Leurs miradors, leurs business … et nos morts.
Sinistre record en Manche pour 2024 : 73 migrants morts en tentant la traversée pour sortir des camps de Calais, Douai, Dunkerque ou Paris. Un record qui sent le fric et les intérêts politiques à plein nez pour les capitalistes. Car une frontière, ça génère des contrats juteux pour les vendeurs de murs, de barbelés et de drônes, pour un marché mondial de 50 à 55 milliards de dollars par an. C’est aussi les tractations – monnayées bien sûr – entre l’agence européenne Frontex et les milices libyennes, ou avec les gouvernements turc, marocains ou tunisiens. Tu déportes les réfugiés, tu parques les migrants dans un désert ou dans l’un des cinquante camps de la région, tu fais le sale boulot, et je te file un gros chèque. Politique criminelle des gouvernements européens, qu’ils soient de droite comme de gauche. Criminelle et hypocrite, car ils savent bien que les barbelés n’arrêtent pas ceux que la misère ou la guerre poussent en avant. Ils ne font qu’augmenter le nombre de morts en rendant les routes plus dangereuses, et par là en encourageant racket, traite, rançon et viols – un passage obligé pour 90% des femmes migrant par la Méditerranée d’après le dernier rapport de l’ONU publié fin novembre.
Derrière les politiques racistes et anti-immigrés, les intérêts du patronat !
Ce sont bien eux, les patrons de l’automobile en Hongrie, de l’agro alimentaire en Espagne ou du BTP en France, qui ont intérêt à ce tri barbare aux frontières. Pour les capitalistes, il faut un contrôle sans pitié sur la partie la plus isolée des travailleurs, à qui ils font subir le triple chantage emploi – logement – papiers. Ils lui pourrissent la vie pour la forcer à tout accepter, même les boulots les plus difficiles et moins bien payés, et par là faire pression sur l’ensemble des exploités.
L’arsenal de lois anti-immigrés leur facilite la tâche. Celle de Darmanin ou celle que promet Retailleau, ministre nostalgique des “belles heures de la colonisation”, main dans la main avec l’extrême-droite. Cette dernière qui, avec Trump, annonce pour 2025 la déportation de millions de travailleurs sans papiers. Mais que l’extrême-droite soit au pouvoir ou non, sa démagogie raciste est reprise par tous les politiciens pour détourner la colère sociale vers des boucs émissaires. Pour diviser ceux qui ont intérêt à lutter ensemble contre le monde des Musk, Bolloré et Mulliez … dont les capitaux et les plans de licenciement ne s’embarrassent pas de frontières.
Alors de l’air, ouvrez les frontières !
La classe ouvrière, dans toute sa diversité, est bien la seule à avoir tout à gagner à se débarrasser des frontières et des Etats bourgeois avec elles. Quoiqu’en disent les vendeurs d’illusions qui veulent nous faire défendre “nos” patrons, “notre” industrie, comme si ce n’étaient pas eux le coeur du problème. Nous avons bien plus en commun avec les réfugiés syriens que les gouvernements européens veulent renvoyer en Syrie à peine Assad tombé, avec les ouvriers agricoles comoriens à Mayotte et avec les manœuvres des chantiers olympiques. C’est pourquoi des luttes comme celles des mineurs isolés de Belleville, qui s’organisent autour d’une occupation à Paris, peuvent résonner dans d’autres têtes. Dans nos têtes de lycéens, d’étudiants ou de travailleurs, nous qui avons toutes les raisons de faire de ce combat le nôtre : pour obtenir les régularisations et la liberté de circulation pour tous, pour mettre fin aux violences racistes et à la misère sociale imposée par le patronat. Et pour commencer, saisissons-nous des manifestations appelées par la Marche des solidarités cette semaine !