I – LA RETRAITE C’EST QUOI ?

Les retraites sont un acquis social arraché par les luttes en 1945 à la Libération avec la constitution de la Sécurité sociale.

Le principe de la sécurité sociale repose sur le fait qu’une partie des salaires des salariés est socialisé. Environ 40% du salaire est versé dans un « pot commun ». Cet argent est ensuite utilisé pour couvrir les besoins liés à la maladie, à la maternité, aux charges familiales, au chômage, à la retraite. Il permet de continuer à verser à un salaire aux retraités, à verser des indemnités de maladie ou de chômage. Cet argent mis dans le « pot commun « est donc reversé aux salariés sous la forme d’un salaire indirect.

Mais contrairement à la logique capitaliste, l’argent n’est pas reversé en fonction de ce que chacun a cotisé mais en fonction des besoins de chaque personne (même si pour les retraites ce principe est déjà en partie sapé : puisque l’argent reversé dépend du nombre d’années de cotisation et du montant du salaire).

Aujourd’hui, dans la majorité des professions, tu peux partir à la retraite à partir de 60 ans. Si, quand tu atteints l’âge de 60 ans, tu as déjà cotisé 40 annuités, tu pars avec une retraite à taux plein (environ 75% de ton salaire). Mais si tu n’a pas encore tes 40 annuités de cotisation tu peux soit faire le choix de partir quand même avec une retraite moins importante, soit continuer à travailler jusqu’à ce que tu atteignes les 40 annuités de cotisation.

Le patronat n’a jamais accepté le principe de payer pour des salariés qui ne travaillaient pas (maladie, chômage, retraites). Il n’a pas avalé non plus le principe du salaire socialisé dont le mécanisme est opposé aux règles fondamentales du capitalisme de l’individualisation et de la concurrence.

Depuis sa constitution, les différents gouvernements de droite comme de gauche ont cherché à s’attaquer à cet acquis. Plusieurs réformes ont déjà été adoptées s’attaquant à la sécurité sociale et aux retraites :

  • Loi Balladur en 1993
  • Loi Juppé en 1996
  • Loi Fillon en 2003
II – LEUR PROJET, LEURS ARGUMENTS

Aujourd’hui, les classes dirigeantes veulent à nouveaux s’attaquer à nos retraites. Pour cela, elles déroulent tout un arsenal argumentatif.

Les caisses sont vides : l’argument massue pour réformer le système de retraite est le prétendu déficit abyssal de la branche vieillesse de la sécurité sociale. Ils chiffrent ce déficit à 8,1 milliards d’euros en 2009.

Ils argumentent que ce déficit va se creuser parce que la durée de vie s’allonge donc le nombre de retraités augmente. Il y avait 11 millions de retraités en 2000, ils seront 21 millions en 2040. En plus, on va subir le départ massif à la retraite de la génération du Baby-Boom. Ils annoncent des chiffres catastrophistes : alors qu’il avait 4 actifs pour un retraité en 1960, il n’y en a plus qu’ 1,5 actif pour un retraité en 2020.

C’est avec l’ensemble de ces arguments que le gouvernement veut nous démontrer que notre système de retraite n’est pas viable.

Aujourd’hui, ils brandissent la menace d’un scénario à la grecque pour renforcer cette idée. Si nous ne réformons pas maintenant les retraites, nous aussi notre Etat va être en faillite.

Le gouvernement n’a pas encore annoncé son projet définitif mais nous connaissons les différentes options possibles :

. Reculer l’âge de départ à la retraite : Sarkozy évoquait l’idée de reculer l’âge de départ à la retraite à 63 ans en 2030. Ce sont les mesures adoptées en ce moment dans l’ensemble des pays européens. Le plan d’austérité de la Grèce prévoit le recul des départs à la retraite à 62 ou 63 ans.

Quand on sait que le taux d’emploi des 55-59 ans n’est que de 55,4% en France, parce que les entreprises préfèrent jeter à la porte ces salariés qu’elles jugent moins rentables, augmenter l’âge légal de départ à la retraite signifierait en réalité transformer une partie des pensions en indemnités chômage.

  • Augmenter la durée de cotisation : la loi Fillon de 2003 a déjà fait passer le nombre d’années de cotisation (les annuités) de 37,5 à 40. Aujourd’hui, ça signifie que tu dois cotiser pendant 40 ans pour espérer partir avec ta retraite à taux plein. Pour les jeunes générations, l’entrée sur le marché du travail se fait de plus en plus tardivement du fait de l’allongement de la durée d’étude (et oui maintenant si tu veux espérer trouver un taf un minimum rémunéré tu es obligé d’avoir un diplôme) mais aussi la difficulté à trouver un premier emploi. Résultat l’âge moyen d’entrée dans le monde du travail se fait aux alentours de 26 ans. De fait, notre génération ne pourra pas partir à la retraite avant 66 ans pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Et pourtant, le gouvernement veut encore rallonger la durée de cotisation. En clair, pour nous nombre d’entre-nous c’est la garantie de travailler jusqu’à la mort.

Aujourd’hui déjà, la majorité des salariés part à la retraite avec un handicap majeur puisque la durée de vie augmente mais la durée de vie en bonne santé n’est que de 63,1 ans pour les hommes et 64,2 ans pour les femmes.

  • Baisser le montant des pensions : comment peut-on envisager cette option alors que Plus d’un million de retraités vit sous le seuil de pauvreté et 50% touchent une pension inférieure à 1 000 d’euros ?

Leur objectif : les fonds de pension

A l’inverse du principe de salaire socialisé, ils voudraient mettre en place des régimes par capitalisation. Chaque salarié épargnerait pour sa propre retraite et les banques pourraient allégrement spéculer avec cet argent pendant toute la vie du salarié au risque de tout perdre. La création de fonds de pensions privés est encouragée par le faible montant des retraites. De nombreux salariés cherchent déjà à augmenter le niveau de leur retraite en épargnant dans ces fonds de pensions.

III – NOS ARGUMENTS, NOS SOLUTIONS

Pourquoi les caisses sont vides ?

Ce qu’oublie de mentionner le gouvernement c’est pourquoi les caisses sont vides.

Le premier responsable c’est le chômage de masse qui touche plus de 5 millions de personnes en France qui sont autant de gens qui ne cotisent pas à la sécurité sociale. Pourtant malgré les bénéfices, les entreprises continuent de licencier tout en empochant les aides publiques. Dans l’emploi public, la logique est la même avec le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. On peut aussi parler du blocage des salaires. Plus les salaires sont bas moins les cotisations sont importantes. Pourtant, c’est une réelle politique de blocage des salaires qui est mise en place. On rappelle qu’en 10 ans la répartition capital/travail est passée de 30/70 à 40/60. Ainsi, ce sont 10 points de richesses qui sont passés de la poche des salariés à la poche des patrons.

Mais le déficit c’est aussi le pillage de la sécurité sociale par la multiplication des exonérations de cotisations patronales. La dette de l’Etat et des patrons représentait 2,15 et 3,6 milliards d’euros en 2008.

Le faux argument de l’augmentation de la durée de vie :

La classe dirigeante brandit l’argument de l’augmentation de la durée de vie mais ceci n’est pas une nouveauté. La durée de vie a toujours augmenté grâce à ce qu’on appelle le progrès. Pourtant, cette augmentation de la durée de vie s’est toujours accompagnée d’une baisse du temps de travail. Ce qu’oublie de signaler le gouvernement, c’est la hausse de la productivité du travail. Aujourd’hui 2 actifs produisent plus que 4 actifs en 1960. Il y a donc toujours plus de richesses qui sont produites. C’est une évidence que le problème des retraites n’est pas un problème démographique mais bien de répartition des richesses produites. Pour financer les retraites, il faut reprendre ce qu’ils nous ont volé.

Pour financer les retraites il faut augmenter les salaires, en finir avec le chômage et la précarité, prendre l’argent là où il est.

En augmentant les salaires de 300 euros, ce serait 66 milliards d’euros en plus pour la Sécurité Sociale.

En permettant au 5 millions de chômeurs d’avoir un emploi, ce serait 65 milliards d’euros de cotisations en plus.

Les contrats précaires sous payés, les temps partiels sont exonérés de cotisations. Ces contrats sont la plupart du temps imposés. Pourtant 1,2 millions d’emplois à temps plein en plus représenteraient 20 milliards d’euros de cotisation vieillesse en plus.

Le financement des retraites est un choix de société. Cette question concerne tout le monde et tout particulièrement les jeunes. Génération « no futur » n’est pas seulement un slogan. Nous sommes la première génération à savoir que nous vivrons moins bien que nos parents. L’avenir que nous promet cette société n’est que précarité, chômage et salaires de merde. Une réforme des retraites signifierait en plus subir ces conditions de travail jusqu’à notre mort !

Nous exigeons :

  • La retraite à 60 ans à taux plein
  • 37,5 annuités de cotisation et pas un jour de plus
  • La comptabilisation des années d’études et de formation dans la comptabilisation des années de cotisations.

Pour financer les retraites :

  • Il faut en finir avec le chômage et la précarité : pour travailler tous, il faut travailler moins : 32h hebdomadaires
  • Un CDI pour tous, interdiction des contrats précaires
  • Il faut mettre fin aux exonérations patronales et exiger leur remboursement par l’Etat et les patrons.
IV – COMMENT SE BATTRE ?

Le gouvernement semble bien déterminé à faire passer sa réforme. Pour tenter d’enrayer la crise qui les touche, les capitalistes veulent revenir sur tous les acquis qu’ils avaient été obligé de concéder aux travailleurs. Les pays de l’Union Européenne viennent d’adopter un « plan de sauvetage » pour soi-disant « rassurer les marchés ». Mais en échange, ils disent à leur population qu’il va falloir se serrer la ceinture et adoptent des plan de rigueur. Ils tentent de faire passer la pilule en invoquant l’intérêt général.

Mais il est très clair que ce n’est pas aux jeunes, pas aux travailleurs de payer pour une crise qui n’est pas la nôtre. Nous refusons de payer pour rembourser les intérêts de la dette aux banques à qui, il y a quelques mois à peine, les Etats donnaient des milliards d’euros pour éviter la faillite du système.

La majorité des jeunes et des salariés refuse cette réforme des retraites. Maintenant, il faut organiser une riposte qui permette de les stopper. Ca signifie qu’il faut préparer ce mouvement d’ensemble, cette grève générale.

Une nouvelle journée de grève et de manifestation est appelée pour le 27 mai. Nous devons mettre l’ensemble de nos forces pour la construire. Face à des directions syndicales qui ne font rien pour engager cette bataille d’ampleur, seule une mobilisation forte et ancrée à la base permettra de faire changer la situation sociale. C’est pourquoi dès maintenant, il faut construire des collectifs unitaires locaux dans nos facs, nos lycées, nos lieux de travail. Peut-être que la jeunesse ne sera pas le fer de lance de cette mobilisation mais mettre en place ce types de cadres est un moyen pour que les jeunes puissent prendre part à la bataille si la mobilisation décolle chez les salariés et d’encourager cette mobilisation en montrant que les jeunes s’y préparent aussi.