Face à l’urgence climatique : il faut une « décennie révolution » !
Article publié dans le n°3 de Révolutionnaires (Eté 2023)
Le réchauffement climatique s’accélère : d’après l’ONU, les températures moyennes ont augmenté de 0,2 °C dans la dernière décennie. Nous entrons dans une « décennie critique » : la planète brûle, à l’image des méga feux de forêt dont les fumées ont étouffé les poumons de 100 millions de personnes début juin en Amérique du Nord.
Face au dérèglement climatique et à la pollution, pas tous égaux !
« On n’a pas de planète B » : ce slogan, largement repris dans les manifestations écolo, résume la situation. La destruction active de notre écosystème nous touche toutes et tous, mais pas de la même manière : ce sont bien les pauvres qui subissent le plus les décisions de production et de consommation de la bourgeoisie. Comment quitter son habitation située dans une zone atteinte par la montée des eaux quand on n’en a pas les moyens ? Comment se permettre d’arrêter de travailler sur des chantiers ou en extérieur quand les températures atteignent les 35 ou 40 °C, lorsque notre salaire est notre seul gagne-pain ? Sans parler de la double peine, perte de son foyer et harcèlement policier, que connaissent les « migrants climatiques », dont le nombre devrait atteindre les 1,2 milliard en 2050.
Au contraire, la bourgeoisie, pourtant première responsable de la destruction de la planète n’a pas trop de quoi s’en faire : elle a bien les moyens de « s’adapter » au changement climatique !
La transition écologique : transition de nos revenus dans les poches des capitalistes
Sous la pression des énormes manifestations pour le climat et de la prise de conscience de l’urgence climatique parmi une frange de plus en plus importante de la population, Macron et le reste de la classe politique se sont sentis obligés de proclamer leur détermination à agir et à faire quelques annonces pour la lutte contre le dérèglement climatique. Quand elles n’étaient pas uniquement symboliques, celles-ci ont rapidement pris la forme d’attaques contre la population la plus pauvre (avec par exemple la taxe carbone) et de subventions massives aux grandes entreprises.
Pas de quoi sauver la planète, ni faire peur au grand capital ! Mais c’était déjà trop à leurs yeux : Macron explique maintenant qu’il faut « faire une pause » dans la mise en place de réglementations écologiques en France et en Europe, pour ne pas « effrayer » les investisseurs. En parallèle, la transition écologique sert d’argument massue pour financer allègrement les constructeurs automobiles français sous prétexte de passage à la voiture (individuelle) électrique. Les normes écolos négociées avec les industriels nationaux sont par ailleurs bien pratiques pour armer les capitalistes français contre leurs concurrents chinois ou américains. Bref, la politique « écolo » est conditionnée aux profits des industriels. Et elle nous emmène toutes et tous dans le mur !
Pour sauver notre écosystème, on ne pourra compter que sur nous-mêmes
Cela ne peut plus durer. Celles et ceux qui manifestent contre la construction d’axes routiers, d’aéroports inutiles ou de mégabassines dangereuses ont bien raison de le faire, n’en déplaise au gouvernement qui les traite, en chœur avec l’extrême droite, « d’éco-terroristes ».
En réitérant les menaces de dissolution contre le mouvement des Soulèvements de la Terre (et d’autres collectifs), Macron et Darmanin cherchent à envoyer un message à tous ceux qui se battent : pas question de remettre en cause les grands projets industriels et la marche tranquille de l’économie capitaliste !
Quant à la gauche, elle ne propose rien d’autre que d’accompagner davantage les capitalistes dans leur « transition », en les gavant encore tout autant, si ce n’est davantage, d’argent public, aux frais des travailleurs.
Les jeunes qui se mobilisent aujourd’hui avec énergie et détermination n’ont rien à attendre des politiciens aux yeux rivés sur les prochaines élections. C’est seulement par des mobilisations massives et par la reprise en main des outils de production par la classe ouvrière, que nous pourrons réorganiser la société selon les besoins des populations et de l’environnement.