Universités : les PRES entrent en application. La mise en concurrence s’accelère
Avec la mise en application de la loi sur l’autonomie des universités (LRU), les facs doivent demander de l’argent au ministère non pas en fonction de leurs besoins (selon le nombre d’étudiants d’inscrits) mais en fonction des projets d’excellence qu’elles doivent élaborer pour continuer à bénéficier de financements. Elles subissent des pressions de la part du ministère qui souhaite leur faire appliquer les réformes par un chantage au financement à la performance. Chaque université court ainsi après les appellations du type IDEX (Initiative d’excellence) ou LABEX (Laboratoire d’excellence) permettant d’obtenir des financements.
Les universités créent ainsi des superstructures, les PRES (Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur), où les décisions concernant ces établissements se prennent à un niveau plus élevé, dans des conseils d’administrations où le nombre de représentants étudiants et personnels ne constitue qu’un tiers de l’ensemble. Les principaux concernés sont ainsi dépossédés des prises de décisions.
Ce qui est en jeu, c’est notamment la création facilitée de filières d’excellence qui capteraient le gros des financements. Tandis que les masters pro et licences coûteuses se développent pour financer le reste. Le résultat est donc une hausse considérable de la sélection sociale. De plus, les PRES associent également des écoles privées, qui bénéficient par ce biais de l’argent de l’Etat. Celles-çi peuvent ainsi délivrer des diplômes nationaux sans en respecter les exigences en matière de qualité, d’objectivité…
À Nancy, l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire
Le but affiché est de favoriser la « cohérence » entre les universités et d’avoir une visibilité à l’international. Dans un même PRES coexistent ainsi des facs ayant des filières en commun. Seulement, ce qui n’est pas dit, c’est qu’à terme les licences ou masters qui sont considérés comme peu rentables ou ayant trop peu d’effectifs dans une fac, ou qui existent deja dans l’autre fac seront supprimés dans la première. C’est ainsi que les étudiants en licence à Metz qui veulent poursuivre en master doivent pour beaucoup d’entre eux aller à Nancy. Les suppressions de postes voulues par le gouvernement sont donc facilitées par le PRES.
La mise en concurrence des facs et la mise en place d’un enseignement supérieur à deux vitesses ne fait que commencer. Et les présidences de fac veulent à tout prix avoir leur place au soleil. Le passage en PRES de Paris 8 Saint Denis et Paris 10 Nanterre vient ainsi d’être voté lors du second CA en mai, et surtout durant la quatrième semaine de cours depuis la nouvelle présidence de Nanterre.
C’est dès maintenant qu’il est possible de se mobiliser sur les universités où le passage au PRES n’a pas encore été voté. Mais surtout, pour les nombreuses facs où les PRES ont déjà été adoptés, il faut se préparer collectivement à faire face aux conséquences, les restrictions budgétaires qui s’appliqueront sur toutes les universités dès la rentrée, et cela peu importe là couleur politique du gouvernement.
D’où la nécessité d’impulser dans l’enseignement supérieur un mouvement mettant en avant la nécessité d’un financement 100% public, avec des diplômes nationaux, et pour mettre fin à la concurrence entre établissements.