Le « Printemps érable » des étudiants québécois
Depuis la mi-février, le Québec connaît le mouvement étudiant le plus important de son histoire contre le projet du gouvernement de tripler les frais de scolarité d’ici cinq ans (de 2 168 à 3 793 dollars par an). Plus de 200 000 personnes ont participé aux manifestations de mars. Fin avril, alors que le mouvement durait depuis plus de 10 semaines, les grévistes étaient toujours aux alentours de 180 000 (sur 450 000 étudiants au Québec).
Mépris et violence du gouvernement
Le 20 avril, Charest, Premier ministre du Québec, s’est ouvertement moqué des centaines de milliers de grévistes en annonçant devant des chefs d’entreprises qu’il allait proposer aux manifestants un job dans les mines du nord…
Des propos qui font d’autant moins sourire que ce mépris affiché de la classe dirigeante s’accompagne d’une répression féroce. A chaque manifestation, on compte les arrestations par centaines. Mais l’intimidation ne s’arrête pas là.
Présence de forces l’ordre au sein même des universités
L’université de Montréal fait appel depuis la mi-avril à des agents de sécurité privés qui patrouillent, matraque à la taille, et entrent dans les salles de cours pour vérifier l’identité des étudiants et forcer les professeurs à faire cours.
Malgré ces intimidations, le mouvement continue. D’autant plus que Charest a osé proposer le 27 avril… une hausse plus importante encore des frais de scolarité mais étalée sur sept ans ! Cette « offre » a été rejetée par toutes les organisations étudiantes, qui demandent pour l’instant à revenir au gel des frais de scolarité.
Une urgence : la gratuité scolaire !
La lutte continue car les étudiants refusent de continuer à s’endetter pour financer leurs études, ce qui est le cas de 60% d’entre eux. 80% des étudiants travaillent et plus de 50% vivent en dessous du seuil de pauvreté. De nombreux manifestants réclament donc un accès gratuit à l’éducation.
Mais les revendications du mouvement ne s’arrêtent pas à l’éducation. C’est toute la politique du libéral Jean Charest qui est contestée. Le manifeste du mouvement, héritier des Indignés du monde entier, conteste notamment la politique de soutien aux compagnies minières, pétrolières et gazières destructrices de l’environnement, la participation du Canada aux guerres impérialistes, les délocalisations ravageuses pour l’emploi.
Il s’agit bien de choix politiques : il faut prendre l’argent là où il est et s’en servir pour financer les besoins de la population, non ceux des grands groupes capitalistes.