Nouveau gouvernement : les nuances changent, le fond reste le même

Sous la direction d’Elisabeth Borne, le nouveau gouvernement a été annoncé le 20 mai dernier. Sa nomination comme Première ministre avait suscité un bref émoi médiatique, bien que ce choix reste dans la droite ligne du précédent gouvernement.

En effet, Borne a déjà un beau palmarès dans les salons dorés : elle a successivement été membre des cabinets ministériels sous les divers gouvernements de gauche, sous Mitterrand, Jospin et Hollande , avant de se rallier à LREM en 2017. Là, nommée ministre des transports, elle avait orchestré la réforme de la SNCF pour l’ouvrir à la concurrence, ce qui a surtout pour résultat d’augmenter la concurrence entre les travailleurs du transport, plus qu’entre leurs patrons. Elle fut ensuite ministre de la transition écologique, où elle a piloté la loi d’orientation des mobilités contre les conséquences de laquelle les salariés de la RATP ont déjà fait grève à l’hiver 2019- 2020, et font à nouveau grève de lundi à mercredi de cette semaine. Et enfin Borne s’est retrouvée ministre du travail, où elle a mis en place la réforme de l’assurance chômage, qui a précarisé encore plus les demandeurs d’emplois. Il faut dire qu’elle avait de l’expérience dans tous ces domaines, ayant été directrice stratégie de la SNCF en 2002, directrice des concessions de la société Eiffage en 2007, et en 2015 à la tête de la RATP. Bref, une belle carrière au service du patronat.

Et quand elle dit dédier sa nomination « à toutes les petites filles », on a un peu du mal à croire à un quelconque engagement féministe. Surtout quand on voit que Darmanin, accusé d’agression sexuelle, reste à son poste, et que Damien Abad, ex-LR accusé de viol, vient d’être nommé ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées. Avec un tel ramassis de sexistes au gouvernement, ça promet pour la nouvelle grande cause du quinquennat !

Au moins Blanquer dégage, (ouf !) son successeur Pap Ndiaye passe pour plus cool et ouvert… Sauf quand il annonce : « Je suis un pur produit de la méritocratie républicaine, dont l’école est le pilier »… Tout est dit, l’école est et restera la machine à sélection dont Blanquer avait tant vanté les mérites.
Ndiaye appliquera la même politique que son prédécesseur, avec la facilité pour lui de ne pas être (encore) haï par la majorité du corps enseignant.

Et pour couronner le tout, on revoit des têtes bien connues et pas très aimées, les Dupont-Moretti, Le Maire, Attal et Cie, accompagnés de toutes leurs casseroles. On a au moins la consolation de voir que niveau écologie, Macron et son gouvernement sont experts en recyclage.

La pandémie continue, la casse de l’hôpital aussi
Après deux ans de pandémie et de gestion calamiteuse de la crise sanitaire et alors que la sixième vague de contaminations frappe aux portes de l’Europe, on ne compte plus le nombre de démissions, d’arrêts-maladies, de burn-outs dans les hôpitaux. Les services continuent de fermer les uns après les autres et on souffre encore plus du sous-effectif et du sous-financement de l’hôpital. 120 services d’urgences tournent au ralenti, faute de soignants. Pendant ce temps, le gouvernement fait mine de s’étonner que les hôpitaux peinent à recruter, après avoir œuvré dans la continuité de décennies de casse de la santé publique. Mais si la crise de l’hôpital est devant nous, il est urgent et vital pour toutes et tous de réagir et de se battre pour une vraie amélioration des conditions de travail. Car la colère ne manque pas chez les soignants, dont les grèves se sont enchainées durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, dans les EHPADs, les hôpitaux psychiatriques, les services d’urgence…
En réalité, seuls les travailleuses et travailleurs des hôpitaux connaissent les véritables besoins du secteur en termes de qualité des soins, de gestion des stocks, de formations, d’entretien des locaux… Car personne n’est mieux placé que les salariés pour organiser le travail. À eux de prendre les décisions, sans accorder la moindre confiance aux directions dont les choix, guidés par le profit et la volonté de faire toujours plus d’économies, se révèlent chaque jour plus destructeurs, tant pour les salariés que pour les patients !