Loi “contre l’antisémitisme dans l’Enseignement supérieur”. Une fois de plus, le gouvernement instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme pour renforcer la répression !

Communiqué unitaire : UNEF, Solidaires Étudiant·e·s, FSE, Union Étudiante, NPA Jeunes Révolutionnaires, Jeunesses Anticapitalistes, Le Poing Levé

Mercredi 7 mai, l’Assemblée nationale a voté la proposition de loi  « contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine dans l’enseignement supérieur ». Mais cette loi ne prévoit en rien de lutter contre les discriminations, cherchant principalement à réprimer et intimider les mobilisations étudiantes !

La loi crée une nouvelle section disciplinaire au niveau académique. Celle-ci sera dirigée par le rectorat (antenne du gouvernement) et avec une composition qui lui permettra de décider plus facilement des sanctions. En effet, les sections disciplinaires, déjà largement utilisées pour réprimer les mobilisations, sont composées à 50% d’étudiant-es et à 50% d’enseignant-es. En outre,  il faut dépasser la majorité des voix pour valider une sanction. La loi prévoit d’ajouter des membres des administrations à ces nouvelles sections disciplinaires. Avec cette loi les mêmes qui lancent les poursuites deviennent juges. 

Aujourd’hui, on peut être poursuivi en section disciplinaire en raison “d’une fraude ou d’une tentative de fraude” ou si l’on porte “atteinte à l’ordre, au bon fonctionnement ou à la réputation de l’université”. Ce dernier motif est déjà particulièrement flou et utilisé dans de nombreux de cas de répression contre des militant-es politiques et/ou syndicalistes dans les universités. L’article 3 de la loi, le plus décrié, ajoute comme motifs de poursuite : « Les faits de violence ou de harcèlement », « Les faits antisémites, racistes, discriminatoires ou d’incitation à la haine ou à la violence » et « La méconnaissance des dispositions législatives et réglementaires relatives à la vie universitaire ou du règlement intérieur de l’établissement » (motif particulièrement flou). Qui plus est, la liste de ces motifs n’est qu’indicative, et laisse une interprétation très large à la caractérisation générale d’une faute disciplinaire – y compris pour des faits commis hors des établissements. Alors que les exemples de répression à l’université se multiplient : CRS sur les campus, syndicalistes surveillé-es, étudiant-es en garde-à-vue pour une occupation,…

Bien sûr qu’il faut lutter contre l’antisémitisme et le racisme en général, dans les universités et toute la société. Or, nous ne sommes pas dupes : ce sont ceux qui coupent les budgets dans les facs, des budgets qui pourraient servir à la prévention sur le racisme, ou à des cellules d’écoute de victimes de discrimination à la fac, qui veulent maintenant nous faire avaler une pilule répressive sous une forme pseudo-morale.  

Qui peut croire qu’une loi votée par le RN, les Républicains et l’UDR (le parti de Ciotti) compte vraiment lutter contre le racisme ? Aucune confiance dans des racistes pour nous parler de racisme ! Surtout quand, depuis des mois, ils nous expliquent que la lutte de solidarité avec le peuple palestinien et contre la politique meurtrière et colonisatrice d’Israël, c’est de l’antisémitisme. Le texte reprend à son compte une définition de l’antisémitisme qui, selon l’Union juive française pour la paix, “confond la critique de l’État d’Israel et le racisme antijuif”. Et c’est là que l’on voit le rôle que va avoir cette loi. 

Elle démultiplie les moyens de l’Etat pour réprimer la lutte de solidarité avec la Palestine. Mais également toute mobilisation étudiante. Les motifs de sanction et la section disciplinaire à l’échelle académique seront les outils de la répression du mouvement, prêts à exclure n’importe quels militant-es qui gênerait les présidences et le gouvernement. Ce même mouvement étudiant qui ne manque jamais de réagir face au racisme et à l’antisémitisme, et qui lutte contre toutes les discriminations, comme en témoigne la récente mobilisation des étudiants et étudiantes de la fac Pasteur à Rouen !

Enfin cette proposition de loi est discutée dans un contexte de recrudescence des actes et discours islamophobes, normalisés dans les sphères politiques et médiatiques. Le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau se place en chef de file de cette offensive islamophobe en faisant part de son souhait d’interdire le port du voile dans le sport et à l’université

Nous exigeons le retrait de cette proposition de loi.

Nous exigeons le retrait de cette loi et l’augmentation des budgets pour lutter contre les discriminations dans l’ESR, à contrario des mesures du gouvernement qui, en sabrant dans les budgets, renforce le racisme et les discriminations.

Les étudiant-es se sont mobilisé-es activement contre les coupes dans les facs et les services publics, en solidarité avec le peuple palestinien, contre la réforme des retraites, en bref contre toute la politique de ce gouvernement ! C’est pour tenter d’entraver les futures mobilisations que le gouvernement sort cette loi. Nous appelons les étudiant-es à ne pas se laisser intimider face aux politiques répressives et à construire les mobilisations à venir.