Des violences policières à la polémique du « halal » : les multiples formes d’un racisme d’État

Les agressions policières qui touchent les jeunes noirs, maghrébins, musulmans issus des classes populaires, sont le fait de policiers qui n’écopent souvent que de peines légères (prison avec sursis voire relaxe). Une offensive de la droite contre les immigré-e-s s’articule à ces violences. En septembre dernier, Guéant vitupérait sur RTL : « il y a à Marseille une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences », et il affirmait dans Le Monde que « les Français veulent que la France reste à la France, les Français à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ». Loin d’être seulement des « petites phrases » ignobles, elles sont révélatrices d’un racisme d’État qui n’hésite pas à faire des lois racistes contre les musulmanes, ou à rafler les sans-papiers.

La crise du système capitaliste rend favorable une remontée des discours xénophobes et racistes. Et dans le contexte électoral actuel, la droite tente de ratisser large, elle n’hésite pas à chasser sur le territoire du FN, qui lui arrive à se construire progressivement et à convaincre une partie des travailleurs. Ces sorties sont l’occasion d’utiliser le bon vieux stratagème du « diviser pour mieux régner », en pointant du doigt un « autre » qu’il s’agit de stigmatiser pour mieux masquer la source véritable de toute les oppressions, l’hégémonie sociale, économique et politique de la classe dominante et exploiteuse.

Il ne s’agit plus aujourd’hui d’un racisme biologique, mais d’un racisme culturaliste qui vise principalement les étrangers non européens. La polémique autour de la viande « halal » incarne bien cette forme de racisme. Fillon qui avait déclaré que les rituels préconisés pour la viande « halal » ou « casher » étaient ineptes et d’un autre temps, visait à stigmatiser des populations souvent surexploitées et victimes d’humiliations quotidiennes. Pour le gouvernement, ce sont les étrangers musulmans aux mœurs barbares qui martyriseraient les animaux, tandis que l’industrie agroalimentaire serait quant à elle au-dessus de tout soupçon… et Guéant d’affirmer que « l’accroissement du nombre des fidèles de cette religion [l’islam] et un certain nombre de comportements posent problème ». Cette déclaration exprime un racisme qui se fonde sur l’idée d’une soi-disant supériorité du blanc occidental, de sa culture, voire de sa religion, qui devraient conduire « l’autre » à s’y soumettre.

L’interdiction faites aux mères musulmanes d’accompagner leurs enfants en sorties scolaires, le harcèlement au faciès, la polémique autour de la viande « halal » ou les violences policières… Ces différentes formes du racisme ne sont, en fait, que l’expression d’un racisme d’État, qui fonde la structure même de la République bourgeoise et prend ses racines dans l’histoire pas si lointaine du colonialisme.