

À Paris 1, la présidente de la fac n’aime pas beaucoup la politique
Les attaques sur les droits politiques et syndicaux se multiplient dans nos lieux d’étude, à commencer par les appels fréquents aux flics sur les campus, face aux étudiants mobilisés, comme à Nanterre cette semaine, Nantes en septembre ou à Bordeaux-Montaigne l’année dernière. À Paris 1 (Tolbiac, Sorbonne), la présidente innove et demande maintenant carrément à avoir accès en amont au contenu politique des évènements associatifs. Elle veut se former elle aussi peut-être ?
Une projection de film, une exposition, oui, mais lesquelles ?
Réserver une salle pour projeter un film, rien de bien étrange pour un syndicat étudiant de la fac. Pourtant ça n’est pas du goût de l’adjointe au centre Saint-Charles de Paris 1, qui demande à visionner le film avant qu’il soit diffusé. Une cinéphile peut-être ? Bien sûr, il s’agit avant tout d’en contrôler le contenu politique avant d’autoriser sa diffusion par nos camarades du Poing levé. La semaine suivante, c’est au tour d’un autre syndicat étudiant de la fac (SAP1), de se voir interdire un projet d’exposition sur les différents centres de la fac. Alors même que la campagne de lutte contre les discriminations bénéficiait d’un financement officiel de la fac, l’exposition sur les luttes des personnes LGBT+ qui devait se mettre en place a été interdite par la présidente de l’université elle-même, sous prétexte de son caractère « politique ». Lutter contre les discriminations à la fac, c’est possible, mais seulement si ça ne froisse pas les convictions de la présidente !
Un recul des droits démocratiques qui s’accélère
Chaque année, la présidente de la fac et son administration tentent d’empêcher les mobilisations étudiantes – chaque année ils échouent – par une pression administrative de plus en plus forte. Passage systématique des cours en distanciel les jours de mobilisation, fermetures arbitraires de centres, cartes confisquées, police appelée autour de la fac, violences et insultes des agents de sécurité à l’encontre des étudiants, piquets de grève de syndicats professionnels interdits voire attaqués par des membres de l’administration, interdiction aux personnes extérieures de rentrer sur les campus (y compris des militants des flottilles pour Gaza !), les mesures se multiplient pour tenter d’entraver les mobilisations au sein de l’université.
À cela s’ajoute donc un contrôle politique de plus en plus accru sur les activités des associations politiques ou syndicales de la fac. On peut par exemple penser à l’interdiction systématique pour le comité Palestine de la fac de réserver une salle ou de tenir une table. Ou encore au fait que notre demande de domiciliation à l’université a été rejetée deux années consécutives. Et maintenant, il faudrait faire voir les films et approuver les expositions, pourquoi pas relire nos tracts tant qu’on y est !
Des mesures nationales
Le vote de la mal nommée « Loi relative à la lutte contre l’antisémitisme dans les universités » le 31 juillet dernier accélère ce processus : elle prévoit la création d’une nouvelle section disciplinaire, directement désignée par le rectorat, lui-même nommé par le président de la République, capable d’être saisie pour tout et n’importe quoi, comme « les faits susceptibles de porter atteinte à l’ordre ou au bon fonctionnement de l’établissement », qui n’ont plus rien à voir avec la lutte contre l’antisémitisme. C’est bien une nouvelle sanction disciplinaire inventée pour entraver toute potentielle mobilisation étudiante. Est-ce qu’une AG porte atteinte au bon fonctionnement de l’établissement ? Une manif ? Un atelier pour peindre des pancartes ? Un piquet de grève ? Un blocage ? Ce sera à la nouvelle section disciplinaire de le dire… et on peut craindre le pire, vu comment la présidente de notre fac considère de simples projections de film ou expositions. Aux étudiantes et étudiants de ne pas s’en laisser conter !
Uma Daunai, 18 octobre 2025
