’a des moments dans le cours de l’Histoire où la transformation de la conscience s’accélère et où justement on peut transformer notre conscience pas juste en lisant des bouquins et en discutant sur des questions directement politiques. Et ça on en a tous fait l’expérience, quand eske que les jeunes et les travailleurs ont le plus transformé leur conscience : c’est quand ils se mettent à lutter, à agir. Y’a des moments tu diffs des tract à la gare le matin, ton tract est partiellement pris les gens s’en foutent un peu et vont en cours, et puis y’a des moments ou y’a des mouvements et où des gens qui s’en battait la race viennent en assemblée générale, organisent la grève. Aujourd’hui y’a beaucoup de gens ici par exemple qu’on a rencontré ou qui ont franchi le pas de discuter avec le NPA, IZAR, OKDE ou d’intégrer carrément ces partis suite à une expérience concrète de lutte.
Donc le niveau de conscience se forge grâce à l’expérience de la lutte et c’est ce qui permet de comprendre réellement qu’il n’y a pas de raccourcis notamment institutionnels par exemple.
QUAND LES GENS SE METTENT-IL EN MOUVEMENT ?
C’est pour ça qu’on se pose le problème dans notre partis d’a la fois avoir une intervention politique et syndicale :
– Déjà : le syndicalisme c’est l’activité qui consiste à la défense des intérêts matériels et moraux, les plus immédiats, les plus basiques parce qu’on constate que c’est un des éléments important qui met en mouvement notre milieu et c’est des questions qui préoccupent les jeune,s et on doit y repondre politiqement sur la base de nos idées, mais on a aussi envie de les faire se bouger y compris hord periode de mouvement social, et c’est a ca que le syndicalisme répond.
-Ensuite, c’est s’habituer et se confronter à la pratique du front unique. Le front unique c’est ce qui nous forge à nous confronter à d’autres courants politiques et à s’adresser aux gens qui sont influencés par ces autres courants politiques et donc à une échelle large.
– Enfin, c’est aussi une école de formation , en gros le syndicalisme à la fac ça te forme pour le syndicalisme quand tu seras implanté dans les entreprises et donc c’est un acquis d’expérience important.
4. Les mobilisations de la jeunesse peuvent être des détonateurs, mais ne sont pas suffisantes
Coppélia a déjà parlé du rôle de détonateur, d’étincelle, que pouvait jouer la jeunesse scolarisée.
Dans un second temps, je voulais un peu revenir sur les limites et les risques de mobilisations où elle reste le principal fer de lance, en tout cas les bilans à en tirer et les questions que ça nous pose à nous en tant que révolutionnaires dans notre intervention.
En m’appuyant rapidement sur deux exemples : mai 68, que Coppélia a déjà brièvement évoqué, et la révolte qui a éclaté cet été au Bangladesh.
Exemple 1 : mai 68
Pour ce qui est de mai 68, c’est un moment où cette jeunesse elle joue un rôle qu’elle n’a effectivement pas tellement joué depuis au moins à l’échelle de la France.
Si vous voulez en lire plus, je vous invite à aller lire l’exposé du Cercle Léon Trotsky du 14 avril 2018 sur mai 68, mais je vais quand même essayer d’exposer ici quelques faits.
On parle quand même quand même au plus fort du mouvement de 10 millions de grévistes, c’est quand même du jamais vu depuis.
Ça amène fin mai 68, les dirigeants syndicaux à signer avec le gouvernement et les organisations patronales les accords de Grenelle, qui concrètement aboutissent à une augmentation de 35% du salaire minimum et de 10% en moyenne des autres salaires.
Et ça amène aussi De Gaulle à annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale.
C’est évidemment assez impressionnant comme succès, mais c’est quand même aussi un beau prétexte pour les bureaucrates syndicaux d’inciter à la reprise du boulot, en mode vous inquiétez pas, c’est déjà pas mal ce qu’on vient d’avoir, et en plus on pourra bientôt faire élire la gauche, c’est génial.
Et ce quand même alors que l’aile marchante du mouvement, c’est-à-dire les 5 millions de 16-21 ans, elle a alors même pas le droit de vote.
Alors bien sûr, mai 68 c’est pas que ça non plus, c’est aussi un moment intense de politisation, de discussion, ça vient aussi ouvrir les consciences sur pas mal de sujets et quelque part fissurer, en partie, le carcan de l’ordre moral.
On pourrait même dire que c’est précurseur des années qui suivent, avec l’émergence d’un certain nombre d’autres mobilisations, que ce soit le Mouvement de libération des femmes, puis le Mouvement pour la liberté d’avortement et de contraception, puis l’émergence d’un mouvement gai, puis d’un mouvement trans, etc.
Mais là aussi, ces évolutions on va dire d’ordre “sociétal”, sans transformation des rapports d’exploitation, et donc de renversement du capitalisme, malheureusement elles sont condamnées à rester inachevées, et on peut voir aujourd’hui qu’elles peuvent facilement être à nouveau remises en cause.
En fait, tout le long du mouvement, même si on a quand même eu une grève générale, ben les mobilisations de travailleurs sont restées quand même en majorité vachement cadenassées par les appareils syndicaux, vachement cloisonnées chacune sur son lieu de travail, et donc plutôt empêchées de discuter, de s’organiser par elles-mêmes, de se coordonner, de prendre la tête de la mobilisation, de déborder et d’avoir le niveau de combativité, de radicalité d’une fraction de la jeunesse dont les bureaucrates les tenaient le plus possible à l’écart.
Et donc, de l’autre, le manque de combativité des organisations ouvrières traditionnelles a fait se tourner bon nombre de jeunes travailleurs vers les jeunes scolarisés, plutôt que l’inverse, allant grossir les AG et manifs de lycéens et d’étudiants plutôt que de militer par exemple vers le reste de leurs collègues.
Autrement dit, plutôt qu’avoir une mobilisation des travailleurs assez forte pour mettre à la remorque celle de la jeunesse, c’est celle des lycéens et des étudiants qui est restée le centre de gravité.
C’est ce qui, je pense, et on peut y revenir dans le débat si vous voulez, nous empêche de caractériser mai 68 par exemple comme une situation révolutionnaire.
Or, et vu le nombre de ceux qui regardaient sincèrement en direction des idées révolutionnaires à ce moment-là, on peut dire que c’est aussi une belle occasion manquée.
Parce que le problème, c’est que les jeunes bourgeois et petits-bourgeois, si c’est souvent les premiers à se jeter dans la lutte, c’est aussi les premiers à être découragés.
Et ça c’est pas moi qui le dis, c’est Marx, et ça plus d’un siècle avant mai 68.
Ben il a quand même pas tout-à-fait tort Marx, parce que l’après-mai 68, c’est quand même un certain reflux, qui va finir par la démoralisation de toute une partie des jeunes qui se sont politisés à ce moment-là sans vraiment plus de perspectives.
Y’a un très grand nombre de militants maoïstes, trotskystes, à l’époque jeunes lycéens ou étudiants, issus de la bourgeoisie ou de la petite-bourgeoisie, qui vont retourner leur veste par exemple, et qui sont pour un certain nombre devenus aujourd’hui des politiciens professionnels, dirigeants d’institutions, intellectuels démoralisés, et plus ou moins voire carrément conservateurs ou orduriers.
Et pour la blague, on peut en citer quelques-uns dont les noms vont parler à la plupart d’entre vous je pense : Bernard Kouchner, Daniel Cohn-Bendit, Alain Finkielkraut… bon la liste est assez longue en réalité.
Bon, alors qu’est-ce qu’il a manqué ?
Une première chose, si on part simplement de l’état des forces de l’extrême-gauche à ce moment-là, c’est-à-dire essentiellement présente dans la jeunesse scolarisée justement, ce serait déjà de dire que l’ensemble de ces forces-là aurait au moins pu, qu’elle soit trotskiste, anarchiste ou maoïste, se doter de cadres communs plutôt que de batailler chacun dans son coin pour la direction du mouvement.
Même si malheureusement c’est pas tellement dans ce sens-là que la plupart des dirigeants des différents groupes tenaient à aller, c’est ce qui aurait peut-être pu permettre de réunir tout ou partie de de ceux qui s’intéressaient à leurs idées, dans un ensemble au sein duquel chacun aurait pu juger démocratiquement des orientations de ses différentes composantes.
Autrement, ça aurait permis de s’adresser à tous pour ne pas seulement se constituer son petit milieu dans son coin, mais bien reconnaître dans tous ces jeunes la potentielle base d’un véritable parti révolutionnaire.
Cette multiplication réciproque des forces de l’extrême-gauche grâce à son regroupement, c’est ce qui aurait pu aussi éventuellement donner plus de poids aux militants d’extrême-gauche qui voulaient orienter la jeunesse vers le monde du travail, se constituer en véritable direction du mouvement.
Peut-être que ça aurait évité par exemple que certains jeunes gauchistes ne cherchent à se substituer aux travailleurs par des actions directes, des sabotages, etc.
Peut-être que ça aurait permis de peser pas seulement sur une fraction de cette jeunesse révoltée, mais bien plus massivement, afin qu’elle ait le plus largement possible dans le viseur le renversement du capitalisme, des rapports d’exploitation, et pourquoi pas qu’elle se tourne en encore plus grand nombre en direction du monde du travail, et pourquoi pas qu’elle ait les moyens d’y intervenir, etc.
Ça c’est une première façon qu’on pourrait avoir de tirer des leçons de 68 : prendre la direction des mobilisations de jeunesse, lorsqu’elles sont massives, pour leur donner des perspectives de classe.
Maintenant, un autre angle sous lequel on peut envisager ce qui a manqué à mai 68, c’est pas seulement de faire état des forces de l’extrême-gauche sur le moment et de dire ce qu’elle n’a pas réussi faire à ce moment-là, mais bien justement de rappeler ce qu’elle n’était pas et ce qu’elle ne possédait pas déjà même avant que le mouvement éclate.
Et ce qu’elle ne possédait pas, c’est un outil que j’ai un peu spoilé puisque je parlais de sa base militante qui aurait pu se constituer grâce à la mobilisation : cet outil c’est un parti révolutionnaire.
C’est-à-dire un parti suffisamment implanté dans les lieux de travail, présent dans chaque entreprise, chaque atelier, chaque bureau, et qui soit partout en capacité de contester les bureaucraties syndicales et la gauche traditionnelle, de disputer partout aux appareils la direction du mouvement.
Et quand les appareils appellent à la reprise du boulot, dire non on continue, et on s’organise et on décide entre nous de la suite du mouvement.
Et quand les appareils disent “les ouvriers dans les usines, les étudiants à la fac”, dire : non, on y va tous ensemble, d’ailleurs on devrait prendre exemple dans leur radicalité, dans leur combativité, et montrer aux plus jeunes d’entre nous qu’il se passe des trucs ici aussi, et que nous aussi on a envie de changer le monde et qu’on pense même que ça va passer d’abord par nous.
Autrement dit, l’absence de parti révolutionnaire véritablement implanté dans la classe ouvrière, en mesure de l’influencer, c’est aussi ça qui empêche qu’elle puisse exercer un véritable pouvoir d’attraction sur toutes les catégories opprimées de la population, les jeunes compris.
C’est ce qui empêche que ceux qui sont révoltés par ce monde voient dans la classe ouvrière un débouché à cette révolte, qu’ils la reconnaissent comme la seule classe en mesure de s’opposer frontalement à l’exploitation et donc au capitalisme, et donc la seule classe à pouvoir régler leurs propres problématiques par sa prise de pouvoir.
Le risque pour la jeunesse, sans perspective de classe incarnée par une classe ouvrière véritablement organisée, déterminée, consciente d’elle-même, c’est que sa révolte reste confuse et se tourne dans la mauvaise direction.
Ce réservoir d’énergie et d’enthousiasme pour des idées perçues comme subversives, “anti-système”, il faut bien voir que ça a pu l’être pas seulement pour l’extrême-gauche mais aussi pour l’extrême-droite, et la propagande fasciste en a eu en tout temps bien conscience et a su prendre appui sur cette même jeunesse, son désoeuvrement, ses idéaux ou encore son goût pour les modes d’action spectaculaires.
Bon, vous le voyez, poser ces différences d’analyse, ça amène déjà quelques questions de priorité, de mode d’intervention dans la jeunesse et des buts qu’on s’y fixe selon les moyens dont on dispose en tant qu’organisation, selon l’état d’avancement de la construction du parti ouvrier révolutionnaire, qui est le premier but qu’on poursuit, encore une fois c’est des questions qui à notre échelle sont ouvertes et qu’on peut tenter de discuter juste après.
Exemple 2 : Bangladesh
Je vais maintenant revenir sur la révolte de cet été au Bangladesh, parce que là aussi c’est un exemple assez parlant.
Là aussi on a écrit un certain nombre d’articles qui sont disponibles sur notre site, mais je vais essayer de retracer rapidement la chronologie
Le 1er juillet dernier, les étudiants bangladais ils avaient commencé à manifester contre la réinstauration de la loi des quotas, une loi qui devait réserver 30 % des emplois dans la fonction publique aux « héros de la guerre d’Indépendance de 1971 », c’est-à-dire aux soutiens du parti au pouvoir, la Ligue Awami.
Ça a tout de suite été une mobilisation importante, dans un pays où y’a quand même 40 % des 15-24 ans qui ont ni travail, ni formation, ni études.
Face à la contestation de cette loi, la Première ministre Sheikh Hasina et son gouvernement, ils ont pas hésité très longtemps avant de réprimer dans le sang les étudiants mobilisés, que ce soit grâce à la police, à l’armée, ou encore grâce à des milices gouvernementales.
Mais la répression, comme souvent, elle a au contraire fait gagner en ampleur la mobilisation, et de nombreux parents d’élèves et des opposants à la Première Ministre se sont mis à rejoindre les manifestations.
Dimanche 21 juillet, en espérant sans doute calmer un peu la jeu, le Haute Cour du Bangladesh a obligé le gouvernement à réduire de 30% à 5% le quota de postes réservés aux vétérans, tout en demandant aux étudiants de “retourner en classe”.
Alors si y’a effectivement une partie des porte-paroles de l’organisation étudiante Students Against Discriminations qui appelle petit à petit à mettre fin à la mobilisation, ben fin juillet, le mouvement il dépasse déjà cette question des quotas, et il remet directement en question le pouvoir de Sheikh Hasina, et revendique la tenue d’élections libres et la libération des prisonniers politiques.
Bon, jusque-là, même si les travailleurs se sont pas encore mis en grève, ça crée quand même une petite désorganisation de la production, parce que le gouvernement instaure des couvre-feux ou encore des coupures d’Internet, et ça en inquiète déjà certains.
Parce que le Bangladesh, je rappelle, c’est aussi toute l’industrie textile dont dépendent les Zara, Camaïeu, H&M, Go Sport… donc y’a des donneurs d’ordre qui ont bien envie que leur business puisse tourner à plein régime.
Ça inquiète tellement que le gouvernement annonce le dimanche 4 août 3 jours de “vacances générales” de la fonction publique, suivi très rapidement par les banques et les usines.
Mais ce même dimanche 4 août, c’est aussi la journée la plus meurtrière jusqu’alors pour le mouvement étudiant, et Students Against Discriminations appelle désormais à une marche vers Dacca, la capitale, et se donne pour perspective de renverser le gouvernement.
Certains secteurs du monde du travail appellent maintenant à rejoindre la mobilisation, comme les ouvriers du textile du district de Gazipur.
Tandis que quelques ministres et industriels sont déjà en train de fuir le pays, bah la colère elle finit par exploser, et elle va emporter le régime.
Et lundi 5 août, des centaines de milliers de manifestants envahissent le palais présidentiel.
Devant le succès de la mobilisation, l’armée, c’est-à-dire celle qui venait de massacrer les étudiants, elle prend le pouvoir et elle installe au gouvernement Mohammed Yunus, qui a été prix Nobel de la Paix mais aussi pionnier du micro-crédit.
Un gouvernement intérimaire prend place, qui prétend mener la “transition démocratique” dans “la loi et l’ordre”…
En réalité, les classes dirigeantes prennent surtout le pari d’une sortie de la crise “par le haut” pour s’assurer la continuité de la domination bourgeoise, ramener de l’ordre dans la production et rétablir les profits.
Les usines, par exemple, peinent à reprendre leurs exportations, non seulement à cause du retard accumulé mais aussi d’actes de banditisme et de vandalisme.
Le gouvernement Yunus promet de les renflouer, tandis que la population accumule les difficultés économiques avec l’inflation d’autant plus galopante depuis un mois et qu’elle est limitée dans ses retraits en liquide, au prétexte d’un assainissement du système bancaire qui avait révélé l’ampleur de sa corruption et la disparition de milliards dans des opérations douteuses.
En bref, tout est fait pour faire payer les pots cassés à la population plutôt qu’aux industriels et aux banquiers.
Mais pendant ce temps, alors que la plupart des forces de l’ordre, après quelques jours de grève, craignent encore de sortir par peur des représailles, y’a tout un tas de comités étudiants qui se mettent à prendre davantage en charge les tâches du quotidien et à remplir le vide laissé, à leur manière.
C’est-à-dire : en gérant le trafic routier, en essayant de prévenir et d’arrêter les actes de vandalisme, en protégeant la minorité hindoue des violences commises contre elle, en nettoyant et en rénovant des rues et des lieux publics ou encore en inspectant des hôpitaux.
Beaucoup d’étudiants commencent alors à appeler à la généralisation de “comités révolutionnaires étudiants-populations” dans chaque quartier, dans chaque ville et dans chaque district, et que ce soit ces comités-là qui contrôlent les prix dans les marchés, qui distribuant les amendes ou encore qui empêchent les vols.
Soit, en fait, des comités rassemblant étudiants et travailleurs qui prennent en charge un bon nombre de tâches plus ou moins politiques.
Pour nous, communistes révolutionnaires, le développement de tels comités, qui pourraient être l’embryon d’un contre-pouvoir, ce serait évidemment la première des nécessités dans ce contexte-là.
Parce que la perspective de cette révolte, aux dernières nouvelles, et au-delà des questions démocratiques, de renouvellement des institutions, du personnel politique, etc., elle restait encore un peu confuse.
Je pense par exemple aux appels à faire condamner Sheikh Hasina pour meurtre par les tribunaux en montant des dizaines de dossiers contre elle, ou encore aux rondes organisées pour débusquer les anciens militants de la Ligue Awami et à la chasse de toutes les personnes proches de l’ancien pouvoir dans les institutions.
Est-ce que ça servirait à grand-chose, par exemple, de remplacer tout ce personnel politique et institutionnel, qu’il s’agisse du Premier Ministre ou du directeur de la Banque du Bangladesh, par d’autres qui seraient tout autant aux ordres du patronat et du FMI ?
À notre avis, pas vraiment.
Alors c’est quoi l’avenir de ces comités étudiants-travailleurs ?
C’est vrai que les travailleurs ils ont commencé à prendre un peu leur part dans la mobilisation au moment des manifestations qui ont renversé Sheikh Hasina.
Puis, plus tard, on a aussi des travailleurs du secteur bancaire se sont mis à manifester contre les pratiques douteuses de leurs enseignes, et également des ouvriers du textile pour le paiement de leur salaire de juillet.
Mais leur participation elle est restée somme toute assez limitée, et pas aussi massive et organisée que celle des étudiants.
Quant aux leaders de Students Against Discriminations, s’ils ne cherchent certes aucun compromis avec la Ligue Awami et ne font pas totalement confiance à l’ensemble du nouveau gouvernement, ils ont pour certains accepté d’y participer et donc de leur donner une certaine légitimité.
Bref, ce que j’ai essayé de laisser apparaître, c’est que d’une part on voit là encore qu’une mobilisation aussi spectaculaire de la jeunesse scolarisée elle peut produire plusieurs choses.
D’abord elle peut entraîner toute une partie de la population avec elle pour renverser un régime, c’est pas rien.
Elle est capable de déjà de déstabiliser en partie la production, parce qu’elle oblige le pouvoir à prendre une certain nombre de mesures.
Ça ouvre un certain nombre de discussions, sur la volonté de faire payer ces déstabilisations aux travailleurs plutôt qu’aux patrons.
Certains se mettent à faire grève, à amener des mots d’ordre sur un terrain de classe.
Et finalement certains étudiants, qui ont vu sans doute au fur et à mesure de la lutte leur conscience grandir, comment à prendre charge la vie quotidienne et se fixent pour objectif d’y adjoindre également des travailleurs, sans qu’on sache s’ils le posent vraiment tous dans ces termes-là.
Mais là encore, en l’absence d’un parti révolutionnaire en mesure d’influencer l’ensemble des travailleurs, le risque est que ceux-là ne prennent pas assez leur part, et que le mouvement étudiant reste le centre de gravité de la mobilisation, et qu’il ne soit ainsi pas en capacité de remettre en cause, plus encore que le régime politique, l’exploitation toute entière, l’État bourgeois, les racines du système capitaliste, de prendre le contrôle des outils de production, etc.
C’est le risque du statu quo, à la faveur d’illusions de transition démocratique par le haut, qui risquerait à terme de menacer ces mêmes aspirations démocratiques d’une jeunesse qui a toutes les raisons de se révolter, qui a la fraîcheur d’esprit pour le faire et pour ne plus croire dans l’ancien monde, mais pas les moyens de se doter d’une perspective propre.
Conclusion : Quelle politique, donc, pour les révolutionnaires, dans la jeunesse scolarisée ?
Pour revenir un peu aux questions que posait Coppélia en introduction : qu’est-ce qu’on cherche à faire, nous, militants communistes révolutionnaires, dans la jeunesse scolarisée ?
Notre premier objectif, c’est de profiter de son potentiel de révolte, du temps et de l’espace dont elle dispose pour apprendre, découvrir, réfléchir, afin d’y gagner des militants révolutionnaires et de les former, peu importe leur milieu social d’origine.
C’est comme ça qu’on peut amener, par exemple, des enfants de bourgeois ou de petite-bourgeois à lier leur sort à la classe ouvrière, avant qu’ils aient le temps de quitter les études et de finir démoralisés, cooptés, conservateurs, ou autre.
Certains pourront faire le choix de devenir eux-mêmes des travailleurs militants, qui organiseront leurs collègues, et d’autres encore continueront dans des professions intellectuelles, plus confortables, et mettront à profit le temps et l’énergie qu’il leur restera à disposition pour organiser les différentes tâches du parti.
Et le rôle du parti, mais on pourra en discuter aussi, parce qu’il se fixe comme premier objectif de s’implanter dans la classe ouvrière, qu’il est pensé pour fonctionner au-delà du secteur de la jeunesse scolarisée et qu’il permet le contact entre tous ses militants, jeunes et moins jeunes, étudiants et travailleurs, son rôle c’est aussi je crois de permettre à ces jeunes qui arrivent d’avoir des perspectives après les études.
Ça leur permet d’être préparés à l’avenir de leur vie militante mais pas que, d’être préparés à leur embauche et aux problématiques très concrètes qui se poseront à eux en tant que travailleurs et militants, de pas voir le militantisme comme juste quelque chose qui les aurait empêchés de penser à leur avenir, ça leur permet d’avoir le retour de militants plus anciens, plus expérimentés, qui leur transmettent leurs expériences de luttes ou tout simplement de vie militante, etc.
Et en plus de ça, dans les périodes de mobilisation, et c’est ce qu’ont toujours défendu les différents courants qui constituent notre organisation, on a pour ambition de se donner les moyens, quand on le peut, de participer à la direction des mouvements de jeunesse, de leur donner autant que possible nos perspectives afin qu’ils ne restent pas cantonnés à des “problèmes d’étudiants” par exemple.
On se met en capacité, en participant aux cadres de direction du mouvement ou sinon en participant à les créer, de s’adresser pas comme on pourrait le faire hors période de mobilisation à quelques-uns, mais bien au plus grand nombre.
Et pour ça, l’utilité d’une organisation implantée dans la classe ouvrière c’est d’avoir un oeil justement sur ce qui se passe concrètement dans le monde du travail, c’est ce qui peut nous démarquer d’autres militants qui postuleraient à la direction des mobilisations de jeunesse, et attirer à nous et à la lutte de classe ceux qui ont vraiment envie de changer cette société.
5. Syndicalisme pas suffisant, il faut construire le parti.
A. Pourquoi nécessité de construire un partis.
Mais le syndicalisme répond à un certain niveau de conscience qui ne permet pas d’en finir avec le capitalisme et qui ne se pose même pas le problème d’en finir avec le capitalisme. C’est pour ça que notre priorité et notre seule issue c’est la construction d’un partis d’avant garde.
La définition que je donnerais à un partis d’avant garde, et d’un partis de cadre, c’est groupe de personnes qui incarne de manière permanente un haut niveau de combativité, d’activité et de conscience de classe, qui sont capable d’analyser la situation, élaborer une politique, la rendre audible aux masses et entraîner des gens à mener cette politique, et de prendre des initiatives à la hauteur des enjeux politiques.
C’est un groupe de gens qui continuent de lutter même quand, périodiquement, les masses cessent de lutter, et donc ils continuent à développer leur conscience de classe, à élaborer des politiques et des théories et tentent constamment d’intervenir dans la société.
Sur le rôle de l’organisation d’avant garde, on pourrais donner 3 fonctions :
- -> 1er rôle de l’organisation d’avant garde, maintenir continuité et mémoire :
Après chaque mouvement, quand y’a un revirement ou un reflux, et que l’activité des masses est en déclin, le niveau de conscience et d’activité chute terriblement. La 1ere fonction d’une organisation d’avant-garde révolutionnaire doit être de maintenir et d’entretenir la continuité de la lutte d’un point de vue théorique, programmatique, et des acquis politiques et organisationnels que la lutte a permis de gagner.
Et par conséquent, l’organisation sert de mémoire permanente de la classe et du mouvement ouvrier, pour former la nouvelle génération pour ne pas qu’elle recommence à zéro et que l’on puisse tirer les leçons des l’expérience accumulées. Le parti va formuler un programme, et justement le programme socialiste n’est rien d’autre que ça : la somme des leçons tirées de toutes les expériences de luttes des classes, révolutions et contre-révolutions des cent cinquante dernières années. - -> 2eme rôle de l’avant garde, fonction organisationnelle (et donc politique) de la centralisation !
la 2eme fonction du parti d’avant garde, c’est sa dimension organisationnelle : la centralisation. La question de la centralisation, faut pas la prendre dans un sens administratif ou seulement structurel, c’est une question politique. C’est la centralisation d’expériences, des connaissances, des conclusions tirées de la combativité réelle. Si y’a pas une centralisation d’experience, le danger c’est de tomber dans la “sectorialisation” qui ne permet à personne de tirer des conclusions adéquates pour l’action. Si des militantes femmes ne s’engagent que dans des luttes féministes, si des militants jeunes ne s’engagent que dans des luttes des jeunes, si des militants ouvriers ne s’engagent que dans leurs luttes sectorielles si chacun d’entre eux fonctionne séparément les uns des autres, le problème c’est qu’ils vont agir sur la seul base limitée et fragmentée de leur expérience, et ils ne peuvent pas tirer de conclusions correctes que de leur propre expérience, et ça engendre une conscience partielle parce qu’ils ne voient qu’une partie du paysage. Donc centralisme permet de mutualiser tout cela, y compris entre la jeunesse et le monde du travail, parce que ce qui te permet les plus grands bonds dans ton niveau de conscience en tant que jeune : c’est le contact avec la classe ouvrière, c’était ce que pomme disait.
Une autre fonction que Pomme a évoquer : c’est l’implantation dans la CO.
Construire un secteur jeune : Au vue de toutes les spécificités de la jeunesse qu’on a développé au début du topo, l’organisation qu’on construit doit être capable de capter les spécificités de la jeunesse, ses rythmes de mobilisation et sa politisation, sa spontanéité à la révolte etc..
C’est donc pour ça qu’on constuit un secteur jeune en propre au sein du NPAR qui est le NPA Jeunes R, pour mener une activité propre en direction de la jeunesse, pour les convaincre de la révolution et d’une stratégie pour le renversement de cette société, en s’appuyant sur le sentiment de révolte des jeunes.
Pour centraliser et articuler l’intervention de notre courant politique dans la jeunesse on a besoin de cadres de discussion propre a la jeunesse (le BSJ, le SNJ, la commission de formation,etc…) pour discuter, élaborer et prendre des décisions au niveau local, régional et national. Ca permet a la jeunesse de l’organisation de decider pour eux, y compris parce qu’on est les mieux à même de connaître nos priorités d’intervention et les outils dont nous avons besoin pour mettre en pratique l’orientation du parti. Et ce type de structuration permet aussi aux jeunes de faire leurs propres expériences et se former de A à Z.
Le fait de s’entrainer a decider et élaborer par nous meme, c’est un moyen de formation extrêmement important, parce que décider nous même veut dire faire nos propres erreurs, et c’est en les faisant qu’on ne les reproduira pas.
Mais biensure, le NPA Jeunes n’est pas un organe indépendant du partis, sont s’agit donc de décliner la politique du Parti en direction de la jeunesse dans son ensemble (facs, lycées, jeunes travailleurs avec ou sans emploi).
Pour finir vraiment, tout ça, personne n’est capable de l’élaborer tout seule, donc on a besoin d’une organisation nationale, mais aussi internationale étant donné la nature mondiale de ces experiences, et la politique internationaliste aussi du capitalisme. Il n’y a que si on rassemble l’expérience des luttes concrètes conduites par les masses dans le monde qu’on aura une vue générale sur la réalité du monde, c’est pour ca que construire des liens internationaux avec des organisations révolutionnaires dans le monde, y compris avec la jeunesse revolutionnaire dans le monde c’est une tache essentielle. C’est D’ailleurs dans ce sens que les kmrd de izar, SON, RSO, avec qui on entretient des liens privilégies, soient venu a ce WEF et tiennent des ateliers, et également les kmrd du GKS qui ont repondu a notre invitation en venant participer a ce wef et discuter avec nous, et que nous allons également rencontrer lors de leur camps au pays basque dans quelques jours où ils nous ont invités.