
« Bloquons tout » : la rentrée des luttes précède le début des cours ! Tous et toutes en grève le 18 septembre et après
Article du N°41 de Révolutionnaires (18 septembre 2025)
La journée du 10 septembre a été marquée par la présence massive de jeunes dans les différents cortèges dans l’ensemble du pays, allant jusqu’à parfois prendre la tête des manifestations, comme à Rouen. Le début de semaine était déjà inédit, avec la tenue d’assemblées générales dans une trentaine d’établissements supérieurs (250 étudiants à la Sorbonne, 500 à Rennes 2, 500 à Strasbourg), alors que la rentrée universitaire n’avait pas réellement débuté.
Le gouvernement a essayé de briser dans l’œuf la mobilisation de la jeunesse scolarisée. Dans les universités, les présidences de facs ont multiplié les intimidations contre les étudiants mobilisés (Paris, Toulouse, Bordeaux, Dunkerque…), voire ont simplement déplacé ou annulé les cours qui devaient se tenir le 10 septembre. Devant les lycées, les policiers ont déchaîné leur violence contre celles et ceux qui cherchaient à bloquer : mais cela ne les a pas empêché de rejoindre les actions ou les manifestations de la journée. Le déploiement de cette répression témoigne de la crainte du gouvernement de l’enracinement de la contestation dans les lycées et les universités, qui concentrent des milliers, voire des dizaines de milliers de jeunes qui se sont politisés ces dernières années : contre le génocide en Palestine, les violences policières ou sexistes et les violentes attaques patronales orchestrées par Macron et ses gouvernements successifs. Une politisation visible sur les lycées mobilisés, qui arboraient presque tous des drapeaux palestiniens, quand il ne s’agissait pas carrément de drapeaux de l’équipage de Luffy (issus de One Piece et symbole de la contestation en Indonésie) ou des références à l’embrasement social népalais.
La principale force de la jeunesse scolarisée ne réside pas (seulement) dans sa capacité à se déployer sur de multiples « actions » ou « blocages », mais dans sa capacité à entraîner d’autres secteurs dans la lutte si elle se montre suffisamment dynamique et déterminée. À Caen, après une assemblée de 400 étudiants, ils étaient 1 500 à s’élancer de leur campus pour rejoindre les manifestations du centre-ville : de quoi montrer à tous et toutes que : « Oui, la jeunesse est dans la rue ! » Nous devons enraciner l’agitation actuelle dans nos lieux d’études, la structurer et la rendre visible largement pour montrer aux travailleurs qui se posent le problème de la grève qu’ils auront des alliés dans la jeunesse.
C’est dans cette perspective que le NPA-Jeunes-Révolutionnaires a pris l’initiative de proposer aux autres organisations de jeunesse de se réunir pour appeler et frapper ensemble à l’occasion de la journée de grève du 18 septembre, organisée par l’intersyndicale. Mais la mobilisation ne sera véritablement forte que si elle s’organise à la base, dans des assemblées générales, des comités de mobilisation, voire dans des coordinations – dont on voit les germes dans l’Interfac région parisienne qui a réuni 250 étudiants le 10 septembre et les différentes réunions inter-lycées de Rennes et Paris (une vingtaine de lycées représentés).
Une telle organisation démocratique et décisionnaire à la base pourrait donner des idées bien en dehors de l’Éducation par la force de l’exemple et nous donner les moyens de diriger nos luttes, alors que les directions syndicales et partis de gauche cherchent à canaliser la mobilisation pour leurs propres agendas institutionnels ou électoraux.
Stefan Ino • 18/09/2025