Article du N°45 de Révolutionnaires (13 novembre 2025)

Le Projet de loi de finances pour 2026 prévoit la suppression des APL pour les étudiants internationaux non boursiers qui ne viennent pas de l’Union européenne.

Étudier coûte plus cher quand on n’a pas les bons papiers

Les étudiants étrangers, c’est 14 % des étudiants, environ 410 000 personnes. Depuis 2019, et le plan « Bienvenue en France », leurs frais d’inscription sont différenciés s’ils ne viennent pas de l’Union européenne : 2 895 € par an en licence, 3 941 € en master. Les études permettent d’obtenir un visa en France… mais les frais de dossier (99 euros) ne constituent que la partie émergée des coûts. Pour solliciter Campus France, il faut fournir : acte de naissance, certificat de nationalité, carte d’identité et passeport, assurance voyage rapatriement, justificatifs de réservation d’un vol aller-retour, attester d’un hébergement pendant la durée du séjour. Comptez donc près de 10 000 euros pour un visa de 12 mois. Et votre situation reste précaire : vous pouvez ne pas l’obtenir… et il peut sauter en cours d’année. La lenteur – volontaire – des démarches administratives, peut rendre des étudiants « sans-papier » alors même qu’ils ont fait leurs démarches à temps.

Des politiques discriminatoires qui se renforcent

C’est une politique d’immigration « choisie », via des exigences pseudo-méritocratiques (niveau de français, résultats aux diplômes) et financières (frais d’inscription différenciés) : pour venir étudier de l’étranger, il faut être riche.

Darmanin prévoyait même dans sa loi « asile et immigration » de 2024 de demander aux étudiants étrangers de laisser une caution lors de leur arrivée, pouvant sauter à la première infraction. Un amalgame crasse entre immigration et délinquance, qui avait de quoi ravir le RN. On retrouve ce même racisme assumé dans la suspension arbitraire, sous un prétexte, de l’accueil des étudiants palestiniens de Gaza en août 2025, en plein génocide.

Une fois en France, les galères continuent : labyrinthe administratif, difficultés d’intégration, remarques racistes à la fac. Cela explique que deux tiers des étudiants internationaux en France ne parviennent pas à obtenir leur licence en 3 ans, mais aussi leur surreprésentation dans les dossiers de « sans-facs » déposés à Nanterre, Lille ou Lyon. Les mobilisations annuelles pour exiger leur inscription, ainsi que les mobilisations étudiantes de 2018 à 2020 ayant contraint certaines facs à ne pas appliquer les frais d’inscriptions différenciés montrent qu’il est possible de faire reculer les politiques discriminatoires de l’État ! Face à la suppression des APL pour les étudiants étrangers extra-européens, qui ouvre la voie à la remise en cause des APL pour tous les étudiants, il faut se mobiliser !

Uma Daunai