Serpent de mer macroniste, le SNU de retour ?
Promesse de campagne de Macron, dès 2017, le Service national universel n’a pour le moment été mis en place que pour une minorité de jeunes et repose sur le volontariat. Même sous cette forme limitée, sa mise en œuvre n’a pas évité les scandales : malaises après être resté au garde-à-vous en plein soleil, pompes en pleine nuit en guise de punition collective, propos racistes, et on en passe.
Mais voilà que revient l’idée de l’imposer aux jeunes générations, en le rendant obligatoire. Un document de travail interne à la Jeunesse et aux Sports vient d’être rendu public par l’hebdomadaire Politis. La secrétaire d’État chargée du SNU, Sarah El Haïry, confirme que ce projet est bel et bien à l’étude. Il serait effectué sur temps scolaire, sous la forme d’un séjour de « cohésion » de 12 jours, pour tous les élèves de seconde générale et de première année de CAP, soit 800 000 jeunes chaque année. Le SNU serait mis en œuvre dans six départements pilotes (Cher, Hautes-Alpes, Vosges, Finistère, Dordogne et Var) avant d’être généralisé à tout le territoire à partir de 2026. Lever à 6 heures 30, levée du drapeau et Marseillaise, uniforme, sensibilisation aux enjeux de la défense nationale, le tout en étant privé de téléphone portable… Voilà qui montre bien comment le gouvernement envisage de mettre la jeunesse au pas… tout en craignant les réactions à cette annonce : dans un contexte social agité, avec la mobilisation contre la réforme des retraites, les communications sur le SNU se font plutôt discrètes, et le document de travail dont parle Politis n’aurait pas dû fuiter, risquant de mettre de l’huile sur le feu dans la jeunesse ! La crainte de sa contestation n’est pas le seul obstacle à la mise en œuvre d’un SNU obligatoire : sa mise en œuvre concrète est une véritable gageure, car il faut trouver les lieux pour héberger tous ces jeunes, et le personnel pour les « encadrer », des agents de l’Éducation nationale détachés pour la circonstance, des militaires en retraite, des animateurs… S’ajoute la question de la prise en charge du transport, car le SNU ne devrait pas être effectué dans le département d’origine. Pour le rendre obligatoire, les pistes étudiées sont à l’image de toute la politique de ce gouvernement : révoltantes. De la valorisation du SNU dans Parcoursup à l’interdiction de passer le bac pendant cinq ans pour ceux qui refuseraient de l’effectuer, tous les moyens de chantage sont à l’étude. Quant au fait que sa mise en œuvre soit une véritable usine à gaz, il ne faut pas trop compter sur cet argument pour se rassurer : la destruction des filières au lycée par le bac Blanquer en était une, et pourtant, elle est entrée en application, quitte à détruire les classes et les emplois du temps des élèves. Alors restons vigilants. Mais on a bien des atouts de notre côté pour faire échouer le projet, car avec une jeunesse qui apprend à défiler dans la rue en chantant contre « Macron et sa police aussi » et qui reste « déter à changer le pays… », c’est peut-être bien les petits caporaux chargés d’encadrer le futur SNU qui pourraient avoir du fil à retordre.
L. G.