
Loi de « modernisation » dans les universités : le gouvernement continue à faire la part belle au privé !
Article du N°39 de Révolutionnaires (24 juillet 2025)
Alors que Macron et Bayrou coupent dans tous les budgets – dont celui de l’enseignement supérieur qui a été raboté l’année passée de 1,5 milliard d’euros –, le gouvernement ne compte pas s’arrêter là dans les attaques sur les universités. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste, a déposé un nouveau projet de loi de « Modernisation et régulation de l’enseignement supérieur », dont le but est de donner plus de place au privé, qui s’est déjà largement développé ces dernières années : les étudiants y dépensent des milliers, voire des dizaines de milliers d’euros chaque année en frais d’inscription, s’endettant pour de nombreuses années, tout en étant privés de droits fondamentaux. Avec son projet de loi, le gouvernement veut faciliter la création de ce type d’établissements, par simple demande aux rectorats, et leur permettre de délivrer des licences et des masters au même titre que les facs publiques… Alors que le nombre d’étudiants dans le privé n’a cessé d’augmenter ces dernières années (un quart des étudiants aujourd’hui, contre un dixième il y a 25 ans) du fait du manque de places et de moyens dans les universités publiques. D’ailleurs, le nombre de formations privées a augmenté de plus de 75 % depuis 2010, contre moins de 15 % dans le public. Le projet de loi entérine aussi le maintien des établissements publics expérimentaux (EPE) pour cinq ans de plus. Ces établissements, qui regroupent des établissements publics et les grandes écoles, sont placés en dehors du code de l’éducation et décident donc comme bon leur semble de leurs propres règles, de leurs propres frais d’inscription, réduisant considérablement les droits étudiants. Ces établissements sont encouragés à développer leurs ressources propres (entendre les financements privés et des frais d’inscription démultipliés), ce qui entérine le désinvestissement de l’État. Le projet de loi compte donner plus de pouvoirs aux recteurs. L’objectif est simple : en déplaçant de nombreuses prises de décision du ministère aux rectorats, les attaques se feront « fac par fac » pour limiter les mobilisations à un terrain local. Le gouvernement déplace ainsi le problème : les frais d’inscription n’étant plus fixés au niveau national, une fac en difficulté financière pourrait décider de multiplier ses droits d’inscription. Si le gouvernement en place met ce type de mesures, c’est bien par peur de réactions nationales et de mouvements massifs dans les universités. Entre le vote de la mal nommée loi contre l’antisémitisme, qui ne cherche qu’à réprimer les étudiants mobilisés, les coupes budgétaires, l’augmentation de la sélection à l’université et ce type de projets de loi, nous avons de nombreuses raisons de chercher à préparer une rentrée universitaire de lutte !
Loïe Florès • 22/07/2025