Alors que la grève étudiante vient des fêter ses 100 jours avec une autre manifestation monstre de 200 000 personnes à Montréal, le gouvernement du Québec tente une nouvelle fois de casser ce mouvement de contestation historique.

Les libéraux de Jean Charest qui sont au pouvoir dans la province ainsi que la Coalition de l’Avenir du Québec (centre droite) ont voté le 17 mai dernier la loi 78 ; une loi spéciale voulant suspendre les sessions des étudiant-e-s en grève jusqu’à un retour forcé en classe prévu en août. Cette loi matraque interdit les piquets et autres actions pro-grève dans les universités et à moins de 50 mètres de celles-ci. Aussi, elle oblige les organisateurs de manifestations à informer la police de l’itinéraire et des moyens de transports utilisés pour toute manifestation de plus de 50 personnes. Par ailleurs, ceux et celles qui ne respectent pas cette loi risquent une amende de 1000 à 5000 dollars, de 7000 à 35000 pour les organisateurs et entre 25000 et 125000 par jour pour les associations étudiantes.

Comme la marginalisation du mouvement par la droite, les injonctions contre la grève, la répression policière et les fausses offres du gouvernement, cette nouvelle tentative de mater la lutte étudiante ne semble pas porter beaucoup de fruits. Plusieurs étudiant-e-s semblent déterminé à reconduire la grève lorsque les cours reprendront à la fin de l’été et, d’ici là, les manifestations se succèdent soirs après soirs à soirs à Montréal, à Québec et ailleurs dans la province. Elles ont d’ailleurs récemment rejoint par de nombreux tintamarres de casseroles faits par des citoyens-ennes appuyant les étudiant-e-s. La CLASSE de même que Québec Solidaire(nouveau parti de gauche) ont également appelé à la désobéissance civile pacifique pour que les militant-e-s face fit de la loi 78. Aussi, des actions sont à l’horaire pour perturber le Grande Prix de Formule 1 et la Conférence de Montréal(un sommet économique) qui se tiendront en juin dans la métropole et plusieurs vont valoir l’idée de faire une grève sociale générale pour amplifier le rapport de force.

Face à ce rapport de force qui ne faiblit guère, la gouvernement a été forcé d’accepter de faire de nouvelles discussions avec les quatre grandes associations étudiantes(la CLASSE, la FEUQ, la FECQ et la TACEQ). Ces dernières ont commencées le 29 mai dernier et déjà le premier ministre et ses ministres semblent dire qu’ils sont prêts à faire des reculs sur la hausse des frais de scolarité.

Cela ne fait que prouver que des alternatives à leurs politiques d’austérité existent et que les luttes de masse sont le moyen dont nous disposons pour faire respecter nos intérêts entant que travailleurs-euses et étudiant-e-s. Cependant, l’establishment québécois n’abandonnera jamais totalement sa quête de profits et de pouvoir. Nous devons donc rester alerte et combatif pour éviter d’abandonner trop vite à la suite d’une offre à rabais de la part du gouvernement qui trouvera le moyen de compenser ses compromis ailleurs et toujours à nos dépens.

La hausse des frais de scolarité fait partie d’une vaste offensive menée par nos dirigeants politiques et économiques pour nous refiler les coûts de leur gestion orientée strictement vers la recherche de profits personnels. À Alternative Socialiste nous savons que cette lutte n’est pas unique ni isolée. Elle est imbriqué dans un combat plus large contre l’austérité en général et elle doit se faire conjointement avec les travailleurs-euses et les autres couches de la population qui, avec les étudiant-e-s, écopent de ces politiques et doivent par conséquent riposter. Mais cette lutte ne doit pas seulement se contenter de répliquer aux attaques de l’establishment. Si protéger nos acquis est primordial, canaliser la colère populaire en une lutte politique contre la dictature des marchés qui génère tous ces problèmes l’est tout autant. AS soutient la lutte contre la hausse des frais de scolarité et y participe en étant présent aux manifestations, en invitant nos membres et sympathisant-e-s à s’impliquer dans leurs associations étudiants ou syndicats, etc.

Nos interventions s’articulent autours de 3 axes principaux faisant partie de notre analyse et pouvant aider le mouvement à franchir une nouvelle étape :

  • Ne nous laissons pas intimider par ce gouvernement autoritaire ! Aujourd’hui plus que jamais, il faut intensifier la lutte ! Tous et toutes dans la rue pour continuer les manifestations et les occupations !
  • Étudiant-e-s et travailleurs-euses, nous faisons partie d’une seule et même classe victime des politiques hypocrites et destructrices du PLQ. Allons dans nos associations étudiantes et syndicats et organisons une grève générale contre l’austérité !
  • Arrêtons de supporter et même d’être conciliant avec le Parti libéral du Québec ainsi qu’avec la CAQ et le PQ qui n’ont pas su nous défendre et qui flirtent également avec les élites. Seul Québec solidaire a le potentiel de devenir le porte-voix de ce mouvement de contestation ; Qu’on s’y implique et qu’on l’appuie !

Par Olivier Lachance d’Alternative Socialiste