Pourquoi l’Etat réprime-t-il ?
Depuis plusieurs semaines l’État multiplie les actes de répressions. Cette violence ne s’exerce pas au hasard. C’est en direction des classes populaires et contre celles et ceux qui tentent de s’opposer au gouvernement et au patronat que les coups tombent systématiquement. Derniers exemplse en date ; la mort de Rémi Fraisse, les violentes de répression contre les manifestants, les grévistes…
Par contre, on n’a jamais vue un « beau quartier » retourné par la police pour y trouver les fraudeurs fiscaux qui cachent leur argent en suisse ou les patrons qui délocalisent leur usine en secret et jettent des milliers de familles à la rue.
« L’État ne serait pas neutre ? »
L’État n’est pas neutre. De tout temps il a été au service de la classe dirigeante. On nous répète par exemple depuis des années que les caisses sont vide pour financer les universités, les lycées ou pour augmenter les salaires. Par contre des milliards sont toujours disponible pour faire des cadeaux aux grandes entreprises à l’image du « pacte de responsabilité » qui finance des capitalistes comme Peugeot ou Total à hauteur de 50 milliard. Alors même que ces entreprises utilisent cet argent pour engraisser leurs actionnaires et licencient par centaine leurs salariés.
Pour s’assurer un contrôle sur la politique que mène le gouvernement, les patrons ne s’embarrassent pas d’artifice. Cela se fait par le moyen le plus sûr : la dette de l’État. Cette dette est issue des emprunts que l’État contracte auprès des banques et qu’il doit ensuite rembourser. Ainsi, par le biais de la dette, le grand patronat et les banques à son service ont un contrôle direct sur les investissements de l’État. Pas étonnant que le remboursement de la dette constitue le deuxième poste budgétaire.
« Mais alors pourquoi les patrons et les libéraux veulent toujours « moins d’État » ? »
Quand il s’agit de sauver le capitalisme par des plans de relance faramineux, on n’entend pas un patron qui crie au scandale. Moins d’État mais pas n’importe quand et pas pour n’importe quoi. Quand il s’agit de privatiser des secteurs rentables pour faire des profits (comme La Poste ou GDF par exemple) il faut moins d’État. Pour les secteurs soi-disant non-rentables, comme la sécurité sociale par exemple, l’intervention de l’État est favorisée. Par exemple, plutôt que de prendre sur des cotisations patronales pour financer l’assurance maladie, on propose de le faire par le biais de l’État, c’est-à-dire de nos impôts. C’est ce qu’on appelle la socialisation des pertes et la privatisation des profits.
« Mais l’Etat n’est-il pas démocratiquement élue ? »
Sous son vernis démocratique, l’État est composé avant tout de hauts fonctionnaires non élus, qui se sont hissés au sommet de la hiérarchie en prouvant leur attachement à la classe des riches et aux pires idées réactionnaires.
L’État major d’armée en est un bon exemple. Durant l’épisode des manifs contre le mariage pour tous, on a par exemple apprit que le général Dary, ancien gouverneur de Paris était l’un des principaux organisateurs de ces « manifs pour tous ». Son ami, le général Puga, qui est aujourd’hui considéré comme le plus haut gradé de l’armée française, peut lui se venter d’avoir un frère catho intégriste à la pointe des idées homophobes. Pas étonnant qu’a aucun moment, ces manifestants haineux des beaux quartiers n’aient été inquiété par une interdiction de manifestation comme c’est le cas pour les rassemblements palestiniens ou ceux en hommage à Rémi Fraisse.
« Sans l’État et l’armée, qui nous défendrait ? »
L’armée française ne sert pas à défendre la population dans son ensemble. Elle sert à défendre les intérêts de l’impérialisme français. Sept bases militaires permanentes existent aujourd’hui en Afrique. Ce n’est pas pour assurer « la paix » mais plutôt pour intervenir dès que les intérêts de Bouygues, Total ou Bolloré sont menacés.
L’intervention militaire en 2013 au Mali en est une bonne démonstration. L’opération Serval était présentée comme une guerre humanitaire. En vérité l’objectif étaient de sécurisé les intérêts de quelques capitalistes français notamment dans la zone proche du Niger qui fournit une grande partie de l’uranium à l’entreprise française Areva. Plus d’un an et demi après le début de l’opération, aucun des problèmes de la population n’a été réglé. Les djihadistes sont toujours bien présents et la guerre a accentué la misère. L’armée française qui ne devait resté que quelque mois est toujours sur place et elle sert aujourd’hui d’appui à un gouvernement qui fait face à une importante vague de grèves et de contestations dans la population.
« Mais l’État a toujours existé ? »
L’État n’a existé que pendant une petite partie de l’histoire de l’humanité. Et il n’est pas apparu par hasard. Ce n’est pas un outil neutre dont la société s’est dotée à un moment de son histoire pour assurer l’intérêt collectif. Il est le produit de la division de la société en classes sociales distinctes. Quand une minorité de la population a pu se libérer de la nécessité de travailler, en vivant du travail des autres, elle a pu constituer un patrimoine qui au fur et à mesure de l’histoire s’est transformé en capital, jusqu’à l’apparition du capitalisme. Pour s’assurer que ce capital reste entre ses mains, les classes dirigeantes ont eu besoin d’institutions pour garantir leur domination sur le reste de la société. Là est l’origine historique de l’État. Il disparaîtra quand disparaîtront ces contradictions et cette domination… une fois le capitalisme renversé !
« Alors pourquoi l’État réprime ? »
Car fondamentalement l’État n’est pas neutre.
La répression est la défense de l’ordre établi, notamment de l’ordre économique. C’est donc la défense de la propriété privée des moyens de production. C’est la défense des profits d’une minorité de la population tirés de l’exploitation du travail de la majorité. Engels disait : « l’État se résume à un groupe d’hommes en armes ». Cette définition est toujours d’actualité même si l’État a évolué et s’est perfectionné au fil des années, notamment dans ses formes de contrôles, de répression et d’intégration idéologique. Car le rôle de l’État n’est pas seulement de réprimer tout ce qui bouge. Une telle société n’est guère imaginable. Pour maintenir l’ordre, l’idéologie dominante, et particulièrement les illusions dans les institutions, sont d’un grand secours aux capitalistes. Comme le chante La Rumeur : « La meilleure des polices ne porte pas l’uniforme (…). La meilleure des polices c’est ton taf, ta télé, tes crédits (…). C’est tes retenues sur salaire et le découvert avant la fin de la semaine (…). La meilleure des polices c’est quand les pauvres savent rester à leur place sans besoin de les matraquer. ».
« Pourquoi se poser cette question aujourd’hui ? »
Notre rapport aux institutions et donc à l’État n’est pas une question purement théorique. Dans nos luttes, au quotidien, nous sommes confrontés à ce problème. Par exemple, dans une mobilisation faut-il compter sur nos propres forces et massifier le mouvement ou interpeller les députés ? Pour résister aux attaques du gouvernement et mettre un coup d’arrêt à sa politique, faut-il compter sur nos Assemblées
Générales ou sur l’Assemblée Nationale ? L’Etat est au service des intérêts de la classe dirigeante, nous ne pouvons pas compter sur lui pour nous défendre. Vouloir renverser le capitalisme pour construire une autre société implique donc de renverser ses institutions pour en construire de nouvelles, par en bas.