Le Poing Levé – n°49 – 19 mai 2011 – Les luttes des jeunes n’ont pas de frontière !
Sur tous les continents, les classes dominantes se sont juré de maintenir leur système à flot. Les pays du Sud, les anciennes colonies, en font toujours plus les frais. Ce sont les laboratoires des politiques libérales les plus extrêmes : absence de droit du travail, de sécurité sociale et d’accès à l’Éducation, services publics privatisés, absence de perspective pour la jeunesse… Celles et ceux qui fuient de telles situations sont systématiquement stigmatisés, traqués, raflés dans les pays du Nord. Le discours de nos dirigeants est simple : Véolia, le Club Méd ou la BNP peuvent s’installer en Tunisie… mais les migrants tunisiens ne sont pas les bienvenus chez nous ; l’armée française peut voler et assassiner en Afghanistan… mais les Afghans ne peuvent pas venir en France. Ils doivent rester chez eux, subir les pillages et la surexploitation en courbant l’échine.
Le racisme, conséquence de la crise et de l’impérialisme
Bien facile, en Europe, de montrer du doigt les migrants, de criminaliser les résistances aux occupations militaires ou les révolutions démocratiques et sociales qui ont lieu au sud de la Méditerranée. Cela permet de nous faire oublier que les vrais responsables de la crise sont les capitalistes, ceux dont les profits continuent de grimper ; que les vrais « profiteurs » ne sont pas ceux qui touchent le RSA pour seule aumône, mais les grandes entreprises, les banques, qui se font renflouer à coups de milliards d’euros et bénéficient en prime d’exonérations de cotisations sociales et d’impôts.
Ce discours nous divise et nous affaiblit. Il nous pousse à oublier le sens de mots comme « solidarité » ou « action collective »… L’individualisme et la xénophobie ne sont pas des réponses face à la classe dominante. Mais elle espère en faire les seuls débouchés à la colère et au désespoir des jeunes et du monde du travail.
Sarkozy préfère nous voir voter FN en réponse à sa politique et au discrédit du PS, plutôt que nous nous battions maintenant tous ensemble pour nos droits, sans attendre 2012.
Unité dans la lutte !
Pourtant, le chemin de l’unité et de la combativité n’est pas bouché. Il y a quelques mois encore, en France, nous étions des millions de travailleurs, avec ou sans emploi, précaires ou en CDI, de jeunes salariés ou scolarisés, à nous mobiliser pour les retraites. Alors que la grève des raffineries menaçait de bloquer le pays tout entier, des dizaines de milliers de lycéen-ne-s occupaient les rues et affrontaient la répression de l’État policier. Peu après, les étudiant-e-s et les lycéen-ne-s de Grande-Bretagne et d’Italie descendaient à leur tour pour sauver leur Éducation. Puis, c’était au tour de l’Irlande du sud, du Portugal et de l’État espagnol de connaître des mobilisations massives contre les plans d’austérité…
Enfin, la jeunesse de Tunisie prenait le relais pour à son tour affirmer son refus de la précarité, de la misère et de la dictature. Elle entraînait derrière elle l’ensemble des classes populaires du pays, puis le monde arabe tout entier !
C’est le message que nous porterons dans toute la France le 28 mai, lors d’une grande manifestation contre le racisme d’État et les idées du Front national. Nous refusons de nous diviser, de nous battre entre nous, alors que les riches et les puissants prospèrent sur notre dos. Pour que cessent les injustices qui frappent les plus pauvres, les plus précaires d’entre nous ; pour renforcer notre capacité de résistance, nous devons au contraire exiger la liberté de circulation et d’installation des migrants, la régularisation de tous les sans-papiers, l’abrogation de toutes les lois anti-immigrés, islamophobes et discriminatoires, l’égalité des droits que l’on soit de nationalité française ou étrangère.