Article du n°23 de Révolutionnaires (28 novembre 2024)

La journée internationale des droits de l’enfant du 20 novembre dernier a été une nouvelle occasion pour les mineurs isolés, ces adolescents des classes pauvres d’Afrique, qui ont dû émigrer seuls face à la guerre ou à l’absence d’avenir, et qui s’organisent par eux-mêmes, de rendre visible leur lutte pour exiger des droits fondamentaux comme être logés, nourris, soignés, scolarisés.

À Paris, le collectif des mineurs isolés du Parc de Belleville mène depuis plus d’un an une bataille acharnée à travers des occupations, la convergence avec les luttes de sans-papiers, de familles à la rue, du mouvement social, pour sortir de la galère à laquelle les mineurs sont livrés. Ils et elles l’apprennent à leurs dépens : ils n’auront rien sans se battre. Et devant la multiplication des collectifs dans toute la France, ils et elles ont contribué à organiser une coordination nationale et des manifestations simultanées à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Lille, entre autres, rassemblant plusieurs centaines de mineurs isolés étrangers et leurs soutiens.

L’appel signé par plusieurs associations et organisations syndicales, affirme d’ailleurs : « Nous savons que seules nos luttes et le rapport de force nous permettront d’obtenir des victoires et des avancées» Le combat paie, avec des centaines de scolarisations et de mises à l’abri obtenues, à Paris surtout, mais aussi un peu partout en France.

Face l’offensive réactionnaire, ne comptons que sur nous-mêmes !

Ces jeunes sont suspectés de mentir sur tout : leur âge comme leur parcours d’exil. L’État et les départements organisent sciemment leur mise en danger, les laissant sans aucun droit le temps de leurs recours juridiques. Plus de la moitié de ces recours devant le juge pour enfants concluent à leur minorité, parfois plus d’un an après.

La politique hostile vis-à-vis des mineurs étrangers isolés s’aggrave à tous les niveaux. La situation économique offre un boulevard à ces politiques réactionnaires, colonialistes et racistes. Car elles ont bon dos, les difficultés économiques ! Elles permettent les pires sorties et décisions, comme celles de plusieurs présidents de départements de limiter ou d’arrêter la protection des mineurs isolés : Vaucluse, Territoire de Belfort, Ain, Jura, Vienne… En novembre, Nicolas Lacroix, président du groupe des 70 départements dirigés par la droite, le centre et les indépendants (DCI) de l’association des départements de France annonçait : « Dès le 1er janvier, tous les départements de la droite et du centre vont suspendre leurs versements » du RSA aux CAF et « on ne prendra plus en charge les nouveaux mineurs non accompagnés. »

Les mineurs isolés continuent de se mobiliser, comme le 27 novembre à Paris devant le rectorat, ou encore en se joignant à la grève du 5 décembre et à l’appel des collectifs de sans-papiers pour les 14 et 18 décembre.

Il n’y a aucune fatalité : face à de telles ignominies, il faudra une force collective à la hauteur !

Flora M et Alba H