Les présidences d’université, futurs camarades face aux politiques d’austérité ou une belle bande d’hypocrites ?
Le projet de loi de finances 2025 et les moyens alloués aux universités ne réservaient pas de grande surprise quant au régime sec imposé à l’enseignement supérieur : celui-ci ne date pas d’aujourd’hui. De nombreuses présidences d’université ont cependant saisi cette opportunité pour mieux faire avaler aux étudiants et au personnel les attaques diverses qui se profilent, depuis l’autonomisation budgétaire des facs, la mise en place des plateformes sélectives et la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers.
Vaillamment partis au combat devant le 3 décembre pour un coup d’éclat mou et sans suite, les président-e-s d’université s’empressent de couper court à toute velléité de mobilisation : ils voteront bien suppressions de places, non-renouvellements de postes et réduction du chauffage en plein hiver.
La roue des attaques continue de tourner
À coups de communiqués alarmistes envoyés aux étudiants et au personnel, et de communications dans la presse locale, les présidences d’université annoncent d’ores et déjà la couleur : l’université de Bretagne-Occidentale prévoit la suppression de 30 % des places en Staps et en psychologie, Sorbonne Université va fermer son école de psychomotricité, l’université de Reims se propose de supprimer des postes, diminuer de 20 % les financements de thèses et fermer les filières qui comptent « trop peu d’inscrits ». De son côté, l’université de Clermont-Ferrand pourrait baisser le nombre de places en licence et basculer les cours en distanciel l’hiver, à Grenoble ce seront peut-être les aides sociales qui y passeront et la présidente de Montpellier ne voit pas d’autre « solution » à l’horizon que la multiplication par dix des frais d’inscription. En somme, les présidences d’université regorgent d’idées pour s’adapter à la pénurie budgétaire qu’ils dénoncent, plutôt que de réellement s’y opposer.
La responsabilité des gouvernements successifs, de droite comme de gauche (car, oui, la sélection à l’entrée du master a été mise en place pendant le quinquennat de Hollande), dans le renforcement de la sélection et de la dégradation des conditions d’études et de travail est évidemment immense mais les « assemblées générales » convoquées en urgence pour faire état de la gravité du déficit ici ou là par les présidents et présidentes de fac ne doivent leurrer personne. Ces réunions sans suite ont essentiellement eu pour objectif de dédouaner ceux qui voteront des deux mains la réduction des places et le non-renouvellement de postes dans des services déjà surchargés.
On n’imposera pas un enseignement supérieur ouvert à toutes et tous sans d’importantes mobilisations dans nos lieux d’études. Dans nos universités, préparons-nous sérieusement à la lutte !
A.C.