Le service civique obligatoire, la dernière idée du Parlement pour enfoncer la jeunesse dans la précarité
La jeunesse, « première priorité » d’Hollande pour son quinquennat doit être heureuse après quatre mois de mobilisation contre la loi travail : elle a gagné un allongement de quatre mois de bourses (avec l’ARPE) et le service civique obligatoire ! Le 6 juillet dernier, l’Assemblée Générale a adopté la loi « Egalité et Citoyenneté », qui comporte une mesure qui obligera tout jeune de 18 à 25 ans de donner 9 mois de sa vie à l’Etat. Entre travail forcé et endoctrinement réactionnaire, cette mesure n’est qu’une manifestation de plus du tournant réactionnaire que les puissants veulent nous imposer.
La mesure, pour l’instant « expérimentale », doit être confirmée au Sénat début octobre. Ce service civique se divise en trois périodes de trois mois, faisable sur trois ans, de manière à empêcher tous les étudiants à prendre des vacances l’été et surtout de travailler pour tout celles et ceux qui ne peuvent pas compter sur des revenus extérieurs pour survivre. La première, intitulée « classes républicaines », constitue une occasion de plus pour l’Etat de diffuser son idéologie réactionnaire : il s’agit d’enfoncer dans le crâne des jeunes les « idéaux républicains », la « Mémoire et l’Histoire de la France » ; après 15 ans d’école, collège et lycée, l’Etat a vraiment-t-il besoin de nous asséner ses contre-vérités dans des salles de cours l’été ? Les deux autres périodes ne sont pas plus rassurantes : il s’agit là d’effectuer un service civique, c’est à dire en travaillant dans les administrations territoriales, dans des « missions d’intérêt général ».
Après trois mois d’endoctrinement capitaliste, les jeunes de 18 ans auront donc la chance de gouter, pour la première fois mais pas la première, à la précarité qu’ils devront affronter durant toute leur vie. En effet, alors que les missions de service civique tendent de plus en plus à remplacer des emplois réels dans les administrations publiques, ces remplacements s’accompagnent évidemment d’une baisse sensible de la rémunération, pour la même mission : payés entre 500€ et 600€, l’énorme majorité de ces service civiques sont en réalité des emplois déguisés, avec un salaire qui ne permet même pas de payer un loyer parisien… Par exemple, un jeune étudiant pourra être affecté dans l’administration d’une commune, chargé d’un projet culturel par exemple, pour les trois mois de l’été, et ce pour un salaire de misère. L’occasion donc pour certaines administrations de dégraisser leurs effectifs, augmenter le chômage et le taux de pauvreté.
Ce rétablissement du STO ne peut se faire sans réaction des lycéens et des étudiants ! Une pétition, lancée par Solidaires étudiant-e-s, rassemble d’ores et déjà des milliers de signatures contre un projet rétrograde, qui casse l’emploi et développe le précariat, au bénéfice de l’Etat et des entreprises qui profiteront de ces emplois peu payés. Ce projet fait bien parti du « monde » de la loi travail, et ne peut que nous pousser à engager contre celui-ci.