Réforme du lycée : éléments d’analyse

« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Cahier de politique de l’OCDE n°13 (1996) – http://www.oecd.org/dataoecd/24/23/19068.pdf

Première partie : Les buts de la classe dominante

L’école est au centre des attaques du gouvernement : – « dégraisser le mamouth de la fonction publique d’État (baisse du recrutement de 56% ces 5 dernières années) – « requalifier les filières » (ou « déqualifier les diplômes ») c’est-à-dire glissement vers le bas des élèves. Ceux qui avaient accès au BEP, puis au Bac pro vont être sortis du système ; les bac techno vont aller en bac pro ; les élèves les plus faibles des Bac généraux vont aller en bac techno… Et cela continue au niveau supérieur (avec la disparition du DEUG et de la maîtrise comme paliers intermédiaires). Dans le primaire, les nouveaux programmes (diminution des horaires hebdomadaires) vont dans ce sens. – Pour nos parents, le bac était le niveau standard (pour être prof par exemple ; auparavant c’était le BEPC – brevet des collèges ; encore avant le certificat d’études…) ; pour nous c’était le bac+3. La volonté de Sarkozy c’est que ce soit le bac+5

1. Une devise : sélection, professionnalisation, individualisation

Le lycée est aujourd’hui organisé en une seconde de détermination qui est une phase d’adaptation entre le collège et le lycée, puis un cycle première-terminale général, technique ou technologique divisé en plusieurs filières (filières scientifique, littéraire ou SES, Sciences et Technologie de la Gestion avec différentes spécialités, Sciences et Technologie de laboratoires…). La bourgeoisie voudrait démanteler les filières et réorganiser les programmes en trois blocs :

  • des enseignements généraux
  • des enseignements complémentaires
  • des enseignements et activités d’accompagnement

Cette séparation était au centre du projet avorté de Darcos. Le premier bloc jouait le rôle de socle commun et restait le même d’un lycée à l’autre. Il ne représentait que 60% du programme en seconde et 45% du programme en première et terminale, soit une restriction importante des contenus de base et surtout de la partie commune à tous les diplômés.

C’était sur les deuxième et troisième blocs que les lycées se différenciaient, en fonction du projet de l’établissement, projet défini par le proviseur (c’est dans ce projet que pouvaient intervenir concrètement les entreprises). Personne au gouvernement n’a osé parler de briser le cadre national du baccalauréat. Mais la place des modules complémentaires et d’accompagnement (plus de 50% du diplôme) entraînait de fait une individualisation. Quand un diplôme se différencie autant, je ne peux plus dire que j’ai « le » bac, mais que j’ai « un » bac, et je dois décrire ce qu’il y a dedans, comme c’est le cas des diplômes universitaires.

On pouvait logiquement imaginer que :

  • dans un lycée de milieu défavorisé, le projet de l’établissement serait, principalement, l’insertion professionnelle le plus tôt possible, l’orientation vers les BTS ou autres études supérieures courtes. Les matières seront donc définies en conséquence, avec plus d’aides individualisées, des matières beaucoup plus spécialisées, beaucoup plus professionnalisantes… Ce processus est déjà visible en Angleterre avec par exemple l’existence de diplômes Mac Donald.
  • dans un lycée à vocation élitiste, le projet serait l’orientation vers de grandes écoles, des CPGE. Les matières seront donc orientées vers l’approfondissement de la culture générale et la préparation aux études supérieures… Ce qui exclue également les élèves les plus en difficulté : pour suivre des enseignements mieux adaptés à leur niveau ou des cours de soutien, mieux vaut changer de lycée (ou se payer des cours privés)

La réorganisation par semestres, et non plus par année, allait dans ce sens de sélection au fil du temps. A la fin de chaque semestre, les lycéens auraient eu un rendez-vous d’orientation pour éventuellement changer de modules. Il aurait donc été très facile de leur mettre la pression pour qu’ils choisissent des matières de plus en plus professionnalisantes, en prétendant s’appuyer sur leur niveau et leurs aptitudes. L’organisation du lycée reposerait, de plus en plus, sur la hiérarchie sociale et serait le foyer de l’« orientation active », c’est-à-dire de la sélection sociale déguisée. Le « choix » des modules, s’ajoutant à celui des établissements avec la suppression de la carte scolaire, favorise ceux qui détiennent les clés des meilleurs parcours et qui sont déjà ceux qui ont les atouts pour obtenir une place dans les lycées de leur supposé « libre choix ».

Les attaques contre l’Éducation ont plusieurs aspects. Les publications des organisations enseignantes axent presque exclusivement sur les questions du budget, des suppressions de postes et de la perte du statut des enseignants. De leur point de vue, c’est assez logique. Cet axe peut être rapproché d’un axe de mobilisation dans les facs : la disparition du CAPES à bac + 3 et des IUFM, remplacés par l’accès à bac + 5 (masterisation) est une question clé. Elle s’inscrit dans le cadre de la déqualification, tandis que les exigences vont augmenter pour avoir accès à un salaire supérieur au SMIC. En gros, une minorité accède à bac + 5 (4%), et seule cette minorité sera considérée comme main d’oeuvre qualifiée par les entreprises. Cet objectif est bien celui qui guide la bourgeoisie : dispenser des diplômes qui ne garantissent pas de droit sur le marché du travail. C’est cet objectif qui est central, plus que de faire des économies. Apparu l’a dit : « Xavier Darcos a profondément fait bouger le système en supprimant des postes. Je suis convaincu que la suppression de postes obligera l’institution à s’interroger sur elle-même et obligera l’institution à se réformer. Malheureusement, l’inverse n’est pas vrai, et je ne crois plus du tout à la théorie qui consiste à dire qu’une réforme a besoin de moyens. Je pense même que seule la baisse des moyens obligera l’institution à bouger. » (Chat, lemonde.fr) La réforme n’est pas là pour habiller les suppressions de postes, ce sont elles qui servent de prétexte pour la faire !

2. Les objectifs officiels

2.1 Les objectifs officiels n’ont pas vraiment bougé depuis 2007 :

1) Garantir la poursuite d’études dans le supérieur à 50% d’une classe d’âge. 2) Assurer la réussite scolaire de tous les élèves au lycée, en ayant une offre éducative adaptée aux élèves les plus faibles et surtout éviter les redoublements 3) Assurer l’autonomie des élèves dans leur orientation : avoir un lycée « à la carte » 4) Mettre en place l’autonomie des établissements

Moins d’heures de cours, architecture « modulaire », rythme semestriel. Officiellement, il s’agissait de rapprocher le lycée de l’université, en rendant les lycéens plus « autonomes ». En 2007 dans sa Lettre aux éducateurs, Sarkozy avait dit clairement ses intentions : « Dans l’école que j’appelle de mes voeux où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins d’heures de cours, où les moyens seront mieux employés parce que l’autonomie permettra de les gérer davantage selon les besoins, les enseignants, les professeurs seront moins nombreux. »

Quant à la baisse du nombre d’heures d’enseignement, il est défendu comme un moyen de démocratiser le lycée. Descoings accuse ainsi ceux qui ne pensent pas qu’il faut un enseignement plus court d’être des élitistes qui se moquent de ceux qui ont des difficultés… Les heures de cours étant posées comme trop nombreuses, il convient de les « plafonner » pour les élèves. L’un des objectifs de la réforme est de faire baisser la durée hebdomadaire de cours en seconde à 30 heures maximum (après avoir envisagé une diminution à 27 heures), au lieu de 32 ou même dans certains cas de 35. Les autres niveaux de Première et de Terminale devraient connaître les coupes de même ampleur les années prochaines. La réforme combine deux principes complémentaires, habilement présentés. Celui du « libre choix » et celui du « plafonnement ».

2.2 Ce que disent les rapports Apparu et Descoings

Les deux rapports abordent des aspects communs et certains différents. L’idée ici ce n’est pas d’être complet mais de prendre les éléments qui semblent ressortir et de les analyser. L’axe transversal c’est l’orientation. La réforme, et c’est écrit texto dans le rapport Apparu, se fait à « moyens constants » ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’argent donné pour quoi que ce soit. Le seul moyen pour faire des innovations, c’est de donc « répartir différemment l’argent », déshabiller Paul pour habiller Jacques.

1er axe : Temps d’accompagnement personnalisé L’idée centrale dans les projets en cours, c’est de raccourcir la journée du lycéen (en surfant sur la vague du « y a un rythme trop élevé pour des adolescents ») et donc de réorganiser l’emploi du temps pour que les cours soient entre 8h et 15h, et qu’après soit mis en place l’accompagnement personnalisé. Les indications ne laissent pas de doute sur les effets. L’idée est que ces heures peuvent servir pour des projets (seul, à plusieurs, etc.), pour faire de l’orientation, pour s’ouvrir au monde avec des partenariats (ceci peut être aussi bien dans le domaine de l’art, des langues étrangères que des liens avec les chambres du commerce et de l’industrie), des cours de méthodologie (prise de note ou concentration ! – bah ouais le problème c’est que les lycéens s’énervent pour rien et font des blocages, il faut donc leur apprendre à canaliser leur énergie plutôt que de les laisser être des terroristes-bloqueurs !) ou pour permettre « de faire avancer ceux qui ont le plus de facilité ». La logique, évidemment, c’est donc que ces heures permettront de faire progresser les meilleurs tandis que les autres pourront se faire expliquer pourquoi les voies technologique et pro sont super adaptées pour eux, en se faisant « orienter » et en rencontrant les patrons qui siègent à la chambre du commerce et de l’industrie. Cela va permettre de développer les inégalités sociales non seulement entre les lycées mais aussi entre les lycéens d’un même bahut. Le contenu évidemment sera moindre, même s’il y a l’idée de l’allongement du calendrier scolaire pour compenser le nombre d’heures de cours, « réduit » par cette nouvelle organisation. Dans l’idée de modifier le temps scolaire, le projet est aussi de prévoir des périodes de temps scolaire long destinées à « s’ouvrir au monde ». Un moment pour faire des séjours à l’étranger mais aussi pour faire des stages. Evidemment, là encore, les différences sociales vont peser : ceux qui ont de l’argent partiront en vacances linguistiques… Et les autres iront se faire exploiter.

2nd axe : Réorganisation du lycée La réorganisation se fait autour de l’idée de lier l’enseignement secondaire et le premier cycle universitaire. La 2nde devient une classe passerelle entre le collège et le cycle Première – Terminale – Licence. En 2nde, un tronc commun de 70% du temps horaire, 20% pour les modules d’approfondissement et 10% pour l’accompagnement personnalisé. On aura le choix de deux modules de spécialisation, mais on aura aussi deux modules imposés : technologie et SES (objectifs : « initier aux savoirs-faire indispensables à la bonne marche des services et de l’industrie », « l’exploration imposée de la technologie permet de découvrir des formations avec une insertion professionnelle rapide »). Ensuite, l’idée est une « spécialisation progressive ». En 1ère on « choisit » la voie générale et technique » et en Terminale, on « choisit » la spécialité. L’objectif affiché est aussi de rééquilibrer les séries générales entre elles. Comme ce ne sont plus vraiment des séries distinctes mais plutôt des spécialisations, les différenciations sont moindres par rapport aux séries actuelles. Les propositions pour la série S, qui est trop valorisée, sont de renforcer le côté scientifique et d’amoindrir l’aspect généraliste. Cette réorganisation se fait en lien avec le rapprochement du 1er cycle universitaire. Elle a un objectif clair, que l’exemple de la série S permet de comprendre : il faut plus de scientifiques et donc ce n’est plus acceptable que les élèves fassent S pour ne pas faire de sciences ensuite. L’idée est donc de réorganiser le lycée et ses parcours pour qu’ils permettent un accès direct aux filières correspondantes dans l’enseignement supérieur et pas à n’importe quoi (c’est gâcher que de former des gens aux sciences pour qu’ils aillent faire de la philo…). La conséquence évidente, c’est que le choix d’orientation se fait encore plus tôt, puisque le bac ne permettra pas de s’inscrire dans n’importe quelle filière de l’enseignement supérieur. Les rapports parlent du besoin de « refonte des critères de sélection dans les formations post-bac ». Dans ce même esprit, le bac, semble devenir une simple formalité : développement du contrôle continu ou « en cours d’année » (comme pour l’EPS et pour les langues passées à l’oral) et même dans le rapport Apparu, un bac avec le français en 1ère et seulement quatre épreuves en terminale : histoire-géographie, philosophie et deux épreuves de la spécialisation. Donc en S on ferait un bac sans passer une des trois matières scientifiques ! Une volonté importante est de créer des passerelles entre les spécialités pendant l’année scolaire. On peut réorienter les élèves s’ils échouent vers quelque chose qui « leur convient mieux ». Ceci est plus facile quand il y a moins de différenciation entre les filières.

Deuxième partie : Ce qui est déjà fait

La réforme du lycée suit un projet précis et ancien, qui doit s’établir progressivement. Nous n’en sommes pas au début. Certaines mesures sont appliquées depuis plusieurs années.

1. Socle commun et autonomie locale

La loi Fillon de 2005 a mis en place le « socle minimum de connaissances et de compétences ». Au collège, on doit acquérir ce socle – lire, écrire, compter, cliquer, parler un anglais de communication, maîtriser une culture générale et citoyenne. Plus que le Brevet, dont la valeur est symbolique depuis de nombreuses années, c’est un livret de compétences qui sanctionne la fin du collège. On y note si l’élève a bien acquis les compétences ci-dessus, mais aussi ce qu’il a acquis en plus – s’il a appris à bien se tenir avec une note de Vie scolaire sur son comportement, s’il a participé à des projets et initiatives hors du temps scolaire, s’il a suivi des stages, s’il a suivi des enseignements qui ne sont pas dans le socle… – pour dresser un profil de l’élève et « mieux » l’orienter à la fin du collège ou par la suite. A noter qu’on parle de compétences et non plus de qualifications ou de connaissances. L’argument est que l’Éducation est trop déconnectée du monde du travail, qu’elle dispense des savoirs abstraits et qu’il faut revaloriser l’acquisition de compétences directement applicables à un métier ou à la poursuite d’études.

Passée plus inaperçue, l’autonomie locale est aussi une conséquence de la loi de 2005. Les établissements ont la possibilité de développer des projets locaux (et éventuellement de demander des moyens supplémentaires pour les mettre en place) : livret d’orientation, stages, cours communs à deux enseignants en plus du programme officiel… L’argument est que cela se faisait déjà. Par exemple avec les classes européennes (permettant d’obtenir une mention « européenne » au bac). Justement, l’option européenne n’a pas de valeur en soi. Elle peut être un plus sur un dossier pour un lycéen visant une filière sélective, comme une CPGE ou des études en rapport avec les relations internationales, mais elle ne confère pas au bac une valeur supérieure. L’idée est que, l’autonomie aidant, les lycées pourront dans un avenir proche délivrer des enseignements qui introduiront une différence réelle entre les diplômes de ce qui les auront suivis et les autres.

2. Réforme du Bac pro et suppressions des BEP

On entend partout que la réforme du Bac pro était la première étape d’une réforme générale du lycée… Et que son bilan est positif, ce qui engage à continuer. D’après toutes les déclarations du Ministre, le centre de la réforme était la généralisation des Bac professionnel préparés en 3 ans, au lieu du cycle BEP/Bac pro habituel préparé en 4 ans. Mais l’objectif à terme était la suppression des BEP. A la rentrée 2009, ils ont presque tous disparu, malgré les promesses de Darcos aux syndicats (FIDL et UNL qui avaient applaudi) en mai 2008.

Le BEP, ça sert (servait) à quoi ? Les BEP permettent aux collégiens en difficulté de ne pas quitter l’enseignement et de se diriger vers un parcours professionnalisant, tout en gardant des enseignements généraux. C’est un parcours assez lourd puisqu’il contient un enseignement pro qui représente une grosse masse horaire ainsi qu’un tronc de matières générales (histoire-géo, lettres, langue, math et EPS). Avec en plus des stages en entreprise non payés ou sous-payés, dans lesquels on fait le boulot d’un employé normal. Pour certains élèves, le BEP permet de reprendre confiance dans leurs capacités scolaires : 46% des lycéens ayant un BEP obtiennent le bac. Une partie poursuivra même jusqu’au BTS (niveau bac+2). Il était même possible pour certains de s’orienter en 1ère d’adaptation et de préparer un bac général ou technologique. Le BEP a une valeur sur le marché du travail, il est reconnu dans les conventions collectives (accords entre syndicats et patronat). Il permet donc d’avoir un salaire minimum et un certain nombre de garanties dans le monde du travail. Avant la réforme, les lycées professionnels accueillaient plus de 700 000 jeunes qui venaient y préparer :

  • Un CAP pour 92 000 d’entre eux
  • Un BEP pour 415 000
  • Un Baccalauréat professionnel pour 193 000 La réforme a donc touché énormément de jeunes, et on peut se demander ce qu’il va se passer pour les 220 000 lycéens qui obtiennent un BEP mais pas de bac pro.

Des changements dans l’intérêt des chefs d’entreprises L’offre de filière est passée de 69 à 20, une réduction drastique. L’objectif est de privilégier l’intérêt des entreprises à celui des élèves. Déjà, beaucoup d’élèves sont envoyés vers des filières de BEP ou Bac pro qu’ils ne voulaient pas faire. Demain le choix sera rendu encore plus difficile et les lycéens iront là où il y a des places, c’est-à-dire dans les filières qui rapportent. Il y aura de moins en moins de filières comme vente, secrétariat ou encore électrotechnique. Mais d’autres filières vont apparaître, du type sécurité – vigile.

Une baisse dramatique des moyens Un quart de la formation est supprimé. C’est toute la mission de remise en confiance des lycéens qui est rendue impossible. Comment prendre le temps de remettre à niveau les élèves en difficulté sans le seuil du BEP ? Avec les suppressions de postes et de moyens, on peut s’attendre à une disparition progressive des matières générales…

Casser les garanties sur le marché du travail La suppression du BEP va dans le même sens que l’autonomie des université ou l’autonomie future des lycées. Il s’agit de supprimer tous les diplômes qui sont à la base des conventions collectives. Le BEP est reconnu nationalement alors que le Bac Pro ne l’est à ce jour que dans une minorité de conventions collectives. Il se peut donc que demain beaucoup d’élèves sortent avec un diplôme, mais non reconnu sur le marché du travail : 1) Il n’y aura plus de salaire minimum, donc les patrons pourront faire une pression à la baisse sur tous les salaires en mettant en concurrence tous les futurs travailleurs 2) Ca va mettre un sacré bordel dans les conventions collectives en général, qui risquent de disparaître au fur et à mesure ; ce sont donc toutes les garanties de tous les salariés qui vont sauter au fur et à mesure

Encore plus d’inégalités A la sortie de la 3ème, les collégiens en difficulté auront quatre possibilités : – Soit aller en CAP, c’est-à-dire sans avoir de garantie sur la possibilité de poursuivre des études après l’obtention du diplôme – Soit ils essayeront quand même le bac pro en prenant le risque d’arrêter avant l’obtention du bac, donc de n’avoir aucun diplôme – Soit ils seront directement exclus du système scolaire sans aucun diplôme – Soit se trouver un patron et poursuivre leurs études apprentissage (CAP ou bac pro) et se faire exploiter pour un salaire de misère La conséquence directe de la future autonomie sera de faire correspondre l’intérêt des entreprises locales avec les filières proposées. Par exemple à proximité d’un centre commercial, on privilégiera les bacs pro vente ou sécurité en association avec les entreprises du « bassin ». On passera donc à un niveau de professionnalisation local, ce qui permettra moins de déplacement aux futurs salariés.

Troisième partie : Ce qui est annoncé et ce qui ne va pas (tout de suite) être fait

1. La stratégie de la prudence

Clairement, le gouvernement veut éviter une confrontation avec les lycéens. Il prend des biais et répond par avance aux critiques qui pourraient lui être faites. Par exemple sur la question du cadre national des diplômes : une partie du texte du Ministère s’intitule « Dans un cadre national réaffirmé, plus d’initiatives et de responsabilités ». Alors que, on le verra plus bas, cette partie est celle qui comporte les principales attaques sur l’individualisation des parcours, le « cadre national » il y est « réaffirmé » à trois reprises. Il est ainsi répété que « Les équipes pédagogiques disposent de marges de manoeuvre insuffisantes pour atteindre les objectifs déterminés par les programmes nationaux »… Ou encore que « Les objectifs, les programmes et les examens relèvent de la seule compétence nationale : ils restent nationaux. Ils doivent être garantis à tous les élèves, sur l’ensemble du territoire ». Mais « Dans ce cadre, les méthodes pour atteindre les objectifs et pour mettre en oeuvre les programmes nationaux doivent reposer sur la prise d’initiative, la responsabilité et la capacité d’innovation accrue des chefs d’établissement et des équipes pédagogiques. » Qui pourrait s’opposer à la possibilité d’emmener tout le monde au même niveau en partant des réalités et du niveau de chacun ? Bien sûr, la réalité sera tout autre. Cependant, il est vrai qu’un certain nombre d’attaques disparaît… Au moins pour le moment. C’est le cas de la semestrialisation, qui n’était pas un enjeu central, mais simplement un moyen plus pratique de développer les réorientations et l’orientation à coups de pressions. L’autonomie financière n’apparaît nulle part, même si l’autonomie pédagogique la sous-entend fortement. La refonte des filières est laissée dans le flou. Il existe des pistes pour les réaménager (spécialisation accrue de la filière S ; introduction du droit et hausse de la place des langues en L ; refonte de la filière STI), mais l’idée de les supprimer est mise de côté.

2. Quid du bac ?

En 2005, Fillon n’avait reculé que sur le passage du Bac en contrôle continu. Depuis, la droite n’en parle plus ouvertement. Il s’agit de prendre des biais. Apparu s’en est expliqué dans un chat du monde.fr : « Supprimer le bac, hors de question. Le remplacer par quelque chose d’autre, aussi. Le changer, oui. Hors de question de le supprimer parce que sur le plan pédagogique, on a besoin de sanctionner un cycle d’études par un examen terminal national. A-t-on besoin de dix épreuves au mois de juin de terminale ? Je ne le crois pas. La modification préconisée est donc la suivante : outre l’épreuve anticipée de français qui se déroule en fin de première, on peut imaginer un bac qui se déroule au mois de juin de l’année de terminale et qui comprend quatre épreuves, à savoir deux épreuves de culture générale – histoire-géo et philosophie –, et deux épreuves de spécialisation. L’ensemble des autres matières – EPS, c’est déjà le cas pour eux, LV1, LV2 et les autres matières – seraient sous forme d’un contrôle en cours de formation. Je précise qu’il existe une différence entre ce contrôle en cours de formation et le contrôle continu. Le contrôle continu, ce sont les notes que vous donnent vos enseignants tout au long de l’année, alors que le contrôle en cours de formation ressemble plutôt aux partiels de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire des examens organisés dans l’établissement. » Le Bac en contrôle continu, c’est la fin des épreuves nationales, donc de l’obtention d’un même diplôme pour tous. C’est l’inégalité, car on sait qu’on ne note pas une même copie de la même manière selon le « niveau » de l’établissement dans lequel on se trouve. Aujourd’hui, les lycées déjà considérés comme « d’élite » se débarrassent de leurs élèves les plus fragiles (ceux qui risqueraient de faire baisser le taux de réussite et de mentions au Bac) en leur faisant comprendre qu’ils auraient de meilleures notes en changeant de lycée, en leur refusant le passage à la classe supérieure, sauf s’ils changent d’établissement… Mais au moins ces élèves ont-ils toujours le même diplôme à la fin, quel que soit le bahut où ils l’ont préparé. Apparu n’est (volontairement) pas clair quant à ce qu’il propose. Mais il est peu probable qu’il s’agisse d’organiser des épreuves nationales en cours d’année. Par exemple, une épreuve nationale d’anglais pour LV1 scientifiques en février, puis une autre en avril… D’un point de vue pratique, c’est inimaginable. Il s’agira donc, non pas de prendre en compte la moyenne des contrôles en devoirs rendus en cours d’année, mais des épreuves organisées spécialement au sein de chaque lycée… Un peu comme dans le cadre des contrôles communs et des bac blancs… Avec des épreuves différant d’un lycée à l’autre, ainsi que les systèmes de notation. On en reviendrait donc très exactement au contrôle continu avec ses conséquences ! De toutes manières, le Bac est maintenu pour une raison strictement « pédagogique », pour faire pression sur les lycéens, maintenir l’idée d’un rituel de passage… Mais sa valeur en soi n’existerait plus.

Quelques remarques subsidiaires : Quid de l’anonymat des copies ? Où Apparu a-t-il vu qu’on passait dix épreuves en juin de terminale ? Apparu a raison de faire la comparaison avec le système universitaire : avec le système LMD qui permet à chaque fac de décider du contenu de ses diplômes et des modalités de contrôle de connaissances, les diplômes sont effectivement inégaux d’une fac à une autre. Par exemple, l’université de Nanterre a déjà rétrogradé en L3 d’économie un étudiant qui avait validé un M1 de la même discipline à Montpellier et qui demandait un transfert.

3. Ce qui est annoncé : analyse du document « Vers un lycée qui assure la réussite de chaque élève »

Il s’agit du document mis en ligne par le Ministère l’après-midi suivant le discours de Sarkozy sur les lycées. Il reprend des lignes des rapports Apparu et Descoings. Nous n’allons pas l’analyser ligne par ligne, mais dégager les grands axes et les points qui constituent des attaques contre l’Éducation en tant que service public, délivrant des diplômes garants de droits collectif dans le monde du travail. Chatel reprend trois axes : « Une orientation plus personnelle, progressive et continue, un accompagnement personnalisé tout au long de la scolarité, une ouverture plus grande du lycée sur son époque. Voilà les trois chantiers essentiels qui guident notre réforme et sur lesquels je vous propose des mesures, inspirées des consultations menées depuis près d’un an par Richard Descoings, par la mission parlementaire de Benoist Apparu et par l’ensemble des académies. »

3.1 L’orientation et la professionnalisation

3.1.a Quels débouchés dans le supérieur ?

Chatel déplore que « L’orientation est trop souvent irréversible. Dès l’âge de 15 ans, pour la plupart des lycéens, le choix des enseignements de détermination, d’une voie ou d’une série enferme l’élève dans un parcours, sans véritable possibilité de changement. » Mais il propose de « Rééquilibrer les filières », de « Rénover les séries technologiques (S.T.I. et S.T.L.) pour les rendre plus lisibles et mieux préparer les lycéens aux études supérieures » ou encore de « Permettre à la série littéraire (L) d’offrir des débouchés plus ouverts vers les classes préparatoires et les études universitaires. » Pour la série L, « en perdition », Sarkozy propose dans son discours la création d’un enseignement de langues et de civilisations étrangères (« série littéraire internationale »), l’introduction de disciplines nouvelles comme le droit, la création d’un enseignement artistique et culturel de haut niveau. Cela va en fait dans le sens d’enfermer les lycéens non seulement dans une filière vers le bac, mais aussi dans leurs choix d’études. L’idée est d’envoyer les bacheliers généraux vers des études longues, qu’ils poursuivront jusqu’à la licence (50% d’une classe d’âge) et les bacheliers technologiques vers des études courtes, des IUT et des BTS, c’est-à-dire des bac+2, avec éventuelle poursuite en licences pro, c’est-à-dire non reconnues dans les conventions collectives, directement adaptée aux besoins d’une entreprise et d’un poste, de former des travailleurs spécialisés et non qualifiés. Comme on l’a dit plus haut, l’objectif de la classe dominante est le passage du diplôme standard à Bac+5. Pourtant, tout est fait, au nom de la lutte contre l’échec en premier cycle, pour pousser les lycéens à l’auto-censure, à renoncer aux études de leur choix. C’est l’orientation active, que Chatel veut mettre en place dès la classe de première. On se dirigera moins vers des études universitaires et théoriques, et plus vers des cycles courts et des diplômes professionnalisants, des diplômes d’université (c’est-à-dire n’existant que dans une seule université).

3.1.b Une orientation en fonction des besoins des entreprises

Le patronat demande ouvertement des salariés spécialisés, compétents mais non qualifiés. La politique patronale consiste toujours à tirer les salaires vers le bas pour redresser les taux de profits. Il faut travailler plus : la nuit, le dimanche, en faisant des heures supplémentaires, jusqu’à 67 ans… Pour produire plus et recevoir un salaire certes plus important, mais proportionnellement moindre par rapport aux richesses créées. La politique éducative va dans le même sens, non seulement en délivrant des diplômes qui entraînent les jeunes travailleurs dans une relation individuelle avec leur employeur, mais aussi en faisant payer au service public d’Éducation le coût de la formation de la main d’oeuvre, voire à cette main d’oeuvre elle-même, avec les stages non rémunérés à répétition. C’est le sens des affirmations de Chatel : « Les dispositifs d’information sur les cursus de l’enseignement supérieur, les débouchés et l’insertion professionnelle sont à la fois insuffisants et complexes » ou encore « Les réalités de l’entreprise et du marché de l’emploi sont trop souvent méconnues. » La conséquence, c’est le rapprochement avec le monde de l’entreprise, ce sont des mesures visant à « Multiplier les rencontres entre élèves et acteurs économiques pour une meilleure connaissance des métiers et des formations », comme « Des forums sur les métiers associant les parents d’élèves »… Ou des stages.

3.1.c Les passerelles et les filières

Sous prétexte de faire un lycée sur mesure, notamment pour les élèves les plus en difficulté, on s’achemine vers une casse du cadre national des programmes et des parcours. On parle ainsi de « sas de complément de programmes, pendant les vacances scolaires, pour permettre les corrections de trajectoire entre les séries au cours ou à la fin de l’année ». Si l’on regarde les projets d’expérimentation élaborés dans des lycées « tests » à la rentrée 2009, on se rend compte que ces « passerelles » seraient à sens unique, du général vers le technologique (de S à STL par exemple), même si la classe politique condamne hypocritement la vision hiérarchisée des filières.

3.2 L’individualisation

3.2.a L’accompagnement et les enseignements individualisés

Chatel veut « Mettre en place un accompagnement personnalisé pour tous, de la seconde à la terminale, sans alourdir l’emploi du temps de l’élève, avec notamment les objectifs suivants :

  • apporter un soutien aux élèves qui rencontrent des difficultés, dans les disciplines comme dans les méthodes,
  • permettre aux élèves d’approfondir leurs connaissances,
  • donner aux élèves des méthodes qui faciliteront leur transition vers l’enseignement supérieur,
  • accompagner le projet d’orientation »

Il s’agit d’individualiser les parcours des élèves. On se situe certes « Dans un cadre national réaffirmé », mais qui ne vaut que pour le socle minimum de connaissances et de compétences. Selon le « projet d’orientation » de chacun, les heures « d’accompagnement personnalisé » permettront :

  • A un élève dont le projet est l’insertion rapide sur le marché du travail : de faire des stages et de découvrir le monde de l’entreprise via des forums
  • A un élève dont le projet est de pousser jusqu’à un bac+2 ou 3, de suivre des heures d’aide individualisée
  • A un élève dont le projet est d’aller dans une grande école ou à l’université pour atteindre le niveau Bac+5, d’approfondir le programme, de se préparer à l’après-bac, de visiter des universités… Ils pourra « Développer les capacités d’autonomie, acquérir des méthodes, approfondir des sujets, s’entraîner à la prise de parole et à la prise de notes »… On peut nous accuser de dresser des procès d’intention. Mais n’est-ce pas le sens de « proposer une réponse adaptée aux besoins de chaque lycéen », de mettre en place l’autonomie pédagogique ? A l’université, celle-ci a été mise en place avec le LMD (2003) et elle a été complétée par l’autonomie financière depuis 2007 avec la LRU.

3.2.b Vers des livrets de compétences lycéens

La série de mesures annoncée avec la réforme peut être vue comme une suite de « mesurettes » destinées à faire parler d’autre chose que des questions essentielles. Elle peut être vue comme une tactique de maniement de la carotte (ou cagnotte !) et du bâton, avec les mesures sécuritaires. Mais au-delà, on en revient aussi à l’idée décrite plus haut d’un livret de compétences, qui serait une sorte d’annexe descriptive au diplôme, tant son contenu ne serait plus suffisant pour donner une idée du niveau atteint par un bachelier. Ces mesures concernent notamment : – L’apprentissage des langues : Avec la favorisation « des échanges européens et internationaux », la généralisation de « l’apprentissage des langues étrangères en groupes de compétences », le développement des « enseignements en langues étrangères (histoire, sciences, etc.) », en posant le principe « que chaque établissement doit nouer un partenariat avec au moins un établissement européen et favoriser les partenariats avec des établissements étrangers », en favorisant « les séjours linguistiques au cours de la scolarité et [en les valorisant] dans le cursus de l’élève ». Que signifie « valoriser » un élément dans le cursus d’un élève, sinon individualiser, et mettre en concurrence, les parcours ? [Pour le plaisir, au sujet de l’accès à l’apprentissage de l’arabe, voici ce qu’en dit Jacques Legendre, sénateur UMP, président de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication : « la demande doit être présente car il est tout de même paradoxal, de voir que l’École, il ne lui est pas demandé de satisfaire cette demande, mais que ces mêmes élèves trouvent ailleurs et en dehors des circuits officiels l’occasion d’apprendre cette langue, avec toutes les dérives que l’on peut craindre à ce sujet »…] – L’accès à la culture – La responsabilisation des lycéens : Il s’agirait, certes, de permettre aux lycéens de créer des associations, de tenir des réunions, de développer des projets, de se former, d’éditer un journal… Mais là encore de s’en servir pour justifier la mise en place de livret décrivant le cursus et valorisant les acquis extra-scolaires. Evidemment, il n’est pas évident que la mention de « syndicaliste » ou « militant d’extrême gauche » sur un tel livret soit si valorisée et valorisante que ça… A noter : la mention du livret de compétences n’apparaît qu’au milieu d’une liste de 17 mesures, entre « Permettre la diffusion des manifestations culturelles », « Favoriser des programmes d’enseignement davantage tournés vers la culture » et « Moderniser les textes régissant les droits et les devoirs des lycéens » ou encore « Renforcer la formation des délégués de classe et des membres des conseils des délégués pour la vie lycéenne »

3.3 Récapitulatif

3.3.a Les grandes lignes

1) Organisation du cursus au lycée

- 1 classe de seconde générale et technologique indifférenciée avec 2 modules obligatoires pour tous : la technologie et l’économie
- 2 classes de première : 1 première générale ; 1 première technologique
- création de filières en terminale : littéraire, scientifique, économiques pour le bac général ; gestion, industrie, santé pour le bac technologique

2) Temps de travail au lycée

- 1 semaine de 35h : 30h temps scolaire ; 5 heures de temps pour les devoirs faits au lycée

3) Echec scolaire

- création de sessions de remise à niveau pendant l’été après l’année de seconde
- création de « sas de réorientation » en milieu et fin de première

4) Baccalauréat

- Seulement quatre épreuves au bac : Histoire / Géographie, Philosophie et 2 épreuves spécialisées
- Autres cours à valider en contrôle continu (« en cours de formation »)

5) Liens bac techno – IUT

- création d’un quota de 50% de bacheliers technologiques dans les IUT

3.3.b Les étapes de la réforme du lycée

13 octobre 2009

Présentation des enjeux et des objectifs de la réforme du lycée par le Président de la République. Présentation du projet de réforme par le Ministre à l’occasion d’une session exceptionnelle du Conseil national de la vie lycéenne.

Octobre – Novembre 2009

Présentation du projet aux instances de concertation.

Septembre 2010

Mise en oeuvre de la réforme de la classe de seconde.

Septembre 2011

Mise en oeuvre de la réforme de la classe de première.

Septembre 2012

Mise en oeuvre de la réforme de la classe de terminale.

Conclusion : Quelles revendications

Le gouvernement a changé de stratégie, mais pas de but. Nous devons faire de même. Les revendications de l’année dernière et des précédents mouvements sont toujours d’actualité et il faut même être offensifs sur la question des moyens, qui est celle qui parle le plus directement et de manière plus évidente à tout le monde. Mais il faut garder en tête que la question centrale est celle de la qualité des diplômes et des enseignements, c’est-à-dire de l’égalité et de la reconnaissance dans le droit du travail. S’il est difficile d’expliquer tous les aspects des annonces, il faut tout de même faire l’effort d’expliquer, sans avoir l’air de donner dans le procès d’intention. Enfin, le cadre de la loi Fillon permet l’autonomie et l’expérimentation locale, ce qui veut dire qu’il n’y aura pas nécessairement de loi en tant que telle : une série de mesures par décrets et circulaires pourrait suffire… C’est notamment ce qui a été sous-entendu au débat du Sénat. Cependant, il faut garder le cap du retrait de la réforme, quelle que soit la forme qu’elle prendra, et donc développer les axes qui nous semblent essentiels :

Non à la réforme Darcos/Chatel du lycée ! Les mêmes diplômes pour tous, de qualité et reconnus sur le marché du travail au niveau national Maintien des épreuves nationales Non au livret de compétences et à toute forme de différenciation des diplômes et des parcours Aucune sélection à l’université, droit de choisir sa filière, abrogation du système Admission post-bac Non à l’autonomie des lycée, pédagogique, administrative ou financière Rétablissement des BEP et du bac pro en 4 ans

Des conditions d’études de qualité ! Arrêt des suppressions de postes, embauche de tous les personnels nécessaires ! Non à la réforme du concours d’accès et de la formation des enseignants ! Un budget à la hauteur des besoins ! Pas plus de 25 élèves par classe, dédoublement des heures de cours en langue

Pas de flicage des lycéens ! Non à la brigade spéciale des lycées, aux portiques de sécurité et à la vidéosurveillance ! Droit de réunion, d’affichage et de publication pour les lycéens, sans contrôle de l’administration ! Droit de grève et de manifestation pour les lycéens ; banalisation des cours les jours de manifestation