Le Poing Levé – n°65 – 6 février 2012 – Solidarité avec le peuple syrien !
Le 3 février, des milliers de Syriens ont défilé pour commémorer le massacre de Hama. En 1982, Hafaz el-Assad (le père de l’actuel dictateur) avait écrasé la révolte de cette ville, faisant 50 000 morts.
Depuis dix mois, le régime tire toujours sur la foule. 6000 personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection. Les arrestations, la torture et les exécutions sont incapables de venir à bout de la détermination populaire. Mais les combats entre l’armée de Bachar el-Assad et l’Armée syrienne libre (ALS) semblent sans issue. La guerre civile risque de durer encore.
Les tractations des grandes puissances
Les États-Unis, l’Union européenne et la Turquie soutiennent les forces rebelles et prennent des mesures financières contre l’État syrien. Par la voix de leurs alliés de la Ligue arabe, ils demandent des négociations et une « transition » du pouvoir. Mais l’une des forces de l’opposition, le Conseil national syrien (CNS), refuse de négocier le départ d’el-Assad. Il demande une intervention militaire de l’OTAN et veut être considéré comme le seul représentant de l’insurrection. Il refuse de s’allier aux autres forces anti-régime, notamment le Conseil national pour le changement démocratique (CNCD) qui, lui, s’oppose à toute intervention militaire extérieure.
L’Arabie saoudite et le Qatar, les alliés fidèles de Washington, veulent renforcer la pression sur la Syrie, en allant jusqu’à l’intervention militaire. Ils ont fait retirer les observateurs envoyés par la Ligue arabe. Ces régimes n’ont que faire de la démocratie et des insurgés. Eux-mêmes répriment durement leurs populations et couvrent les exactions de leurs voisins, que ce soit à Bahreïn (où l’armée saoudienne est venue directement en aide au régime), au Sultanat d’Oman ou au Yémen. Les États-Unis et leurs alliés n’hésitent pas à ouvrir des négociations avec les Talibans afghans et le gouvernement pro-occidental de Hamid Karzaï. La Turquie réprime férocement les revendications nationales du peuple kurde…
De leur côté, la Russie et la Chine apportent leur soutien à el-Assad, Moscou lui fournissant les armes nécessaires à l’écrasement de son peuple.
Aucune confiance dans les pouvoirs étrangers !
Le peuple syrien est au centre de luttes de pouvoir. Ses appels au secours sont passés sous silence ou manipulés par les uns et les autres. La majorité des insurgés ne demande pas d’intervention militaire étrangère, mais l’isolement du pouvoir.
Le seul soutien aux peuples viendra des peuples eux-mêmes, pour démontrer au pouvoir, et surtout aux populations soulevées et martyrisées, que le monde est du côté de l’insurrection, que ce régime sanguinaire n’a plus aucune légitimité nulle part.
Le passé nous a appris que les grandes puissances servent leurs intérêts égoïstes. Les guerres d’Irak et d’Afghanistan n’ont apporté aucune démocratie, aucune amélioration pour les peuples. Les armées occidentales, dont la France, tuent, pillent, attisent les guerres civiles et les rivalités. En Libye, des manifestations massives exigent déjà le départ du Conseil national de transition, placé au pouvoir par Sarkozy et Obama.
Soyons aux côtés de l’insurrection syrienne, dans les rassemblements qui ont lieu régulièrement dans les principales villes de France.
Alors que certains candidats, jusqu’à Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche, sont nostalgiques de la « grandeur de la France », soutiennent ses interventions militaires et ses ventes d’armes, le NPA revendique la fin de l’impérialisme français, le retrait des troupes et le respect du droit à l’auto-détermination de tous les peuples.