

L’université de Nanterre refuse l’accès à l’université à des centaines d’étudiants
Article du N°40 de l’Etincelle Anticapitaliste (hiver 2014/2015)
Entre le mois de juillet et le mois de novembre 2014, près d’une centaine d’étudiants « sans fac » de l’université de Nanterre (Paris 10) se sont mobilisés afin d’obtenir l’inscription de toutes et tous dans la filière de son choix. En effet chaque année, ce sont plusieurs centaines d’étudiants qui se voient refuser l’entrée à l’université. Pour la présidence, tous les prétextes sont bons à prendre : démarches administratives hors délais, diplômes étrangers soit disant non reconnus en France, étudiants venus d’autres académies…Chaque année, les procédures d’inscription se révèlent de plus en plus complexes et les délais de plus en plus brefs pour s’inscrire, et les administrations semblent faire leur possible pour que le plus d’étudiants possible restent sur le carreau.
Car ces refus d’inscription de plus en plus nombreux chaque année ne sont pas le fruit du hasard et ont une seule et même origine : la pénurie budgétaire des universités. Celle-ci qui pousse en effet l’université de Nanterre (mais aussi beaucoup d’autres!) à mettre en place une sélection déguisée afin de pallier aux surcharges d’effectifs et au manque de personnels et d’enseignants auxquels elle est confrontée. Les capacités d’accueil dans de nombreuses filières son ainsi de plus en plus réduites : en STAPS, en droit, en psychologie, en AES… S’inscrire dans la fière de son choix est presque devenu un privilège ! La politique du gouvernement vis-à-vis des universités, politique de réduction budgétaire drastique, ne fait qu’aggraver cette situation et à l’échelle du pays se sont plusieurs milliers d’étudiants qui, à chaque rentrée, se retrouvent exclus de l’enseignement supérieur. Il y a peu, le gouvernement a annoncé une baisse de 70 millions d’euros du budget des universités pour l’année 2015. L’accès à l’éducation pour tous semble plus que jamais remis en cause et plus que jamais il faudra luter pour son maintien !
Lutter, c’est l’option qu’on choisit les « sans fac » de Nanterre dès le début de l’année scolaire. Pour obtenir leur inscription, les étudiants se sont organisés collectivement et ont tenté de construire un rapport de force suffisant pour faire céder l’administration. Pour cela, dès le mois de juillet des assemblées générales hebdomadaires om été mises en place où les étudiants discutaient entre eux de leurs situations respectives et des suites à donner au mouvement. Les négociations étant tendues avec la vice-présidence de l’université cette année, il a fallu mener une campagne de sensibilisation auprès de l’ensemble des étudiants. Ainsi, des sans-facs se sont regroupés chaque semaine pendant plusieurs mois afin d’écrire des tracts, de faire des affiches ou de faire signer des pétitions afin de sensibiliser les autres étudiants à leur situation et de construire la solidarité.
Face à une présidence sourde à la mobilisation étudiante et refusant toute négociation, les « sans-fac » n’ont pas hésité à multiplier les rassemblements : devant les bureaux de la présidence, devant le conseil d’administration de l’université, devant le rectorat de Paris… Ces actions et la détermination des étudiants ont au final, permis d’obtenir l’inscription de près de 400 personnes. À une échelle locale, cette mobilisation montre que lorsqu’on refuse la résignation, lorsqu’on agit collectivement pour défendre nos droits, il est possible d’inverser le rapport de force face aux administrations et au gouvernement et d’imposer nos revendications !
Moïra et Alex (Paris 10)
