
Lycées privés : au nom du Père, du fisc et du blé public
Article du N°35 de Révolutionnaires (29 mai 2025)
Aujourd’hui en France, 2 millions d’élèves (sur les 17 millions scolarisés) fréquentent des établissements privés sous contrat. Parmi ceux-ci, l’enseignement catholique représente 96 %. Cette présence massive de l’enseignement religieux dans le système éducatif français est revenue sur le devant de la scène avec plusieurs scandales… Le lycée-collège Notre-Dame de Bétharram en premier lieu, avec la dénonciation des violences, des sévices physiques et des abus sexuels, entre autres par la fille de François Bayrou.
Les médias et le gouvernement font la chasse aux établissements privés musulmans (comme Averroès), suspectés par lui d’enfreindre laïcité et sacro-saints principes républicains. Ils ne sont sans doute pas plus exempts de dérives que les autres, mais il suffit d’aller au complexe Stanislas, dans le 6e arrondissement de Paris, pour découvrir que le sexisme, l’homophobie, le harcèlement et la propagande anti-IVG font la loi. Et ce n’est pas la fréquence des contrôles qui va arranger ça : en moyenne, il y en a un tous les 1500 ans pour les établissements catholiques et juifs quand c’est un chaque année pour les 126 établissements musulmans !
Fermer les yeux pour mieux remplir les poches
Malgré les scandales, rien ne ralentit la frénésie des subventions. Stanislas a pu bénéficier sur l’année 2022-2023 de 1,3 million d’argent public ; de quoi financer les neuf gymnases et piscines de l’établissement… et générer près de 3 millions « d’excédent d’exploitation », c’est-à-dire de profits. L’éducation, un business comme les autres, gavé d’argent public.
Neuf établissements privés sur dix sont financés à plus de 75 % par l’État. L’Éducation nationale allonge la majorité des subventions (8 milliards d’euros), mais les autres ministères, les collectivités territoriales et administrations publiques ne sont pas en reste, avec respectivement 1 milliard, 2,7 milliards et 1,8 milliard en 2022. De plus, l’école privée peut compter sur des mécènes privés, ordres ecclésiastiques et entreprises, qui financent des projets en faveur de « l’égalité des chances » (entre 2000 et 4000 euros l’année à Stanislas, où on ne peut pas vraiment parler d’une grande mixité sociale). Mais comme ce n’était visiblement pas assez, la loi de finances 2025 exonère les établissements privés de toute taxe d’habitation, après un court rétablissement en 2023. Pas étonnant que le secrétaire général de l’enseignement catholique ait envoyé une lettre aux chefs d’établissement pour leur demander de ne pas oublier de remercier les responsables politiques qui ont soutenu ce projet de loi, en premier lieu François Bayrou. Alors que les établissements publics subissent année après année des coupes budgétaires, l’enseignement privé catho se porte bien, à défaut des conditions d’éducation des élèves – si un élève sur dix ne sait pas lire correctement à la fin du collège, ils n’ont qu’à apprendre à prier !
Daria Sebba • 27/05/2025