SFR, Bouygues : La loi travail fait déjà des ravages

À peine promulguée, en plein été par un troisième 49.3, la loi travail fait déjà des ravages. En effet, si les députés et autres sénateurs vont plancher durant quelques mois sur les différents décrets entourant la loi El Khomri, le patronat semble bien trop impatient pour ces formalités administratives. Très certainement frustré par 5 mois de lutte intensive (en attendant le 15 septembre et d’éventuelles suites) qui ont retardé ses plans, le voici reparti à l’offensive.

Si de nombreux exemples de ce durcissement de ton pourraient être développés, deux cas sont particulièrement saisissant en matière d’application de la loi travail. SFR a annoncé la suppression de près de 5 000 postes d’ici 3 ans, ce qui représente plus d’un tiers de ses effectifs sur la totalité du territoire. La direction, comme c’est souvent le cas en pareille circonstance, tente de favoriser au maximum les départs volontaires, histoire de contenir une éventuelle grogne généralisée. L’argument de « la guerre des prix », avancé par la direction pour rendre ces licenciements inéluctables, se trouve cependant confrontés à une contradiction : les actionnaires d’Altice, maison-mère du groupe, ont empoché de très confortables dividendes cette année.

Autre cas emblématique de cette mise en application de la loi El Khomri, Bouygues Telecom a purement et simplement annoncé à ses employés son ambition de supprimer les RTT contre… une augmentation de 2% du salaire ! Bien entendu, ce « deal » serait « négocié » directement dans l’entreprise avec les employés déjà en poste… et imposé d’office à tous les nouveaux travailleurs. Corrélé à cette situation ubuesque, la direction à d’ors et déjà l’ambition de ne pas renouveler certains postes, notamment en ce qui concerne les services de relations clients. Ainsi, il est inenvisageable de croire que les « anciens » puissent refuser le troc proposé par la direction, au risque de se voir licencier et remplacer par une nouvelle génération qui, elle, n’aura pas le choix.

En mars dernier, Myriam El Khomri expliquait que la jeunesse n’avait « rien compris » à son texte. Lors de l’entrée en scène de secteurs avancés de la classe ouvrière sur le terrain de la lutte, cette même ministre parlait d’un déficit d’explication, que la loi travail ouvrait de nouveau droit pour les salariés tout en protégeant les entreprises. La mise en pratique donne pourtant raison au mouvement social. La loi travail est bel et bien un outil visant exclusivement à réduire au maximum ce que les classes dominantes appellent « coût du travail », c’est-à-dire les moyens de subsistance de l’ensemble des travailleurs, dans la perspective de maximiser toujours plus la plus-value entrant directement dans les poches du patronat.