Le seul engagement du gouvernement, c’est l’exploitation

La semaine dernière le premier ministre présentait son « contrat d’engagement jeunes » sensé répondre à la précarité de la jeunesse qui galère entre boulot mal payés et chômage. Mais cette annonce ne contient pas grand-chose et ne devraient pas nous faire oublier les oppositions systématiques du gouvernement à l’ouverture du RSA, pourtant bien insuffisant, aux moins de 25 ans ou les files de jeunes devant les banques alimentaires durant les confinements. Avec l’annonce de ce nouveau gadget social à bas coût on sent que les élections approchent.

Des annonces vides mais une précarité bien réelle

Le gouvernement a mis fin au suspense, annoncées par Macron dès juillet, cette mesure a déjà été revue à la baisse. En fait, rien de bien nouveau, il s’agit d’une nouvelle mouture de la « garantie jeunes » à 500€ avec le nouveau « contrat d’engagement », pour une durée limitée à 12 mois.

Si le nombre de bénéficiaires double, c’est que le nombre de jeunes qui entrent sur le monde du travail sans aucune perspective d’emploi stable et correctement rémunéré augmente encore plus. En septembre 2020, c’était 700 000 jeunes qui entraient sur le marché du travail, soit autant que le nombre d’emplois supprimés par le patronat lors du premier confinement. Aujourd’hui, ce serait 1,5 millions de jeunes qui seraient précaires, et nombre d’entre eux ne remplissent pas les conditions pour toucher cette aumône de 500€, car pour beaucoup d’entre eux la galère ressemble à des contrats courts en CDD ou en intérim et à des périodes de chômages.

La seule nouveauté de ce « contrat d’engagement », c’est « l’intensification du suivi », comprendre le flicage des jeunes considérés comme suspects dès lors qu’ils touchent une maigre allocation. Un minimum d’heures d’activités par semaine compris entre 15 et 20h sera réclamé aux bénéficiaires de l’aide, et cette aide peut être suspendue au premier refus d’emploi qui serait jugé injustifié. Ces activités proposées actuellement par les missions locales et bientôt par Pôle Emploi, ce sont souvent des contrats courts et mal payés, les mêmes qui maintiennent une partie de la jeunesse dans la précarité. Pas sûr que les boulots d’une semaine de démarcheur en porte à porte ou dans un centre d’appel permettent aux jeunes de s’en sortir. Il s’agit plutôt de fournir une main d’œuvre flexible et bon marché au patronat, qui, lui, a touché plus de 800 millions d’euros versés en 1 an grâce au mal nommé programme « 1 jeune, 1 solution ».

Une sélection sociale renforcée

Pour une bonne partie de la jeunesse auquel ce système ne propose que l’exploitation, pas question de faire des études. La sélection sociale se fait très tôt, dès le collège où la plupart des jeunes des classes populaires sont orientés vers les bacs pro, sans s’inquiéter de leurs avis et aspirations Et pour ceux qui passeraient entre les mailles du filet, la sélection se poursuit à l’entrée de l’université. Les économies dans l’enseignement supérieur renforcent encore plus cette sélection sociale, et chaque année se sont des centaines de jeunes sans-facs qui se mobilisent pour avoir une formation à l’université. La semaine dernière une partie d’entre eux ont occupés un bâtiment de la fac de Nanterre face au refus de sa présidence d’inscrire les derniers étudiants sans formations.

Ces jeunes mettent en avant leur droit à étudier qui leur est refusé ainsi qu’à des centaines de milliers de jeunes à qui on ne laisse même pas percevoir cette possibilité. Pour s’émanciper, la jeunesse ouvrière, étudiante ou en galère, devra se mobiliser ensemble contre le pouvoir des patrons de décider qui a le droit à une formation et à laquelle, et se permettent de laisser dans la misère ceux qu’ils exploitent.