I. La retraite c’est quoi ?

    Un salaire différé

    Le principe sur lequel repose notre système de sécurité sociale est le fait que chaque salarié verse une partie de son salaire (40%) aux caisses de la sécurité sociale, sous forme de cotisations. Ces cotisations sont une sorte de salaire différé qui lui est reversé sous forme d’indemnités maladie, congé maternité, chômage et pensions de retraite.

    Un système par répartition : un salaire socialisé

    L’argent versé aux caisses de la sécurité sociale n’est pas reversé en fonction de ce que chaque salarié a cotisé mais en fonction de ses besoins de chaque personne. C’est donc une sorte de « pot commun » dans lequel chacun socialise une partie de son salaire permettant de subvenir aux besoins de ceux qui sont plus malades que d’autres. Ce système va effectivement contre la logique capitaliste d’individualisation et de mise en concurrence.

    Il faut noter que le système de retraite ne fonctionne pas totalement sur la base de ce système puisque le montant de la pension dépend du nombre d’années de cotisation et du montant du salaire de l’ancien salarié.

    Un acquis social

    Les retraites sont un acquis social obtenu par les luttes des salariés en 1945 à la Libération avec la constitution de la Sécurité sociale.

    Comment ça marche actuellement ?

    Le montant des cotisations retraites correspond à 7,85% du salaire pour les fonctionnaires et 10,55% pour les salariés du privé.

    Le montant des pensions de retraite à taux plein correspond à 75% du salaire de l’ancien salarié (calculé sur les 25 meilleures années).

    Mais pour toucher sa retraite à taux plein, depuis la réforme adoptée en 2003, il faut avoir cotisé 40,5 annuités depuis le 1er janvier 2009 contre 37,5 annuités précédemment. Cette réforme prévoyait un allongement de la durée de cotisation semi-automatique de sorte qu’à partir de 2012 il faudra cotiser 41 annuités et 41,5 à partir de 2020. Lorsque le salarié n’a pas cotisé l’ensemble de ses annuités, le montant de sa pension diminue par décotes.

    L’âge minimum légal de départ à la retraite est 60 ans (55 pour certains régimes spéciaux). Ca signifie que les salariés peuvent choisir de partir à la retraite à cet âge même s’ils n’ont pas cotisé toutes leurs annuités. Un salarié peut toucher sa retraite à taux plein même s’il n’a pas toutes ses annuités à partir de 65 ans.

    Dans les faits, plus d’un million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté et 50% touchent une pension inférieure à 1000 euros. Les femmes sont les plus touchées : ayant touché toute leur vie des salaires inférieurs à ceux des hommes et des interruptions de carrière pour élever les enfants, elles touchent des pensions en moyenne inférieures de 40%  à celles des hommes.

    II. Que dit la réforme actuelle ?

      . L’âge légal de départ à la retraite passerait de 60 à 62 ans.

      . L’âge légal de départ à la retraite sans décote de pension passerait de 65 à 67 ans.

      . La réforme confirme que la durée de cotisation augmentera bien pour atteindre 41,5 annuités en 2020.

      . Les cotisations des fonctionnaires augmenteront de 3% pour atteindre 10,55% du salaire. Ce qui signifiera des baisses de salaire net des fonctionnaires, une première depuis 1935.

      . La reconnaissance de la pénibilité du travail ne sera faite qu’au cas par cas. Chaque salarié devra se battre pour apporter une preuve médicale des conséquences néfastes de sa profession sur son état de santé.

      Quelles conséquences sur nous les jeunes ?

      L’augmentation de la durée d’étude et de formation mais aussi la difficulté à trouver un premier emploi avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse les 21%,  font que les jeunes s’insèrent aujourd’hui sur le marché du travail aux alentours de 27 ans. Autant dire que si nous devons cotiser 41,5 annuités, avec cette réforme aucun d’entre-nous ne pourra partir à la retraite avant 67 ans ou alors avec des pensions de misère.

      Les jeunes qui commencent à travailler le plus tôt (en apprentissage généralement) occupent souvent les métiers les plus pénibles. Pour eux, le recul de l’âge légal de départ en retraite signifiera partir usés ou en invalidité et pour une partie d’entre eux travailler jusqu’à la mort.

      Alors que des milliers de jeunes sont au chômage, le gouvernement veut forcer des salariés de plus de 60 ans à continuer à travailler, en cherchant en plus à mettre les différentes générations en concurrence.

      III. Leurs arguments            

      La durée de vie augmente :

      Pour le gouvernement une réforme serait incontournable car le système ne pourrait faire face à l’augmentation du nombre de retraités. Ils étaient 11 millions en 2000 devraient être 21 millions en 2040 du fait de l’allongement de la durée de vie.

      Nos arguments

      …et alors

      Depuis les débuts de l’humanité la durée de vie augmente, on appelle ça le progrès social. Pourtant cette augmentation de la durée de vie s’est toujours accompagnée d’une réduction de la durée du travail.

      Le gouvernement oublie de rappeler qu’en parallèle de l’augmentation de la durée de vie, on assiste aussi à une augmentation de la productivité. Un actif aujourd’hui produit autant que 4 actifs en 1960. Il y a donc plus de richesses produites qui pourraient

      Les caisses sont vides :

      Le gouvernement agite depuis plusieurs années l’épouvantail du trou abyssal de la sécurité sociale. Celui de la branche vieillesse s’élèverait  à 8,1 milliards en 2009. Ce trou augmenterait considérablement dans les années à venir.

      potentiellement être utilisées pour financer les retraites.

      Il oublie aussi, qu’à partir de 2040, les derniers « baby-boomeurs » arriveront à la retraite et qu’ensuite le nombre de retraités diminuera de nouveau.

      Les statistiques estiment qu’une augmentation de deux de la durée du travail aura pour conséquence de réduire l’espérance de vie.

      …Oui mais le déficit est voulu :

      Ce déficit de la sécurité sociale n’est pas simplement dû à une augmentation des dépenses mais avant tout à une baisse des recettes. Depuis 30 ans on assiste à une explosion des exonérations de cotisations patronales. La dette de l’Etat et des patrons représentait 5,7 milliards d’euros en 2008.

      L’augmentation du chômage et la stagnation des salaires sont autant d’argent en moins qui arrive dans les caisses sous forme de cotisations. On estime à 65 milliards d’euros le montant de cotisation en plus qui arriverait dans les caisses de la sécu si on permettait aux 5 millions de chômeurs de travailler.

      Les contrats précaires sous payés, les temps partiels sont exonérés de cotisations. Ces contrats sont la plupart du temps imposés. Pourtant 1,2 millions d’emplois à temps plein en plus représenteraient 20 milliards d’euros de cotisation vieillesse en plus.

      Les cotisations sur les stock-options apporteraient 2,4 à 4,8 milliards d’euros.

      Alors financer les retraites c’est possible. Mais il s’agit bien d’une question de choix de société et de répartition des richesses. Il faut prendre l’argent là où il est.

      IV. Nos revendications

        • Retrait de la réforme des retraites
        • Maintien de l’âge légal du départ en retraite à 60 ans
        • Maintien du droit de départ à taux plein à 65 ans.
        • Retour aux 37,5 annuités de cotisation
        • Validation des années d’études et de formation dans le calcul des annuités de cotisation 
        • Validation des périodes de stages, intégrée dans une véritable règlementation contraignante (rémunération à 50% du SMIC dès le premier mois, reconnaissance et encadrement dans la formation.
        • Validation des périodes d’inactivité forcée, et la prise en compte la situation des jeunes en situation d’insertion professionnelle pour qui l’enchaînement de stages, de CDD, d’emplois à temps partiel, de périodes d’intérim ou de chômage conduisent à accumuler des droits à retraite très incomplets.

        V. Comment se battre contre cette réforme ?

        La majorité de la population est opposée à cette réforme. Les premières journées de mobilisations ont été de succès avec plusieurs millions de grévistes et de manifestants dans les rues. Mais le gouvernement s’obstine à faire passer sa réforme. Les débats a l’Assemblée Nationale débutent le 6 septembre. Le calendrier prévoit que la loi soit adoptée dès la mi-octobre.

        Nous avons donc peu de temps. Mais unis et déterminés, c’est possible de faire reculer ce gouvernement.

        Des collectifs locaux contre la réforme des retraites commencent à s’organiser partout en France dans les villes, les quartiers mais aussi sur les facs et les lycées. Il faut qu’un maximum de jeunes les rejoignent.

        Une nouvelle journée de grève et de mobilisation est déjà prévue le 7 septembre. Il faut y participer massivement. Cette journée doit être le début d’un mouvement d’ampleur des jeunes et des salariés. Nous invitons tous les jeunes à participer aux assemblées générales qui seront organisées sur leurs lieux de travail ou d’études et aux prochaines journées de grève et de manifestation, à se mobiliser jusqu’au retrait de la loi.