Article du n°25 de Révolutionnaires (9 janvier 2025)

La semaine dernière, le député FI de Marseille, Sébastien Delogu, a déclaré qu’il voulait confier la vente de cannabis aux dealers en cas de légalisation. Cette déclaration a fait réagir les Retailleau, Darmanin et autres réactionnaires de bas étage qui sont les partisans de la politique répressive actuelle. Il faut dire que celle-ci cartonne, avec près de 10 000 personnes incarcérées pour consommation ou vente de stupéfiants ! En novembre 2024, les Français étaient les plus gros consommateurs de cannabis (par personne) en Europe, devant les pays où le commerce de cannabis est légalisé… ou en passe de l’être ! La consommation de cannabis totale en France serait passée de 225 tonnes à 360 tonnes en dix ans.

Une hypocrisie sans bornes au profit du contrôle social

 La « guerre contre la drogue » menée successivement par la droite et la gauche n’en est pas une. L’État ne cherche pas à s’en prendre au trafic de drogue – dont les patrons sont de véritables capitalistes – mais à justifier la guerre sociale contre les quartiers pauvres. Sous prétexte de lutte contre les dealers, les flics se permettent de contrôler au faciès jour et nuit les jeunes des quartiers populaires, un véritable harcèlement, sous prétexte que ceux-ci « traînent » dans leur quartier, c’est-à-dire là où ils vivent ! Mais en réalité, l’écrasante majorité (quatre sur cinq) des condamnations concerne les consommateurs et pas les dealers – ou alors, seulement les plus petites mains de cette « industrie ».

Quant à la vraie misère sociale, celle qui entraîne des jeunes à se tourner vers le deal pour « s’en sortir », rien n’est fait. Les quartiers populaires sont doublement victimes. De la violence associée au trafic et de la circulation de drogues destructives d’une part. Des politiques anti-sociales et répressives qui se multiplient depuis des décennies de l’autre : fermeture des MJC (maison des jeunes et de la culture), arrêt du financement d’associations, remplacement des éducateurs spécialisés par des flics, etc. Quant aux jeunes qui pensent échapper à leur condition grâce au trafic, ils sont exploités pour des revenus de misère, en première ligne lors des règlements de compte pour assurer des milliards de profits à de véritables multinationales.

Une politique de santé publique ?

Le tabac ou l’alcool sont des drogues (aujourd’hui) légales qui permettent à des capitalistes tout aussi meurtriers de brasser des milliards en bousillant des vies, à l’image des industriels de l’agro-alimentaire qui saturent leurs produits de sucre… L’alcool tue 50 000 personnes en France tous les ans, de manière totalement publique et légale ! Sans parler des cancers et des problèmes de santé engendrés par l’industrie du tabac qui tue près d’une personne sur quatre. Face à ces drogues légales, les trafiquants de drogues illégales ont de quoi être jaloux, et le paradis qu’une légalisation leur ferait atteindre n’aurait rien d’artificiel. Les habitants des quartiers en butte avec ce trafic n’ont en tout cas rien à attendre, ni de la répression, ni de la légalisation pour améliorer leur sort.

Anatole Biac