Madagascar : le président, ami de Macron prend la fuite face à la révolte

Article du N°43 de Révolutionnaires (16 octobre 2025)

La révolte qui a éclaté à Madagascar contre la corruption, les coupures d’eau et d’électricité, sous la bannière de la « GenZ », vient d’entraîner la fuite du président Rajoelina, en place depuis 2009 (et largement soutenu jusqu’à aujourd’hui par Macron). Il a été exfiltré à bord d’un avion de l’armée française. Son complice milliardaire Ravatomanga et l’ancien Premier ministre Christian Ntsay ont fui de leur côté sur l’île Maurice.

Le pouvoir ébranlé
Rajoelina avait pourtant tout tenté pour rester au pouvoir. Il s’obstine d’ailleurs à dire qu’il n’est pas démissionnaire et annonce par décret, de son exil, la dissolution de l’Assemblée nationale, ce mardi 14 octobre, alors que la mobilisation ne faiblit pas ! La répression a pourtant déjà tué plus de vingt personnes. Chaque jour, les manifestations se sont poursuivies à Antananarivo et dans d’autres grandes villes comme Antsiranana, Tuléar, Antsirabe et Fianarantsoa. Sous pression, le président a limogé son gouvernement le 6 octobre et nommé Premier ministre un général, ancien chef du cabinet militaire du Premier ministre sortant. Les protestations ont continué. Le 11 octobre, c’est l’armée qui lui a fait faux bond, derrière l’une de ses principales composantes, le régiment Capsat (base militaire de la capitale), le même qui déjà en 2009 avait œuvré au renversement de l’ancien président Ravalomanana lors d’un soulèvement populaire… pour mettre en place Rajoelina ! Cette fraction de l’armée agit sous la pression des manifestants, mais pour sauver l’essentiel du régime, tout en alimentant des illusions, notamment parmi des animateurs du collectif « GenZ Madagascar », qui espèrent changer les choses en participant au nouveau gouvernement.

La continuité de l’État malgache et le rôle de l’armée

Si la tête du régime a été coupée, ses membres fonctionnent toujours. Des gouverneurs nommés par Rajoelina en 2019 conservent leurs postes. La négociation pour renverser Rajoelina a été menée entre le colonel dirigeant le Capsat et les généraux toujours en poste, dont le chef d’état-major. Le ministre de la Gendarmerie, Rakotondrazaka, impliqué dans la répression, est également resté en place. La passation de fonction au nouveau chef d’état major s’est déroulée en présence du ministre des Forces armées du dernier gouvernement Rajoelina. Et l’opposition parlementaire et l’armée ont commencé à s’employer à canaliser la révolte vers des voies institutionnelles.

Les révoltés et usurpateurs de révoltes

La révolte a donc marqué des points, mais nombreux sont les politiciens, appartenant à l’opposition ou non, qui accourent pour prendre la place du président déchu. Ils tentent de donner le change, pour reprendre le contrôle et poursuivre la même politique au service de la même minorité de riches possédants de la grande île, et de ces compagnies, dont en bonne place les entreprises françaises, qui exploitent toutes les richesses du pays. Toujours l’empreinte d’un vieux colonialisme pas mort, dont Macron se fait aujourd’hui le champion ! Le spectacle de tous les vieux gouvernants et chefs des forces de répressions soudain convertis, n’est pas de nature à nourrir des illusions chez les jeunes révoltés et dans les classes populaires, elles qui ne connaissent que misère et pénuries. L’enjeu est de ne pas se voir ravir les fruits de la révolte, comme cela a été le cas en 2009, ou plus récemment au Bangladesh ou au Népal…

Arvo Vyltt • 14/10/2025