
Mobilisation des étudiants infirmiers : Bilan d’étape
La campagne de vaccination contre la grippe A s’est officiellement terminée le 30 janvier, avec la fermeture des derniers centres de vaccination. De la mi-novembre à cette date, les étudiants infirmiers de 3ème année auront été réquisitionnés pour participer aux vaccinations. Loin d’être une « expérience professionnelle » comme l’avait présenté Roselyne Bachelot, les réquisitions auront surtout été une tentative pour remettre en cause le droit du travail pour les infirmiers diplômés et en formation.
Les réquisitions sont selon le code de la fonction publique réservées aux fonctionnaires. Cela signifie donc que l’Etat est dans l’illégalité en réquisitionnant des étudiants infirmiers de 3ème année, tout au plus ces derniers sont ils autorisés à participer aux vaccinations sur la base du volontariat. De même, il y a illégalité quand certains étudiants infirmiers ayant refusés de se rendre sur les centres de vaccination ont vu la police débarquer à leur domicile, et ont été menacés d’une amende de 3500 euros !
Les étudiants réquisitionnés ne sont payés que pour les heures de travail réalisées en soirée et le week-end. En effet, les réquisitions réalisées en remplacement des horaires de stage sont considérées comme du travail gratuit, les stages n’etant pas rémunérés mais indemnisés à hauteur de 160 euros pour 140 heures mensuelles de présence. Autrement dit, les étudiants infirmiers ont formé une main d’oeuvre corvéable à merci ! L’aspect financier explique pourquoi le gouvernement n’a pas réquisitionné les infirmiers, y compris ceux fraichement diplômés qui n’étaient pourtant pour la plupart pas encore embauchés. D’autre part, le manque de personnel est tel que la réquisition des infirmiers aurait provoqué une désorganisation massive des services.
Les étudiants infirmiers se sont mobilisés au cours du mois de décembre contre les conditions de réquisition, exigeant notamment un réel encadrement par des infirmiers diplômés, et des conditions de vaccination respectant les règles de base d’hygiène et de condition de travail (matériel de soin en quantité suffisante, points d’eau, mais aussi le respect des temps de pause).
La mobilisation a permis d’obtenir l’arrêt des réquisitions pour les étudiants infirmiers ayant leur examen final en février, et également une diminution du nombre d’heures de réquisition durant les vacances de Noël. La mobilisation s’est ensuite essoufflée au cours du mois de mois de janvier, les conditions de réquisitions s’étant nettement améliorées. La plupart des étudiants n’étaient pas convaincus de la nécessité de se mobiliser pour exiger le paiement de l’intégralité des heures de réquisition. Néanmoins, cette revendication a gagnée en crédibilité au fil de la mobilisation, ce qui est un véritable acquis dans la prise de conscience que tout travail mérite salaire.
Les étudiants pour la plupart toujours pas été payés, et il est probable que certains ne le seront pas car leur présence sur le lieu de vaccination n’aura pas été validée correctement par l’encadrement. Il faudra donc continuer de se mobiliser pour exiger le paiement de tous les étudiants.
