Article du N°27 de Révolutionnaires (6 février 2025)

C’est sur TikTok que les lycéens se sont donné le mot pour faire grève à partir du lundi 20 janvier. Le mouvement s’est poursuivi pendant toute la semaine et s’est généralisé à travers plusieurs villes du pays.

Les raisons de la colère

Harassés par un emploi du temps surchargé et confrontés au mépris des directeurs d’établissements qui ne prennent pas au sérieux leur demande d’allégement des programmes, les lycéens ont choisi la grève et les manifestations pour mieux se faire entendre. Ils ont fait irruption avec leurs cortèges dans plusieurs villes du pays pour revendiquer l’allègement des programmes scolaires et fustiger la gestion hasardeuse de leur secteur par des responsables « gérontocrates » en déphasage avec les aspirations de la jeunesse.

L’étendue du mouvement

Le mot d’ordre de grève a vite fait le tour du pays, suivi par les lycéens de différentes villes, d’Alger, Tizi Ouzou au centre, Oran à l’ouest et Constantine à l’est. En première ligne : les lycées des centres-villes et des classes terminales, sous pression pour décrocher leur bac.

Les manifestations ont réuni des centaines de lycéens dans chaque ville, qui ont entonné des chants des stades et du Hirak, exprimant ainsi un mécontentement plus global qui dépasse leurs préoccupations premières liées à l’école et aux programmes. Elles ont de fait revêtu un caractère politique en bravant l’interdiction de manifester instaurée par le pouvoir depuis la fin du Hirak. Si, cette fois-ci, il n’a pas eu recours à la répression comme à l’habitude, il a néanmoins actionné certains relais pour dénigrer le mouvement.

Tir de barrage contre les grévistes

C’est d’abord l’association nationale de parents d’élèves qui est sortie de sa léthargie pour s’attaquer à ce mouvement qui serait « manipulé ». Une accusation sans fondement reprise malheureusement par certains syndicats autonomes des enseignants qui s’érigent en tuteurs pour appeler les élèves à reprendre les bancs de l’école ; enfin, le ministère de l’Éducation multiplie les appels aux parents pour qu’ils dissuadent leurs enfants de faire grève, allant jusqu’à leur envoyer à tous un SMS. Face aux calomnies et aux manœuvres, les lycéens n’ont pas abdiqué, ils ont poursuivi leur mouvement durant une semaine.

Les lycéens résistent et montrent la voie

Les lycéens ont obtenu pour le moment une promesse d’allègement des programmes. C’est le ministre de l’Éducation qui l’a annoncée. D’autres problèmes persistent, liés à la surcharge des classes dans certaines villes, ou d’ordre pédagogique. Ils ont le mérite de les soulever et de montrer que seule la mobilisation pourra faire avancer ces questions. Leur mouvement peut donner des idées à d’autres, et les enseignants de l’éducation se préparent déjà à deux journées de mobilisation les 10 et 11 février, pour revendiquer un meilleur statut et des augmentations salariales pour faire face à l’inflation galopante.

Correspondant