« NOS EMPLOIS, PAS LEURS PROFITS » – Exemple d’introduction d’une réunion publique
1 – La crise n’est pas derrière nous, les jeunes et les salariés en payent le prix
Il y a un an, les journaux titraient un monde en crise : par centaines des banques et des entreprises faisaient faillites, les Etats débloquaient des milliards pour sauver les banques et les patrons. En France, le « plan de relance » se chiffrait à 26 milliards d’euros, celui des Etats Unis à 585 milliards de dollars. Aujourd’hui on essaie de nous faire croire que tout ça est derrière nous : ce que fait la une de l’actualité ce sont les « affaires » : Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, Procès Clearstream, Chirac rattrapé par la justice… En réalité, la crise est loin d’être derrière nous, en tout cas pour les jeunes et les salariés qui continuent d’en payer le prix fort : des dizaines de milliers de licenciements ont eu lieu depuis le début de la crise, comme à Goodyear, Molex, New Fabris, Continental, Freescale,… Dans l’automobile, les salariés connaissent des périodes de chômage technique importantes, plusieurs boîtes d’équipementiers ont fermé. Le chômage explose avec près de 9 %. Cette crise sert même de prétexte pour de nouvelles attaques du gouvernement ou de justification pour continuer à mener leurs contre-réformes : santé,… Les jeunes sont touchés violemment par cette crise : chômage, entrée sur le marché de l’emploi. Le taux de chômage des 18-25 ans atteint les 23,5 %, en 2008 il a augmenté de 2,1 points ce qui est 7 fois plus que les autres catégories de salariés. Ce sont 420 000 jeunes chômeurs de moins de 25 ans qui se retrouvent sans aucun minima sociaux. Seuls 38 % des jeunes diplômés en 2008 ont trouvé un emploi. Le salaire moyen mensuel du premier emploi des jeunes s’élève à 1180 euros. Les jeunes occupent 8 fois sur 10 un emploi précaire : CDD, Intérim, Contrats aidés. 38 % des intérimaires ont moins de 25 ans, 58 % moins de 30 ans.
2 – Pourquoi les jeunes sont-ils les premières victimes de la crise ?
Dans ce système, ils sont utilisés comme une variable d’ajustement par les entreprises. Ils occupent très majoritairement des emplois précaires (CDD, Intérim…). Ce sont ces emplois qui sont les premiers supprimés en période moins favorable ou de crise. Depuis le 1er semestre 2009, 29 300 postes d’intérimaires ont été supprimés. La baisse est de 23 % pour les postes d’intérimaires dans l’industrie.
3 – Les solutions du gouvernement
En juillet, le gouvernement a annoncé un plan pour relancer l’emploi des jeunes. Ce plan reprend certaines mesures proposées par Le Livre Vert de Martin Hirsch. En voici les principales mesures :
- Exonération totale des charges pour les entreprises qui recrutent des apprentis
- Une prime de 1800 euros pour l’embauche d’un apprenti dans les entreprises de moins de 50 salariés
- Une prime pouvant aller jusqu’à 2000 euros pour toute embauche d’un jeune de moins de 26 ans en contrat de professionnalisation.
- La création de contrats spécifiques pour les jeunes : contrat Initiative Emploi, contrat accompagnement formation, contrat d’accompagnement vers l’emploi, contrats passerelle.
- Le développement de l’alternance : aujourd’hui 600 000 jeunes sont en alternance. L’objectif du gouvernement est de doubler ce nombre d’ici 2015, ce qui représenterait 1,2 millions de jeunes par an.
- Extension du RSA aux jeunes de moins de 25 ans. En réalité loin d’améliorer la situation des jeunes, le gouvernement utilise ce prétexte pour faire passer de nouvelles attaques contre les jeunes et l’ensemble des salariés. Les solutions ne sont pas nouvelles : contrats toujours plus précaires, exonérations de charges et primes pour les entreprises qui embauchent des jeunes.
- Des contrats spécifiques pour les jeunes : le taux de chômage élevé des jeunes sert de prétexte depuis des dizaines d’année pour casser les droits des salariés, déréglementer le droit du travail. Ces contrats spécifiques permettent d’une part aux entreprises de faire des économies puisque le dispositif le plus rependu est l’exonération de charges ou même la prise en charge d’une partie du salaire par l’Etat, mais ils permettent aussi de soumettre les jeunes salariés à des conditions de travail différentes du reste des salariés. Pour résumer, les jeunes salariés n’ont pas les mêmes droits, ni les mêmes garanties collectives que l’ensemble des salariés. C’est cette même logique qui soutendait le projet de Contrat Première Embauche en 2006 : une période d’essai plus longue que le reste des salariés et la possibilité pour l’employeur de licencier les jeunes sans aucun motif. A l’époque déjà, le motif invoqué était la lutte contre le chômage des jeunes.
- Le développement de l’apprentissage et de l’alternance : cette solution est encore plus avantageuse que les contrats aidés. Les jeunes embauchés en alternance touchent des salaires de misère sous prétexte qu’ils n’ont pas fini leur formation et que l’entreprise joue ce rôle de formateur. Un apprenti qui travaille 35 heures par semaine en entreprise sera rémunéré : 334, 43 euros s’il a moins de 18 ans, 548, 46 euros s’il a moins de 21 ans et 708, 98 euros à partir de 21 ans. Aujourd’hui, ce sont 600 000 jeunes qui travaillent en alternance. Le gouvernement affiche sa volonté de doubler ce nombre d’ici 2015. 50 grandes entreprises ont déjà fait la promesse a Sarkozy de s’engager dans le développement de l’alternance. L’objectif du gouvernement est bien de développer cette main d’œuvre presque gratuite. Un amendement a été proposé par le Sénat à une loi orientation/formation qui propose un « sas » vers la professionnalisation. Des élèves dès 15 ans pourront suivre une formation en alternance visant à leur faire découvrir le monde professionnel avant l’entrée en apprentissage. Cette mesure remettrait donc en cause la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans.
- La déqualification des diplômes : c’est aussi ce taux de chômage des jeunes qui sert de prétexte à une partie de réformes de l’éducation (universités et lycées). L’enjeu pour la classe dirigeante est de transformer le système d’éducation afin qu’il forme une main d’œuvre moins qualifiée, moins chère et avec moins de droit sur le marché du travail. Sur les universités, ça se traduit pour une modification du contenu des diplômes. On voit se développer de manière importante des diplômes professionnels : licence chargé de clientèle Crédit Mutuel, licence produits laitiers, licence Michelin… Le contenu de ces diplômes est adapté aux besoins immédiats des entreprises. En parallèle, on assiste à la fermeture de filières jugées « non rentables » (lettres classiques, histoire de l’art…) ou l’ajout de modules de « découvertes professionnelles » dans les diplômes généraux. Le volume de connaissances générales diminue au profit de stages en entreprise. En même temps, on assiste à une augmentation de la sélection pour accéder à un diplôme élevé de l’enseignement supérieur. L’entrée en master 2 est sélective, seuls 2 % des étudiants y accèdent. Le gouvernement a la volonté d’instaurer cette sélection dès le master 1. Avec la réforme du recrutement et de la formation des enseignants, il faudra maintenant être inscrit en master 2 pour passer les concours. En bref, seule une minorité aura accès à un diplôme offrant de réelles garanties sur le marché du travail, la majorité des étudiants viendra grossir le nombre des salariés précaires et sous payés. Sur les lycées, les derniers projets de réforme visent à orienter de manière plus précoce encore les différents élèves, à individualiser les parcours de formation et casser le bac comme diplôme national ouvrant l’accès à l’enseignement supérieur. C’est la même logique que sur les universités qui est à l’œuvre. Orienter plus tôt les élèves vers des filières professionnelles, développer les partenariats avec le privé et ainsi soumettre le contenu des formations aux besoins immédiats des patrons, individualiser les parcours de formation pour casser les garanties collectives. Même si à cause des réactions qu’elle avait provoquées l’an dernier, le gouvernement à renoncer à appliquer dès maintenant l’intégralité de sa réforme, les annonces de Sarkozy allait tout de même dans ce sens : individualisation des parcours, plus de sélection. Tous les bacs ne donneront plus accès de droit à toutes les filières de l’enseignement supérieur. L’an dernier, le gouvernement a fait passer une réforme dans les lycées professionnels qui supprimait les BEP et transformait le bac pro en 3 ans au lieu de 4 auparavant. La justification avancée était la volonté d’augmenter le niveau de qualification des élèves, en réalité cette mesure ne fait qu’accompagner les suppressions de postes massives de l’éducation nationale : moins de profs donc moins d’heure de cours. Résultat : en cette rentrée des centaines de lycéens n’ont pas de place en lycées pro et se retrouve déscolarisés sans diplôme du tout.
4 – A l’inverse de toutes ces contre-réformes, pour nous un plan d’urgence pour les jeunes serait :
- l’interdiction de tous les contrats précaires, un CDI pour tous
- l’interdiction des licenciements
- l’augmentation de tous les revenus de 300 euros et pas un salaire en dessous de 1500 euros
- un pré-salaire d’autonomie pour tous les jeunes à hauteur du Smic
- une éducation et une formation de qualité pour tous : Abrogation des réformes libérales de l’Education : Loi Fillon dans les lycées, réforme LMD, LRU, Pacte pour la recherche, Réforme dite des IUFM et de la Masterisation, Réforme de l’allocation des moyens… ; un budget à la hauteur des besoins, embauche massive d’enseignant-e-s et de personnels.
5 – Des résistances existent
Malgré les difficultés une envie de se battre existe. Le semestre dernier a connu des luttes exemplaires contre les licenciements dans plusieurs entreprises : Continental, Molex, Goodyear, Freescale, … séquestrations de patrons, menace de faire exploser l’usine : les salariés n’étaient pas prêts à payer une crise qui n’est pas la leur. Dans la jeunesse aussi des résistances : mouvement lycéens contre la réforme qui oblige le gouvernement à reculer la mise en place de la réforme. Ils flippent d’ailleurs encore d’un nouvel embrasement en proposant cette année une réforme en retrait de ses projets. Sur les universités mouvement de 4 mois. La lutte contre la privatisation de la Poste a rencontré un écho populaire et maintenant les salariés de la Poste discute sérieusement de se mettre en grève reconductible. Pourtant, malgré cette combativité, les luttes ont du mal à remporter des victoires. L’an dernier 29 janvier, 19 mars mais les directions syndicales et réformistes refusent de faire converger les résistances et d’appeler à des grèves reconductibles. Refusent de prendre des initiatives pour faire converger les différentes boîtes en lutte contre les licenciements. C’est pourtant de ça dont nous avons besoin pour remporter des victoires : y aller tous ensemble et faire céder le gouvernement.
6 – Le problème c’est le capitalisme : organisons-nous pour le renverser
Cette crise et ces attaques ne sont pas le fruit du hasard, ni la responsabilité de quelques patrons peu responsables. C’est le capitalisme lui-même qui engendre ces crises. Un système qui marche sur la tête dans lequel seule une minorité de capitalistes possèdent les richesses et le pouvoir. Un système qui est basé sur la recherche du profit maximum au dépend des besoins de la majorité de la population. Un système qui pour faire toujours plus de profit est prêt à détruire la planète, à détruire des dizaines de tonnes de nourriture alors que des populations meurent de faim. Un système qui provoque des guerres aux 4 coins de la planète. Un système d’une violence inouïe : des familles entières se retrouvent du jour au lendemain sans emploi, des conditions de travail qui pousse au suicide plusieurs milliers de personnes… Des capitalistes qui s’organisent pour protéger leurs intérêts : on l’a vu, les Etats ont été prêts à débloquer plusieurs milliards d’euros et de dollars pour sauver les banques et les entreprises alors que pour nous il faut toujours plus se serrer la ceinture : certains médicaments ne sont plus remboursés à cause du trou de la sécu, on supprime des profs parce qu’il n’y a plus d’argent… C’est bien au cœur de ce système qu’il faut s’attaquer : il faut en finir avec le capitalisme et construire une autre société où ce seraient la majorité de la population, les salariés qui dirigeraient, qui pourraient décider eux-mêmes de l’organisation de la société, de la production, de la répartition des richesses. Une société où on produirait en fonction des besoins et non des profits, en protégeant la planète. C’est le projet que s’est fixé le NPA : renverser le capitalisme et construire le socialisme du 21ème siècle. Pour ça, il est évident que seules des luttes d’ampleurs réussiront à arracher le pouvoir à la classe dirigeante actuelle. Pour ça, il y a besoin de s’organiser. Seul c’est impossible de résister face à ce système. Quand nous sommes en ordre dispersé, nous ne parvenons même pas à repousser les attaques contre nos acquis. Le projet du NPA est de regrouper tous ceux qui veulent en finir avec ce système, tous ceux qui en ont marre de résister au coup par coup aux attaques de la classe dirigeante mais veulent s’organiser sur la durée. Le NPA cherche aussi à regrouper tous les militants qui dans les luttes veulent défendre une orientation qui permette aux luttes de remporter des victoires, les militants qui veulent se battre pour l’extension, la coordination des luttes, pour aller vers la grève générale. Dès maintenant, des dates existent qui doivent nous servir de point d’appui pour construire ces mobilisations. Dans l’éducation : 17 et 24 novembre : se battre contre la réforme du lycée. Il faut mettre la sauce : appeler à des AG sur les lycées et tenter de faire débrayer les bahuts. Le 28 novembre manifestation nationale contre la privatisation de la Poste. Aujourd’hui c’est une grève reconductible qui se prépare dans ce secteur. Vu l’écho qu’a rencontré la votation citoyenne, il est possible que cette question face changer le climat social. Le 5 décembre, se dérouleront aussi des marches contre le chômage et la précarité que nous devons aussi préparer…