Orpea, à qui profite la maltraitance ?
Depuis deux semaines, suite à la publication du livre Les fossoyeurs, l’entreprise Orpea fait la une : numéro 1 des Ehpad privés dans le monde et gestionnaire de 200 établissements en France, elle a mis en place un système de maltraitance organisé à une échelle industrielle : rationnement de la nourriture et des protections hygiéniques, manque de soins, sous-effectif permanent avec des conditions de travail épouvantables pour les travailleurs des Ehpad.
Les dessous d’un business juteux
Les résidents paient parfois des millliers d’euros… pour être maltraités. La raison ? Le fric ! D’après l’enquête, le groupe Orpea fait des économies de bout de chandelles en permanence, sur la bouffe, sur les soins, sur les salaires, ce qui lui assure des profits juteux : 230M€ au premier semestre 2021. Pour les capitalistes, le vieillissement de la population, c’est un nouveau marché juteux qui se développe à vitesse grand V. En France, trois groupes se partagent plus de la moitié des Ehpad privés.
Et gare à ceux qui dénoncent les conditions de soins et de travail dans leurs établissements ! Salariés comme directeurs sont débarqués du jour au lendemain s’ils font fuiter des informations à la presse. Le groupe Orpea mène notamment une politique de répression syndicale acharnée, en France comme ailleurs, et a plusieurs fois été épinglé pour cela.
Et la preuve qu’au fond tout le monde savait ce qui se passe à l’intérieur des Ehpad, il n’y a pas que le cours de l’action d’orpea qui plonge en bourse (-64%), mais aussi celui de ses concurrents Korian (-41%) ou LNA Santé (-30%). Au passage, étant informé à l’avance de la future parution du livre, l’ancien directeur d’Orpea (viré il y a quelque jours pour calmer la polémique) avait vendu toutes ses actions ! Judicieux pour ce patron qui aurait perdu 600 000 € de capitalisation boursière s’il les avait gardées.
Se battre pour que les vies passent avant les profits !
La classe politique dans son ensemble rivalise de discours indignés devant les révélations. Pourtant, ils sont bien au courant de tout cela ! Des révélations avaient déjà été faites depuis de nombreuses années, notamment concernant le groupe Korian. Ce que le récent scandale montre, c’est que les gouvernements accompagnent le développement des groupes d’Ephad. Comme Xavier Bertrand qui a entretenu des relations privilégiées avec le groupe Orpea lorsqu’il était ministre de la Santé.
Face à cette affaire, Jadot prône qu’on ne devrait pas faire de profits avec la santé. Roussel dit qu’il faut exproprier Orpea. Tout cela est bien vrai. Mais dans un monde capitaliste, les services publics eux aussi sont assujettis au fonctionnement rapace de ce système. CHU comme Ehpad publics font eux aussi bosser leurs travailleurs pour un salaire de misère et avec un sous-effectif qui va croissant d’année en année, le tout en « pilotant » leurs décisions en fonction de « l’efficience » et de la rentabilité marchande.
Pour en finir avec la maltraitance et la souffrance au travail dans les Ehpad et les hostos, il faut lutter pour la hausse des salaires et des embauches dans la santé, comme les infirmières et autres personnels de santé régulièrement en grève ces trois dernières années, ou comme les salariés de l’Ehpad de la Part-Dieu à Lyon qui se sont mis en grève la semaine dernière.
Et surtout, ce qu’il nous faut pour en finir définitivement avec cette logique cupide, c’est renverser le capitalisme pour transformer cette société pourrie jusqu’à l’os en une société où les travailleuses et travailleurs de la santé, en lien avec les patients, décideraient eux-mêmes de comment organiser la santé pour répondre aux besoins de la population et non à la loi du profit.
Lien vers une vidéo sur la grève des salariés de l’Ehpad Omeris à Lyon :